ᒪ'ᙓᙅOᒪIᙓᖇ

54 8 20
                                    

Un écolier, que personne ne connait.
Un écolier, à qui personne ne prête attention.

Cet écolier était heureux ce vendredi. Tout en fixant l'horloge de sa classe, indiquant trois heures vingt-cinq de l'après midi, ce dernier se perdait dans ses pensées. C'était la fin de son année scolaire, et il passait au niveau supérieur. Mais ceci n'était pas la principale cause de son bonheur.
Sa joie venait du début des vacances d'été.

L'écolier aimait l'été, sentir la chaleur du soleil caresser sa peau sensible, la douce lumière baigner dans le ciel azur et se refléter dans la mer, l'écume mordre le sable des plages.

Comme le chantait son voisin de classe, vacances rime avec délivrance.

Soudain, le tirant de ses pensées, la sonnerie stridente de école résonna dans ses tympans, et sans dire un seul mot, il se leva et quitta la classe en courant.

Dès qu'il fût sorti de l'établissement, un sourire excité vint étirer ses lèvres.

Quelques minutes plus tard, il se retrouvait les pieds déchaussés et enfoncés sous l'eau. Il contemplait la mer, calme et paisible. Ses mains s'égarèrent dans son cartable, et il en ressortit trois pots de confiture vides, de tailles différentes.

Le premier, il le remplit d'eau de mer, salée et translucide.

Le second, de sable, granuleux et chauffé par les rayons du soleil.

Le troisième, le plus petit, mit du temps à être comblé. L'écolier arpentait la plage à la recherche de coquillage, qu'il laissait aussitôt tomber dans le bocal.

Une fois sa dure besogne accomplie, le jeune garçon s'accorda quelques minutes de pause. Ses yeux observaient avec envie les autres enfants qui chahutaient dans la mer. Cependant, il ne s'attarda pas trop : sa mission n'était pas totalement accomplie.

Enfourchant sa bicyclette, il prit la direction du nord : la partie peu habitée de son village. Il pédalait aussi vite qu'il le pouvait, souriant à s'en tordre le visage quand le vent venait ébouriffer ses cheveux.

Enfin, l'écolier arriva à destination : une modeste bâtisse d'un temps ancien, entourée d'un jardin quelque peu délaissé.

Jettant son vélo au sol sans plus s'en préoccuper, il s'engouffra avec hâte dans la petite maison. Le silence l'accueillit, et il fut heureux d'être seul. Si Grandpa avait été là, il l'aurait sûrement empêché de la voir.

Doucement, il se dirigea vers une pièce où la porte était fermée. Il l'ouvrit silencieusement, et entra dans la chambre -puisque s'en était une-. Une vieille dame était allongée sur un lit qui occupait la plupart de l'espace. Ses longs cheveux gris étaient ternes et sales, et ses rides étaient profondément marquées. Le garçon ne put s'empêcher de ressentir une profonde tristesse en repensant au temps où sa grand-mère n'était pas malade, où elle était pleine de joie et de vie. Ce temps semblait si loin et si révolu... Cela blessa -encore une fois- le coeur du petit. Mais refoulant ses sentiments, il s'approcha du lit, et prit avec tendresse la main de sa Grandma. Celle-ci ouvrit lentement les yeux, et les tourna vers lui. Quelques longues minutes s'écoulèrent avant que la vieille femme n'esquisse un petit sourire ravi.

-Mon petit-fils... souffla-t-elle d'une voix rocailleuse. Tu es là...

Il hocha la tête, et sans plus attendre, sortit les bocaux de son cartable. Il lui tendit le premier, où il avait prit soin de noter sur une étiquette : «eau de mer».

-Oh... fit-elle, attendrie. Voilà longtemps que je n'ai pas vu la mer...

Elle s'arrêta un instant, perdue dans ses pensées. D'ailleurs, le petit écolier partageait ses pensées : il se souvenait les fois où Grandma l'emmenait à la plage, l'été.

Ne voulant pas s'attarder sur des souvenirs si lointain et douloureux, il lui donna le second pot, où était inscrit à l'encre bleue : «sable chaud». La dame le prit dans ses mains, émerveillée. Elle voulut dévisser le couvercle, mais manquant de force, son petit-fils le fit à sa place. Effleurant le sable du bout des doigts, un sourire fleurit sur ses lèvres gercées.

-Que c'est doux, murmura-t-elle.

L'écolier attendit sagement qu'elle eût fini, avant de lui passer le dernier bocal. Les yeux de la vieille dame s'écarquillèrent, ébahis. «Coquillages de la plage» semblait la ravir au plus haut point. Elle examina chacun des cadeaux de la mer avec attention et émerveillement.

-Je ne puis sortir d'ici admirer le magnifique été, mais toi, mon petit-fils, as ramené l'été à moi, comprit la vieille dame, rayonnante.

Il hocha la tête, lui aussi souriant.

Les deux passèrent l'été ensemble, profitant l'un de l'autre, s'échangeant toute sortes de choses.

Voilà la véritable raison pour laquelle ce petit écolier que personne ne connait aimait l'été.
Il pouvait profiter de sa liberté pour être avec ceux qu'il aimait.

______________________________________

793 mots pour le concours de HermioneJacksonJSPLUSKOI

❝𝐏𝐄𝐍𝐂𝐈𝐋 𝐂𝐀𝐒𝐄❞ [os/nouvelles]Where stories live. Discover now