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_ Salut Joo, me salue le gardien.

_ Yo Seok ! lui réponds-je en me laissant fouiller par un gars beaucoup moins commode.

_ Tu as pris quoi aujourd'hui ? demande-t-il depuis le bureau de surveillance, assis nonchalamment sur sa confortable chaise noire en me tendant mon badge.

_ Tacos, souris-je en levant le sac qui venait d'être fouillé.

_ Bon choix ! s'exclame-t-il, l'eau à la bouche avant de regarder quelques secondes sur son ordinateur.

_ Tiens, conclus-je ensuite en lui présentant un petit rectangle de papier alu.


Un sourire illumine son visage, et il prend le repas avec un plaisir non dissimulé.


_ Merci ! hurle-t-il pratiquement.

_ Je t'en prie, souris-je à mon tour. Je peux y aller ?

_ Oui bien sûr ! Table numéro, commence-t-il en regardant de nouveau l'écran devant lui. Cinq ! Installe-toi, j'vais prévenir de ton arrivée.

_ Merci, dis-je tranquillement en m'avançant vers la salle des visites.


Assis sur cette petite chaise en bois, je me remémore encore et encore les événements qui se sont déroulé ici. Je crois que je n'y échapperai jamais, venir ici m'oblige inéluctablement à repenser à tout ça.

Je me revois de l'autre côté de cette partie du bâtiment, là où les autres sont, ceux qu'on ne considère pas comme bon, ceux qu'on méprise et qu'on juge, alors que certain ne mérite pas d'être ici. Des personnes comme lui.


Mon premier jour a été pour moi le pire de toute mon existence. J'étais terrifié, je ne savais pas ce qui m'attendait, ma poitrine me faisait souffrir, les larmes ne cessaient de couler, et mon coeur résonnait avec violence contre mes tempes.

Cet endroit était si glauque, si sombre et effrayant. C'était un endroit tout sauf sain. Les minutes passaient, semblant éternelles, et déjà le regard des autres détenus m'horrifiait et me dégoûtait à la fois.

Tout le monde a déjà vu une fois dans sa vie une série télévisée où l'on voit l'intérieur d'une prison. 

Les bagarres, les trafics de drogue, les viols. 

J'avais envie de m'enfuir, envie de pleurer comme un gamin en m'accroupissant au sol tout en appelant ma mère, mais je ne pouvais pas. Je devais résister. Résister parce que je tenais à ma vie. Parce que je savais pertinemment que si je lâchais prise, j'allais me faire traiter comme le pire des déchets, parce que j'étais un bébé, une gamine fragile, une tapette. 

Il fallait que je résiste, que j'endure ça, au nom de ma survie.

Mais plus je voyais leurs regards, plus mon estomac me faisait souffrir, plus mes yeux me piquaient et plus mon courage s'évaporait petit à petit.

On m'a balancé une affreuse tenue orange, puis on m'a poussé jusqu'aux douches communes. 

Je venais à peine d'entrer dans cet endroit sinistre qu'on me confrontait déjà au pire.

Recueil ²⁰¹⁹ ↬ ᴹᵒⁿˢᵗᵃ ˣOù les histoires vivent. Découvrez maintenant