Tome 1 : Héritage - Chapitre 1

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Succession


— La reine est morte ! La reine morte !

— Vite ! Qu'on appelle le Grand Conseiller Mekhet ! Qu'il vienne au plus vite, c'est urgent !

— Pauvre reine ! Enfin un peu de soulagement après des semaines d'agonie.

— Surveillez vos paroles ! Cela ne présage rien de bon. C'est toute la lignée Bel'Azal qui s'éteint. Il n'y a personne pour reprendre la succession. Alberial s'apprête à vivre de bien sombres jours.

— Mais la reine Abidia n'a-t-elle pas laissé un fils ?

— Le prince est un homme, il n'a aucune légitimité à monter sur le trône.

— Peuh ! Il n'a qu'un paquet en plus entre les jambes. Avez-vous seulement vu son visage ? Ce n'est pas pour rien que le roi l'a fait élever au sein du sérail. Ce petit monstre s'habillerait en robe qu'on y verrait que du feu !

— Il reste un homme, quoi qu'on veuille bien en penser.

— Dans ce cas, je me demande comment le Conseil va régler cette affaire de succession.

— Le prince Ceylan pourrait bien perdre son titre et ses droits au profit de la mise en place d'une nouvelle dynastie.

— Alors, tout ce que nous connaissons pourrait bien changer. Prions pour que les augures nous servent favorablement.

* * *

Dix jours plus tard —

— Grand Conseiller Mekhet, voilà cinq jours que nous délibérons. Il est temps que cela cesse. Alberial ne peut rester avec un trône vacant. Vous avez recueilli toutes nos propositions et nos doléances, vous devez statuer.

Mekhet baissa les yeux sur la pile de parchemins entassés devant lui, la sueur au front. Après maintes et maintes réflexions, rien de ce qui lui avait été soumis ne lui convenait. Ce n'était pourtant pas les idées qui manquaient. Certains songeaient à donner le pouvoir à la concubine la plus méritante, d'autres à la plus belle, ou à la plus ancienne. Quelques-uns avaient envisagé un moyen de les départager allant du simple concours à l'élection. Une autre solution avancée avait été de choisir une nouvelle reine au cours d'une sélection à travers tout le royaume. La remise en cause du matriarcat avait aussi été considérée, proposant de faire de Ceylan le roi légitime. Seulement, de nombreux points à son encontre pesaient lourd dans la balance, au grand dam du Grand Conseiller.

Mekhet refusait que le pouvoir passe entre des mains inconnues, cela éliminait donc l'option de choisir parmi le peuple, mais il ne voulait pas non plus d'une femme manquant de qualifications, ce qu'étaient les concubines. À ses yeux, elles n'étaient que des maîtresses trop gâtées par une vie de luxe et de concupiscence, n'ayant jamais eu de responsabilités à prendre. A contrario, le prince Ceylan répondait à tous les critères. Il était de sang royal et conscient du fardeau qu'avait porté sa mère durant toutes ses années de règne, surtout depuis la mort de son époux, dix ans plus tôt. Sa seule tare était de porter des bijoux en trop. Pour le reste, il avait tout ce qu'il fallait : une beauté à couper le souffle, un corps fin et délicat, une prestance et une grâce à nulle autre pareille, et une intelligence hors du commun. Le tout, accompagné de valeurs fortes et d'un cœur en or. C'était lui qu'il voulait voir accéder au pouvoir, mais il devait tenir compte des oppositions. Mekhet n'ignorait rien des termes peu élogieux utilisés pour le décrire. Un homme à visage de femme ; une aberration de la nature ; un enfant raté. Le prince Ceylan était androgyne, mais qu'y pouvait-il ? Devait-il pour autant en payer le prix ?

Djinns ( Boy's Love / MxM )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant