Prologue

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Moyana

Qu'est-ce que le bonheur ? Vous êtes-vous déjà posé la question ? D'après le prof de philo, c'est un état que l'on atteint en réalisant nos désirs. Une sorte d'ataraxie de l'âme, un repos émotionnel, une situation de stabilité des sentiments après une quête intense. Pas de bouleversement, non, juste du calme, un champ mental de neige immaculée.

Un « tout va bien » psychologique.

Tout cela ne sont que des théories philosophiques. Inatteignables. Pour moi, ce n'est même pas concevable. À mon contact, la neige fond immédiatement. La quiétude ne fait pas partie de mon quotidien, je vis continuellement sur les nerfs, anxieuse des moindres faits et gestes des personnes de mon entourage.

Je doute de tout, et surtout de grandir. Je vois le temps s'écouler, j'en vois les marques autour de moi, et cela me broie l'estomac. J'ai terriblement peur de m'éloigner de l'époque insouciante de l'adolescence, là où je me cachais dans l'ombre de mon jumeau. Là où je chantais pour exorciser les émotions qui me rongeaient le cœur. Ce que je ne savais pas, à l'époque, c'est que ces douleurs passagères n'étaient que des piqûres, de légères éraflures.  

Maintenant, je ressens pleinement le sens du mot « douleur ». J'ai compris que la souffrance ne tiraillait pas seulement mon corps, mais encore davantage mon esprit. J'ai compris que je pouvais hurler à m'en décoller les poumons, je n'aurais pas toujours de mère qui se précipiterait pour me réconforter. J'ai compris que j'étais seule, qu'il fallait à la fois apprendre à m'aimer, et apprendre à gérer toute cette torture quotidienne. 

Je n'ai pour l'instant fait que le comprendre. Je suis encore trop déchirée par l'existence que je tente de construire pour me concentrer sur l'acceptation ou le chagrin qui me hante. Une chose à la fois, je ne peux pas encore me préoccuper d'autre chose que de survivre, et me préparer à grandir. À changer. À prendre mes responsabilités. 

Tous les soirs, je lutte pour ne pas me réfugier auprès de celui qui me complète, mon frère. Tous les soirs, je lutte pour ne pas ressortir de vieilles partitions et aller à la rencontre des notes qui autrefois m'apportaient calme et sécurité. Je me bats contre mes rêves, je me noie dans mes cauchemars, et surtout, je ne chante plus. 

Alors, le bonheur, ce n'est vraiment pas dans mes préoccupations. Loin de là. L'étudier en dissertation, c'est compliqué, parce que cela entraîne une remise en question. Il faut que je comprenne le sujet, que je me l'approprie, que la définition me paraisse limpide. Mais moi, je bloque dès l'énoncé, je peine à comprendre ses implications, surtout dans le chaos qu'est devenu ma vie. Je conçois à peine le désir. 

Et comment ressentir du bonheur lorsqu'on n'a même pas de désir ? J'en ai eu. Ils m'ont emplie de peur, d'excitation, de toutes ces choses qui accompagnent une flamme nouvelle.

Et puis ils se sont envolés.

À jamais.

Hello !

¤   Me revoilà avec une nouvelle histoire, dont je ne suis pas du tout sûre. Pour la première fois, je doute vraiment de ses qualités, car je ne sais pas moi-même si elle me plaît. J'ai l'impression qu'il y a davantage de réflexions que de poésie, et je ne sais pas si cela me convient ou non. En tout cas, j'ai hâte d'avoir vos retours dessus !

¤   J'ai longuement hésité entre deux catégories, la romance et les romans pour adolescents. En effet, c'est avant tout une romance, mais saupoudrée de réflexions sur le fait de grandir, ce qui correspond, selon moi, à ce qui est destiné aux adolescents. Étant donné qu'il y aura sûrement des scènes à caractère sexuel, je l'ai finalement placée en romance, mais vous êtes prévenus qu'un des thème récurrent sera "grandir" !

¤   Un grand merci à -apyre pour la couverture !



taciturne éternel  | Sous contrat d'édition chez Cherry Publishing |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant