Malheureuse Riche

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Des jours s'étaient écoulés et le message de Bobby ne cessait de tarauder l'esprit de Nour, elle se posait milles et une questions auxquelles elle ne pouvait donner de réponse. Elle se demandait ce qui avait bien pu se passer entre Bobby et elle pour en arriver à ce stade. En fait, elle n'en avait aucune idée. Elle s'efforçait de penser à autre chose. Mais, son existence toute entière tournait autour de Bobby et du fameux message de celui-ci.
Elle cogitait Bobby, elle mangeait Bobby, elle vivait Bobby. Elle était animée d'une âpreté possessive à l'égard de celui qui apparaît ou du moins apparaissait comme le nouveau soleil de son firmament
Bobby, ce nom qui aurait parut banale, futile, à une tierce personne, résonnait dans sa tête tel un cantique pastoral dans la tête d'un prêtre. Elle, qui n'avait jamais vraiment éprouvé ce sentiment pour un garçon, se voyait couler des larmes pour celui qui lui apparaissait comme l'avenir. L'avenir car elle ne pouvait imaginer son royaume sans son prince. Tout en pleurant, le caractère cocasse de ce fameux message qui avait anéanti tout espoir en elle lui faisait rire. Plus d'une fois, elle avait imaginé son futur avec celui ci mais hélas....tout semblait arriver à terme et ses rêves ne deviendraient sûrement jamais réalité.

(Vendredi 18 Novembre)
Il est 19h et Tyson vient d'être relâché de sa garde à vue. Oui, de sa garde à vue. Cela semblerait bizarre à bien des égards vu qu'une garde à vue ne dure en principe que 48 heures mais boff, le plus important était qu'il était libre. Enfin libre physiquement certes mais mentalement le désir de vengeance l'avait retenu captif. Tyson était un dur à cuir, un jeune homme bagarreur, un caïd, en gros c'était l'un de ceux qui ne se laissent pas marcher sur les pieds. Ce jouvenceau doté d'une forte personnalité avait grandi avec le malheur et la solitude comme meilleurs amis jusqu'à ce qu'il rencontre Bobby. Méprisé, haï, détesté en raison de son appartenance à la famille Jedipa qui avait défendu un tueur en série du nom de Djom-Tchatcho lors d'un procès et gagné l'affaire, il s'était vu devenir la risée de tout le quartier tchin-tchin. Aucun enfant ne voulait de lui comme ami. Il était toujours seul à jouer aux jeux que ses parents lui offraient pour combler sa solitude. C'était assez penible pour lui de vivre ainsi jusqu'à ce que la famille de Bobby aménage dans le quartier.

"Ahh Bobby, que serais-je devenu sans toi?", se demandait Tyson les yeux levé vers le plafond du commissariat.

Tyson avait été un enfant gâté par ses parents. Il était certes adopté mais demeurait le seul enfant des Jedipa et lorsqu'il n'avait pas quelques choses, il se servait lui même. Il avait cette addiction aux vices. Il aimait le danger, le risque, et tout ce qui était illégal. Bizarre pour un enfant née dans une famille d'avocat, mais justifié par le manque de temps que sa famille lui accordait. Il avait fallut l'arrivée de Bobby et sa famille pour le grandir mentalement ou plutôt pour l'éduquer.

Il était plongé dans ses pensées quand une voix rauque le ramena sur terre
- Ty! Comment vas tu mon poussin?😍
- Bien, mais je t'ai toujours dis de ne pas m'appeler poussin 😒 ou te considère tu comme une poule pour avoir mis au monde un poussin ? Tu veux me foutre la honte du siècle ou quoi?
- Peu importe ce que tu diras tu demeures mon poussin. J'espère qu'ils se sont bien occupé de toi au poste de police?
- Je crois que tu es assez mal placée pour me le demander. Où étais tu pendant tout le temps que j'ai passé en garde à vue. Tu crois que la prison c'est un parc d'attraction ou une garderie ?
(Mine de rien ca faisait 12 jours que Tyson était en prison)
- Revoies ton langage Ty et j'avais une affaire super importante à régler au Canada raison pour laquelle je n'ai pas pu te sortir de là plus tôt.
- Oui comme d'habitude, tu as toujours le temps pour chercher de l'argent mais t'en as jamais pour moi et tu te dis être mère.
- Ne dis pas ça mon poussin, dit Mme Jedipa d'une voix lénifiée.
- Si tu veux être une poule , sa n'engage que toi . Mais moi je ne suis pas un poussin. S'il te plaît colles moi la paix et va vaquer à tes occupations qui sont dix milles fois plus importantes que moi.

C'était sur ces mots durs à l'égard de sa mère que Tyson avait pris congé de Mme Jedipa. Cette dernière était restée sidérée, les larmes aux yeux et le regard escortant la silhouette de son garçon que l'obscurité inhalait à chacun de ses pas.

"Ai-je été une si mauvaise mère pour mon filston? j'ai pourtant tout mis à sa disposition, je le couvrais de cadeau" soliloquait Mme Jedipa. "Peut-être aurais-je dû être plus dur avec lui ? L'obscurité a gagné son cœur. En dépit de sa peau claire, ses pensées sont devenues sombres. Est-ce l'enfant dont le sourire était aussi illuminant qu'innocent ?"

Après ces quelques mots qu'elle monologuait, Mme Jedipa monta dans sa Range Rover Velar qui lui avait coûté plus de quatre-vingt-dix millions de francs cfa puis se dirigea vers son bureau. En effet, après le décès de son mari d'une agression, Mme Jedipa avait trouvé refuge dans le travail. Résoudre les problèmes des autres l'aidaient à se sentir importante et forte. Mais apparemment elle n'était bonne qu'à résoudre les préoccupations des tiers et non de sa famille et son fils comme a pu en témoigner la vive altercation qu'elle eut avec son rejeton. A quoi ça sert d'être adulé dans son pays et même à l'extérieur si notre richesse nous rend malheureux intérieurement? Se demanda t'elle?

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 25, 2019 ⏰

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