Alaric pénétra à l'intérieur de la chaumière. La mère de Kiran faisait cuire des œufs et des tranches de lard dans une grande poêle en cuivre. Ça sentait si bon et les victuailles déposées sur la table étaient si appétissantes qu'il était heureux d'être arrivé à temps pour le déjeuner matinal.
Il adorait l'excellente cuisine de la mère de Kiran et en grand gourmand qu'il était, il ne manquait jamais une occasion de partager un de ses succulents repas. Il salua la maîtresse de maison:
- Heureux de te voir Alanéa ! Comment te portes tu ?
Cette dernière ôta la poêle du feu, la déposa sur le rebord du four et salua à son tour le vieil homme.
- Alaric ! Je suis bien contente de te voir aussi. Je me porte à merveille, merci. Et toi ? répondit-elle en s'approchant, souriante, ravie elle aussi de cette visite impromptue.
- Très bien pour un vieil homme affamé. Je te remercie. plaisanta-t-il en lui prenant les deux mains sur chacune desquelles il déposa un doux baiser.
Il avait toujours été très charmeur avec sa mère. Aussi, Kiran et son père, habitués, arborèrent un sourire entendu.
Comme le repas était prêt, Alanéa invita les trois hommes à prendre place autour de la grande table en rondins de bois magnifiquement sculptés de motifs gaulois, de trisquels et autres symboles magiques, tout comme les longs bancs, en rondins eux aussi, qui l'encerclait.
Alaric et ses parents discutèrent du temps et des dernières nouvelles du village, tout en dégustant l'exquis festin. Kiran se régala de lard, d'œufs, de pain encore chaud, de fromages et de tartes aux fruits. Enfin repu, il aida sa mère à débarrasser.
Il prit ensuite deux bols en bois où il déposa du fromage, du pain, un morceau de lard et une bonne part de tarte et mit dans un troisième du lait. Il plaça un des bols rempli de nourriture et celui de lait sur un petit plateau en bois posé sur le rebord droit du four qui formait une étagère, tout près d'un étroit interstice se trouvant à l'arrière du fournil, contre le mur. Le dernier bol était pour Argo.
À peine les avaient-ils posés qu'un avant-bras velu et verdâtre et à la main griffue sortit furtivement de l'interstice. Il agrippa le plateau contenant les bols et l'entraîna à l'intérieur de l'espacement. L'objet rétrécit en disparaissant.
Occupés à siroter une chope de cervoise et absorbés par leur conversation, les deux hommes n'avaient rien vu de la scène. Kiran et sa maman échangèrent un regard et un sourire complices.
Le repas terminé et la table desservie, le temps des discussions sérieuses était arrivé. Le père de Kiran était curieux de connaître la raison de la venue aussi matinale d'Alaric. Aussi lui posa-t-il la question :
- Alors Alaric le sage ! Que nous vaut l'honneur de ta visite ?
- Eh bien,.. C'est ma qualité de druide qui m'amène Joran. Ça vous concerne tous les trois. Et tout particulièrement toi Kiran.
Kiran regardait le druide avec attention. C'était la première fois qu'Alaric s'adressait à lui d'un air aussi solennel. Pourquoi voulait-il lui parler ? Et en présence de ses parents en plus. Il jeta un rapide coup d'œil à ces derniers. Tous deux avaient l'air soudain bien graves, ce qui tranchait avec la bonne humeur du petit-déjeuner. Puisque sa mère venait de reprendre sa place à table, Kiran fît de même.
Comme Alaric gardait le silence et qu'aucuns de ses parents ne semblaient réagir, Kiran se risqua à le questionner. Après tout, il aurait dix-sept printemps au solstice d'été, dans moins de trois lunes et aurait achevé ses études puisqu'il était bien en avance.
VOUS LISEZ
Les Jardins d'Epona.
FantastikPourquoi la déesse Epona a-t-elle fait appel à Kiran, un simple gaulois, pour l'aider à retrouver les créatures qui peuplaient ses Jardins ravagés par une guerre des Dieux ? Ses protégés ont été éparpillés dans tous les mondes, humains et magiques...