Moi vs les aliments

34 6 2
                                    


    Tout a commencé (attention début de phrase tapageur) à mes dix-huit mois. L'histoire est assez vague, mais je suis tombée malade et après un vaccin, j'ai dû m'alimenter uniquement à base de liquides avant de reprendre une alimentation normale. Sachez que ni la maladie ni le vaccin était en cause, ma néophobie est bien un tca (Trouble du Comportement Alimentaire) d'origine psychologique (je développerai cet aspect dans une partie suivante, sinon là je vais me perdre).

    Le problème, c'est que je n'ai jamais repris une alimentation normale. J'en suis venue à me nourrir quasiment exclusivement de féculents, et pas n'importe lesquels. J'avais comme des cycles, pendant quelques mois je n'avais qu'un, ou plus généralement deux repas (un le midi et un le soir) ; ça tournait à peu près entre pommes noisettes, pâtes, semoule et blé. Mes exceptions étaient uniquement les pistaches, le chocolat, le gâteau et les yaourts au chocolat par périodes, ainsi que le jus de pomme et le jus d'ananas. Rien d'autre. Et encore, j'avais (j'ai toujours d'ailleurs), un goût et un odorat très développés, et je n'acceptais pas tout ; par exemple, un seul type de pâtes, une seule marque de pomme noisettes et toujours dans le même four, autrement ce n'était pas pareil. Anecdote, ma grand-mère avait même essayé de mettre des glaces au chocolat d'une autre marque dans les emballages de la marque habituelle, ça n'avait pas marché, après avoir goûté j'avais refusé de manger ma glace !

  Et pourquoi me diriez-vous ? C'est très difficile à expliquer, évidemment. Disons que la seule idée de manger un autre aliment provoquait un tourbillon d'émotions extrêmement puissant : principalement de la panique, beaucoup de rejet aussi, un rejet inexpliqué. J'avais également un profond dégoût, qui me donnait envie de pleurer. Tout mon corps me criait que ces aliments étaient un danger.

    J'ai oublié de le préciser, mais cela allait bien au-delà de la simple ingestion : jamais je n'aurais pu toucher par exemple un aliment « non-approuvé ». Jamais je n'aurais pu manger une pâte qui avait touché un haricot vert, ni même une pâte qui avait été touchée par une cuillère qui avait aussi touché un haricot vert ! J'espère que vous ne trouvez pas ça trop ridicule. A mes yeux, la pâte était contaminée, je n'ai pas d'autre mot, quoique, souillée va aussi. La pensée qu'elle avait été touchée devenait obsédante, elle était devenue ennemie aussi. Oui, je pense que le mot ennemie colle plus au ressenti que le mot danger, comme si elle me voulait du mal. Là où je dis que c'est difficile à expliquer, c'est que déjà, j'ai envie de me contredire ; ça sonne faux au final. Voyez, je ne considérais pas vraiment la pâte comme une ennemie, je ne pensais pas aux aliments comme un danger, l'idée est que mes émotions étaient les mêmes face aux aliments que si les aliments étaient des ennemis. Je ne sais pas si vous suivez... J'espère en tout cas. Outre le toucher, même les odeurs trop fortes étaient insupportables : je ne pouvais pas rester à une table où l'on mangeait du fromage, je fuyais automatiquement, ça me donnait envie de vomir, et même, j'avais le sentiment de devoir fuir. Il ne fallait pas non plus que des aliments trop dégoûtants soient trop proches de moi, ils en devenaient comme menaçants. Oui, j'avais peur. Vraiment, vraiment, peur. Je ne sais pas si tout le monde a vraiment déjà vécu la vraie peur (enfin je suppose, mais qui sait ?), cette peur qui semble plus puissante que n'importe quoi d'autre, eh bien, dites vous que moi, j'avais peur des petits pois.

    J'ai essayé dans cette partie de décrire les effets de ma néophobie, j'espère les avoir décrits au mieux, n'hésitez pas à poser des questions ! Vous avez peut-être aussi remarqué que j'ai écrit à l'imparfait ; alors non, à 16 ans, je ne suis toujours pas débarrassée , mais tout n'est plus vrai ! Je ferai une partie sur mon évolution normalement !

Pourquoi j'ai peur des petits poisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant