Épilogue (Arc 1)

74 5 6
                                    




Morgane détestait la nuit. Plus précisément, elle détestait dormir. Plonger dans un sommeil qui ne serait qu'un tourbillon d'images et d'actions plus terrible les unes que les autres qui ne serait terminé que par un réveil en sursaut au mieux, en criant au pire. Elle en avait assez de ces nuits où tout ce qu'elle voyait, c'était une version d'elle-même, froide, aveuglée par la vengeance et la puissance.

  Ses parents n'avaient jamais vraiment été du genre à comprendre leur fille et les rêves qui la tourmentait sans cesse depuis ses jeunes années. Le nombre de psychologues qui l'avaient envoyé voir avant de baisser les bras !  Son demi-frère avait longtemps été là pour elle, puis ils avaient été séparés. Tomber sur Tara avait été un soulagement pour elle.
Cette dernière avait accepté sans broncher les cris au milieu de la nuit, mieux, elle l'avait aidé. Morgane savait très bien qu'il y avait quelque chose de non-humain chez sa colocataire et amie, mais, avec son esprit dérangé, qui était-elle pour en parler? Alors elle se taisait et acceptait les tisanes que Tara faisait et qui semblait être les seules à apaiser ses visions cauchemardesques.

En se couchant ce soir là, l'image de cette pauvre fille aux huit pattes repliées sur son abdomen gravée dans son esprit, Morgane s'était dit que, peut être, elle rêverait de ça et non du monstre qu'elle était dans ses propres rêves. Cependant, ce ne fut pas le cas. Ni Arakne, ni sa version psychopathe moyenâgeuse ne vinrent hanter ses rêves.

Il faisait froid. Tellement froid. Elle ne voulait pas ouvrir les yeux, mais elle le fit. Autour d'elle, tout était d'un noir d'encre, elle ne pouvait pas dire où se trouvait le haut ou le bas. Morgane comprit soudain qu'elle était dans l'eau. Dans une eau glacée où, si elle n'avait pas été en train de rêver, elle serait probablement morte.
Soudain, une lueur blanche apparut. En un instant, elle était devant un bus immergé. Les phares étaient encore allumés, de même que les lumières d'urgence. Une vitre se brisa et un corps s'enfonça dans l'eau. La jeune femme le fit se débattre un instant avec ses vêtements trop lourd, tentant tant bien que mal de rejoindre la surface sans voir où celle-ci se trouvait. Puis, après une vaine tentative, l'inconnu coula de nouveau.

C'est lorsqu'il passa devant la lumière vacillante des phares qu'elle le reconnut, avec ses cheveux blonds. Ses lèvres et son teint bleuis par le froid lui donnait les couleurs de la mort.

"-Arthur!"

Le Dogue d'Eire, T1, Les ÉgarésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant