Prologue.

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L'aube pointait quand le cavalier s'engouffra dans la forêt d'Alféya, son superbe cheval noir de jais, galopant à une cadence régulière. Ils continuèrent ainsi sur le sentier un moment, puis le quittèrent.

Ils slalomèrent entre arbres et arbustes, sautant fossés, petits ruisseaux, troncs d'arbres, et tout obstacle se trouvant sur leur chemin, toujours sans changer de rythme.

Ils débouchèrent enfin dans une petite clairière et stoppèrent au pied d'un pic rocheux que la végétation recouvrait en cascade. Le cavalier portait une cape à capuchon noire, ample, finement brodée d'or qui flottait autour de lui et de sa monture, au rythme de leurs mouvements.

Son visage était caché par l'immense capuchon. Son cheval était lui aussi très luxueusement harnaché des mêmes broderies dorées que la cape de son cavalier.

Soudain, l'étalon se cabra. Le cavalier brandit alors une épée finement ciselée et soigneusement ouvragée de décorations splendides. Dans un bruissement léger, le rideau végétal formé de lierres et de clématites s'écarta, laissant place à une petite cavité sombre sur la paroi rocheuse.

Tandis que le cavalier remettait son arme dans son fourreau, lui aussi magnifiquement embelli, le destrier se remit à avancer au pas en direction de la grotte.

À peine furent-ils entrés que l'écran végétal se referma derrière eux, laissant la clairière indemne de tout passage, comme s'ils n'étaient jamais passés.

Le cavalier avait chevauché toute la nuit. Il était éreinté mais content d'être enfin arrivé à destination. Il immobilisa sa monture et mit pied à terre.

La caverne où il se trouvait, était toute petite. Seules des mousses recouvraient parois et roches. Aucune lumière ne filtrait de l'extérieur. Pourtant, il y faisait clair. Mais ce qui était le plus surprenant, c'est que la lumière semblait provenir des parois et des mousses elles-mêmes.

Il caressa son compagnon de route pour le remercier de ses efforts et s'avança. Il mit sa main gantée contre le mur du fond. Un grondement sourd se fit entendre. La paroi s'ouvrit alors laissant entrevoir un paysage grandiose.

Derrière l'ouverture qui venait d'apparaître, se trouvait un joli pont suspendu fait de bois, de cordages et couvert de plantes rampantes multicolores et chatoyantes.

Au bout du pont trônaient deux superbes sculptures de licornes ailées qui paraissaient réelles. Cabrant, les ailes déployées, elles se faisaient face majestueusement, formant une arche terminée en son milieu par une énorme corne d'abondance débordant de fruits et légumes bien mûrs.

Cette dernière était calée sur les antérieurs des deux animaux. Les statues étaient en cristal et avaient les couleurs de l'améthyste. La corne d'abondance, elle, était en cristal blanc, mais les fruits et légumes, eux, semblaient bien réels.

Sur les socles de cristal blancs qui soutenaient les deux licornes ailées, rampaient les mêmes espèces de plantes qui couraient le long du pont.

Au bout de la passerelle, il y avait un petit sentier sinueux qui se perdait dans une forêt luxuriante. Mais lorsque l'on regardait par dessus le pont, on découvrait que l'on était suspendu dans les airs.

En observant de plus près encore, on s'apercevait en fait que la forêt était située sur un îlot flottant dans les airs. En relevant la tête, on remarquait que d'autres îles suspendues montaient en spirale vers le ciel jusqu'à perte de vue.

Certaines étaient reliées part des ponts ou des cascades splendides. D'autres étaient apparement isolées. D'autres encore paraissaient minuscules mais d'autres gigantesques, tandis que beaucoup d'entre elles se trouvaient en contrebas de l'îlot du cavalier, formant le bas de la spirale.

Celles que l'on pouvait entrevoir avaient l'air toutes différentes de par leurs formes, leurs tailles et leurs biotopes. Des multitudes d'espèces animales virevoltaient autour et au-dessus de celles-ci. C'était vraiment magnifique. La luminosité qui régnait, accentuant encore un peu plus la majestueuse beauté des lieux.

Le cavalier et son fidèle coursier sortirent de la grotte qui se referma derrière eux, comme à leur entrée, ne laissant là encore aucune trace ni de quelconque ouverture sur la paroi.

À leur gauche, se trouvait une petite source d'eau sortant de la roche, qui formait une sorte de petite fontaine en pierre, recouverte en partie de jolies fleurs très colorées.

L'animal s'y abreuva. Son harnachement disparut. De magnifiques ailes noires apparurent à la pointe de ses épaules. Une corne noire jaillit au milieu de son front.

Lorsqu'il se retourna vers le cavalier, il tendit sa musculeuse encolure pourvue d'une très longue et abondante crinière, noire elle aussi, et offrit sa tête afin qu'il le caresse.

Ce dernier lui frotta avec délicatesse le chanfrein, juste sous la corne pour finir par lui enlacer tendrement l'encolure. La licorne ailée émit un petit hennissement de contentement et s'élança dans les cieux.

Le cavalier la suivit du regard jusqu'à ce qu'il ne puisse plus l'apercevoir. Alors qu'il s'apprêtait à traverser le pont, une vieille femme apparut devant lui.

- L'heure est venue. Prépare-toi. Retrouve-les et ramène-les. Leur temps est compté.

Les Jardins d'Epona. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant