Torturée.

Le combat des Anges

Je m'appelle Eden, et aujourd'hui est mon dernier jour. Je tiens à laisser une lettre à l'humanité comme une sorte de vengeance pour tout ce qu'elle a brisé. Quitte à partir autant tout dire. Si vous aviez entendu mes cris d'appel à l'aide toutes ces années. Si vous aviez vu à quel point mon cœur est brisé.  Dans ce monde d'apparences on ne se parle qu'en inaudibles vacarmes et en assourdissants silences. Voir beaucoup, envier surtout. Mais l'humain est crédule et naïf à en crever. 

Si vous aviez un peu écouté... Mes larmes étaient mon encre et ma peau en était le papier. Je gravais sur mon bras les louanges du diable. J'hurlais à la mort que mes démons se taisent. Je criais plus fort qu'eux pour ne plus entendre leur rage. J'étais une furie, un lionne en cage. Assoiffée de son propre sang comme un détestable châtiment. Destruction lente comme la souffrance d'avant. Mon père avait gravé dans mes gènes ma plus grande souffrance. Comme une âme en peine j'ère et je me blâme en silence. 

Tu sais quoi l'Humanité ? Je te hais ! De m'avoir imposé quoi penser et quoi faire. De m'avoir fait croire que j'étais comme mon père. Je suis rousse mais c'est dans les yeux que j'ai le feu. Pas de l'espoir, non, de la haine messieurs... Je crois que ce n'est pas le destin le coupable. Joli nom Monsieur Destin pour un irréel que, pour chaque faute, on accable. L'humain est lâche et même vicieux. Pas même honnête c'est malheureux... 

Tu sais quoi le monde ? Ce que tu deviens j'en ai plus rien à foutre ! Je ne suis pas une de ces filles dans les romans qui représentent la perfection et l'engagement. "Eden" n'existe plus, je sais plus qui je suis, c'est foutu. Je danse, ivre pour la dernière fois. La gorge brûlée et serrée dans des effluves de vodka. Je cale quelques rimes par ci par là. C'est moins dur à lire qu'une lettre qui te hurle que tu n'es qu'un con qui fout en l'air toute sa vie pour du fric et sa retraite. Aller courage mon vieux, plus que cinq ans et tu fais la fête. Qui te dit que tu seras pas mort demain ? 

"Fucking society" 

Oui, je suis rebelle et alors ? Je veux pas vivre dans ce monde qui ne veut pas changer. Tu sais ce que je veux ? C'est enfin être en paix. Je veux plus me torturer le soir, quand tout ce qu'il me reste c'est une réunion avec le noir.

Et tu sais quoi, Papa ? Je ne veux plus savoir que tu existes. Même si tu es le seul survivant de notre combat. Ça y est tu m'as eue. T'es content ? Moi je ne souffre plus. Tu vas passer ta vie à faire semblant d'être triste. Pour te faire plaindre par une humanité égoïste.
Tout ce que tu voulais c'était la douleur dans mes cris. Alors je me tais dans un silence éternel. C'est joli...
Si vous m'aviez vue dans les tristes étoiles du soir. Aujourd'hui peut être votre seul mot ne serait pas "trop tard". Et c'est par ces derniers mots même pas suffisants, que je trahis ce soir mes rêves d'enfant.

"Lignes de vie"

Mon dernier mot ne seras pas "Adieu" mais plutôt "Silence..."

Ainsi se termine la vie d'Eden, les veines à coeur ouvert sur le carrelage blanc et froid de la terrasse de la maison. L'hiver est arrivé. La neige est épaisse. Immaculée.
Seulement ternie par un léger ruisseau de sang...
La jeune fille avait flirté avec la mort. Semblables dans leurs manteaux noirs. Des pétales de neiges ornait la chevelure féroce d'Eden comme une couronne d'étoiles.

La jeune fille avait survécu. Comment ? Mystère jamais résolu.
Deux ans de coma, pour un coeur meurtri par la haine et le froid.

- " Eden tu te souviens de moi ?
- Qui est Eden ? Moi c'est Anja..."

Eden... allégorie de la douleur et du désespoir laissait place à Anja, allégorie de l'amour et de l'audace.

L'esprit de cette jeune fille de dix huit ans maintenant n'était que le champ de bataille de millions de pensées et de tourments. Mais aussi de plus d'espoir encore.
Eden avait perdu.
Anja avait gagné le duel des Anges...
Deux personnalités pour un destin.
La mort de la douleur est la naissance du bonheur...

Adieu Eden.