1. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère.

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Je berçais tendrement Louise dans mes bras, l'observant dormir avec une tendresse toute maternelle. Louis était parti alors que les premiers rayons du soleil se levaient, et il m'avait laissé un baiser accompagné d'un collier serti de précieux saphirs enchâssés dans une parure d'argent. Je ne parvenais pas encore à réaliser ce que je venais d'accepter. Être sa favorite officielle signifiait bien plus qu'un simple titre. Il s'agissait de parader à son bras, d'être couverte de présents tous plus luxueux les uns que les autres, d'être vue comme un appui au sein de la Cour, de recevoir les faveurs des courtisans qui n'avaient pas hésiter à médire de moi quelques jours plus tôt... Le monde d'hypocrisie qu'était la Cour serait mon soutien, mais également mon ennemi. Les femmes jalouseraient ma position et feraient tout pour me faire tomber afin de prendre ma place, il y aurait de nouvelles rumeurs de lancées, on chercherait à me discréditer, à m'évincer... Etais-je prête à vivre cela, à l'endurer et à le dépasser ? Je n'en savais rien. Mais je savais au moins une chose : je ne serais pas seule. Geoffroy serait là, ainsi que Gabriel, et j'aurais le soutien de Louis, qui était le plus puissant d'entre tous.

La porte s'ouvrit doucement sur Lison, qui afficha un air surpris en me voyant réveillée. Elle referma doucement le battant avant de s'avancer vers moi en lissant sa robe de toile :

« - Mademoiselle Charlotte, que faîtes-vous déjà réveillée ?

- Lison... Le roi est venu cette nuit. »

Aussitôt, elle adopta un visage agacé et croisa farouchement les bras :

« - Comment a-t-il osé venir vous voir, de plus en pleine nuit ? N'a-t-il pas déjà fait assez de mal comme ça ?

- Il s'est agenouillé devant moi Lison... Et il m'a demandé d'être sa favorite officielle... »

Sa bouche s'entrouvrit de surprise. Je serrai Louise contre moi, soudainement inquiète de la réaction de ma gouvernante. Et si elle refusait que je retourne à la Cour ? Lison soupira avant de s'asseoir sur le rebord du lit, son regard posé sur moi :

« - Mon enfant... Je ne peux pas vous empêcher d'y aller. Mais je veux vous savoir sûre de votre choix. Ce n'est pas une décision à prendre à la légère. »

Je posai mon regard sur le visage paisiblement endormi de ma fille avec un soupir. Je le savais bien, mais... Voir Louis à genoux devant moi et si désireux de m'avoir à ses côtés n'était pas chose que l'on oubliait facilement. Je caressai doucement le nez de Louise avant de lever un regard hésitant sur Lison :

« - Je ne sais pas si j'en suis vraiment sûre mais... Si tu avais vu combien il était attristé, combien il était suppliant... Je sais qu'il m'a fait souffrir par le passé mais... Oh Lison, je l'aime tellement ! »

Ma gouvernante eut un regard compréhensif pour moi avant de se rapprocher de moi pour caresser mes cheveux :

« - Je sais à quel point l'amour peut être compliqué... Je vous conseille de prendre un moment pour y réfléchir sereinement. Rien ne vous presse, il est important que vous fassiez le bon choix. Le roi peut bien vous attendre encore un peu. L'important est que vous soyez heureuse mademoiselle Charlotte. »

J'acquiesçai lentement en berçant Louise avec tendresse. Lison avait raison, la situation méritait plus ample réflexion. Alors j'eus un sourire de remerciements pour ma gouvernante :

« - Merci pour tes conseils Lison... Je vais prendre le temps d'en parler avec Geoffroy quand il reviendra.

- Je pense que c'est le mieux à faire. Son ton devint plus léger. Voulez-vous que je vous prépare un bain ? Cela vous permettrait de vous détendre.

Deux sœurs pour un roi (Tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant