Chapitre 2 : "C" pour Cassiopé.

4 2 0
                                    

Le soleil de juin tapait sur l'école de Mill City. Les examens n'étaient pas encore là mais les révisions indiquaient qu'ils ne tarderaient plus. Trois silhouettes courraient l'une derrière l'autre, offrant un spectacle étrange à qui le regarderait.

Charlotte commençait sérieusement à fatiguer. Ça devait faire au moins dix minutes qu'elle poursuivait Estelle, Monsieur Lecross sur les talons. Elle l'avait dépassé : il se trainait plus qu'il ne courrait.

Estelle cherchait clairement à semer ses poursuivants, car elle tournait en rond. Charlotte ne comprenait pas le comportement de son amie et espérait vraiment qu'elle lui expliquerait la situation. Au départ, elle avait pensé qu'Estelle s'était levée pour vomir aux toilettes. Alors, quand elles avaient dépassés les sanitaires, cette hypothèse était tombée à l'eau.

En tout cas, Charlotte cessa de courir et reprit son souffle. Elle se dit qu'elle devait laisser libre Estelle et qu'elle ne pouvait pas la suivre comme cela, ce n'était peut-être même pas important.

Elle se retourna face au professeur qui faillit la percuter mais réussit à s'arrêter à temps.

-C'est curieux, il n'est même pas essoufflé ! Se dit Charlotte. Sûrement à cause de son rythme mollasson ! Se moqua-t-elle, prête à en découdre avec son professeur.

Pourquoi avait-il suivi Estelle ? Franchement, Charlotte ne trouvait pas normal de poursuivre ainsi une de ses élèves. Elle se dit qu'elle ne pouvait pas le laisser continuer ainsi, par principe.

-Mademoiselle Carter, je vous prie de m'expliquer la situation ou de retourner en classe, tonna Lecross, en se contorsionnant pour voir derrière son élève.

-Stop ! Elle lui barra la route.

Se préparant à recevoir un savon d'enfer, l'étudiante se dit qu'au moins elle gagnait du temps pour Estelle. Mais au lieu de la réprimander, le professeur lui fit un sourire carnassier garni de dents pointues. Tiens, ce n'était pas le genre de monsieur Lecross...Il l'effraya même un peu. Son professeur se rapprocha, menaçant.

-Quelle insolence ! Venant d'une stupide humaine en plus ! Sa voix s'était faite plus grave, plus gutturale et son haleine fétide.

Charlotte n'en crut pas ses yeux : la chose qui venait de parler avait perdu toute apparence humaine.

Sa silhouette se métamorphosait, les os de ses bras et jambes s'allongeaient, se tordaient dans des angles improbables. Sa peau devint noire, se fit rugueuse et ses yeux virèrent au rouge, semblables à des billes mates. Un rouge sang, dénué de reflet, qui terrifia Charlotte. Celle-ci aperçut de longues griffes aiguisées pousser sur ce qui, auparavant ressemblait à des mains humaines ; ne restait plus que trois « doigts », si on pouvait toujours les appeler ainsi et quelques écailles sombres y étaient apparues. Il s'était transformé en une bête hideuse.

Charlotte cligna frénétiquement des yeux, croyant cauchemarder, avant de hurler. La jeune fille terrifiée prit ses jambes à son cou, libérée de son état d'épouvante. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer mais avait su qu'elle devait fuir au moment où les yeux du prédateur s'étaient posés sur elle.

Charlotte se retrouva à la bibliothèque devant les étagères remplies de livres en mauvais état. Elle ne réfléchissait plus, son instinct de survie avait pris le relais sur la raison. Il n'y avait qu'une chose qui comptait : fuir, loin, très loin de la bête.

Mais malheureusement pour Charlotte, le monstre courait bien plus vite qu'elle. Son corps désarticulé, bloquait la sortie. Il sauta au plafond tel un reptile, se laissa tomber sur l'adolescente avant de lui asséner un coup sur la tête assez puissant pour la faire s'évanouir.

Elenaria: Les OriginesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant