Moi vs les professionnels

20 5 5
                                    


Je viens de me rendre compte que dans les titres de parties je mettais « Moi » en premier. Plus égoïste tu meurs... Mais trop tard, au moins on va dire que ça donne un petit style (j'essaie de rattraper chut).

Dans cette histoire, j'ai débarqué direct avec le terme « néophobie alimentaire ». Je n'ai pas eu droit à cette étiquette dès le début pourtant, je ne sais à vrai dire même pas si j'y suis vraiment parvenue au final. L'idée, c'est de vous montrer ici comment divers professionnels m'ont petit à petit aidée, ou pas du tout, à en apprendre plus sur mon problème. Il faut savoir que j'ai été trimballée chez pas mal de psychologues, mais il y en a dont je me souviens à peine, et d'autres qui m'ont beaucoup plus marquée. A commencer par la première, et autant vous dire qu'elle ne m'a pas du tout plu !

Je ne sais pas si elle était au fond bonne psychologue. En tout cas, elle ne m'a pas du tout prise au sérieux, peut-être parce qu'elle n'avait jamais vu de cas pareil, ou peut-être, comme je le pense, parce que j'étais une enfant ; je devais avoir entre 3 et 5 ans à l'époque. Elle croyait sûrement que je n'avais aucune motivation, et a mis en place un système de tableau. Je mettais une gommette dans une case dès que je goûtais quelque chose et avais droit à un cadeau à la fin. Autant vous dire que ça n'a pas marché. Pas du tout marché. C'était plus humiliant qu'autre chose...

Je ne sais pas trop où les caser, mais les deux femmes (chacune à mi-temps) qui sont mes médecins de famille ont toujours accepté le problème tel qu'il était. Le principal était pour elles que ma santé par ailleurs n'en soit pas dégradée et c'était le cas, je prenais des vitamines en plus et ça semblait suffisant. Je ne sais pas si elles auraient dû faire plus ou pas. D'un côté, plus jeune j'étais orientée vers les bons psychologues et mieux c'était, et d'un autre côté, j'étais vraiment soulagée qu'au moins deux personnes me laissent faire ma vie sans m'embêter avec ça (comprenez, j'étais consciente du problème, mais l'impression que tout le monde est contre soi n'est pas franchement agréable, de même que faire des efforts pour améliorer les choses. J'en avais envie, mais ça n'en était pas moins dur !). Je tiens à préciser cependant, que la néophobie alimentaire n'est pas anodine. Une alimentation totalement déséquilibrée a réellement des conséquences sur la santé et il ne faut pas prendre cela à la légère. J'ai eu de la chance pour l'instant, mais cela n'empêche pas le fait qu'un jour, je subirai peut-être les conséquences de mon alimentation. Il ne faut pas hésiter à aller chercher de l'aide !

Je ne sais plus si je l'ai eue juste après Mme Gommette ou plus tard, mais j'ai eu par la suite une excellente psychologue. C'est elle la première qui a parlé de phobie alimentaire à mon sujet. Elle avait bien cerné le fait que mon comportement reflétait en fait une volonté de contrôle. J'ai beaucoup de gratitude envers elle, qui m'a réellement écoutée.

Ensuite, au collège, j'ai commencé en quatrième à prendre un repas par semaine à la cantine, j'en avais marre d'être exclue des autres en passant la plus longue pause de la journée chez moi. L'infirmière de mon collège était vraiment absolument géniale, vraiment là pour aider les élèves. Grâce à elle, j'ai pu à la cantine demander à n'avoir qu'une partie du plat quand il y avait quelque chose que j'aimais par exemple. Enfin, j'ai l'habitude de tout le temps utiliser le terme aimer, mais je parle des aliments que je pouvais manger. A nouveau, se sentir respectée fait du bien.

Enfin bref, le temps a passé et j'ai encore eu deux expériences marquantes à ce sujet et une psychologue aidante. La première expérience, elle n'est pas vraiment professionnelle, mais je ne vois pas vraiment d'autre endroit où en parler. Il s'agit du merveilleux outil nommé... Internet. Au collège, je me suis souvenue à nouveau de ce terme qu'avait employé la super psychologue : phobie alimentaire. Quelques recherches après, je tombais sur un site entièrement dédié à la phobie alimentaire, écrit par une maman, vraiment intéressant. Je me suis immédiatement reconnue et c'est là que j'ai pu ajouté le préfixe néo- au nom de mon trouble. Le site était vraiment bien fait, et je voyais plein de commentaires de gens qui disaient qu'eux aussi étaient comme ça et... Bon sang, je ne saurais pas l'expliquer, mais ça fait un bien fou. Savoir que d'autres personnes se sentaient comme moi, vivaient les mêmes choses, ça m'a vraiment aidée alors que je me sentais si malheureusement différente. Je ne remercierai jamais assez cette maman pour avoir fait la démarche d'écrire ça, avec tout le travail qu'il y avait derrière. C'est aussi au souvenir de ces minutes pendant lesquelles j'ai découvert son site que j'ai décidé d'écrire ce que j'écris maintenant. Parce que rien que pour ça, ça en vaut la peine.

La deuxième expérience a tout simplement été une hypnothérapeuthe. Mais pour expliquer comment elle m'a aidée, je dois d'abord vous parler de tout ce que j'ai découvert avec ma psychologue actuelle par rapport à ma psychologie et ce qui m'a poussée à développer cette fameuse néophobie alimentaire. Bon c'est un peu compliqué, mais en gros, à mes dix-huit mois, j'ai déménagé. A l'époque, mes parents étaient toujours ensemble, principalement pour ma soeur et moi, mais ne s'aimaient plus. Le foyer était souvent rythmé par des disputes assez violentes, et particulièrement avec un changement comme un déménagement. Étant enfant, ne comprenant rien et ayant besoin de la quasi-constante présence d'un adulte avec moi, j'ai malheureusement souvent assisté à ce genre de dispute directement depuis les bras de ma mère. C'était vraiment violent, et plein de rage. La théorie (rien n'est jamais sûr à 100% mais c'est vraiment très probable) est que, jeune enfant, je n'avais pas beaucoup de pouvoir pour échapper à ces émotions négatives qui déferlaient sur moi et j'ai inconsciemment agi sur la seule chose que je contrôlais, pour empêcher la violence de l'extérieur de m'atteindre : la nourriture. Mon seul territoire de contrôle auquel j'avais besoin de me raccrocher. Alors bon, ça mène à des trucs ridicules du style moi ayant peur d'un petit pois, mais c'est ce que j'ai trouvé. Il y a plein d'autres choses qui y sont liées ; je suis effrayée par l'intrusion dans mon corps en général, avec les aiguilles, les opérations, mais aussi les maladies qui me terrorisent. J'ai beaucoup progressé sur ces dernières, mais il est arrivé que je passe des nuits et des nuits en pleurs à l'idée que j'avais forcément un cancer alors que, ben, pas du tout. C'est vraiment nul comme attitude, avoir peur du vide au lieu de profiter de ce qu'on a, mais je n'y pouvais rien. Un autre exemple tout bête, j'ai en horreur la fumée de cigarette, je me sens méga mal quand je dois en respirer ; après tout elle pénètre mon corps aussi. A côté de ça, je m'en fiche d'être égratignée ou quoi, il n'y a vraiment pas de vraie logique, c'est juste comme ça que mes peurs ont pris racine, dans un besoin de protection. Enfin voilà !

Juste une petite parenthèse, je ne voudrais surtout pas que mes paroles soient mal interprétées : non, les parents ne sont pas forcément responsables de la néophobie alimentaire ou de quoi que ce soit d'autre, l'être humain est super compliqué et il peut y avoir tout un tas de causes !

Bon, maintenant, j'en reviens finalement à l'hypnothérapeuthe que j'ai été voir. Elle m'a aidée à lâcher prise, tout simplement. Je ne pense pas que l'hypnose en elle-même m'ait le plus aidée, il s'agit surtout de ce qu'elle m'a dit. Elle a exprimé des choses que je ne pensais pas avoir besoin d'entendre, et pourtant ! Elle m'a dit entre autres que j'avais le droit de ressentir ce que je ressentais, d'avoir fait les choix que j'avais fait (là, ça touche à mon histoire personnelle que je préfère ne pas développer), disons qu'elle était la première personne à me dire que, eh, j'avais le droit d'aller bien.

Pourquoi j'ai peur des petits poisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant