Jour 6 : La Forêt de glace

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Elana se réveille lentement en s'étirant et regarde autour d'elle. Son esprit encore embrouillé par des rêves bizarres elle laisse son regard se balader sur son alcôve. Thyssia qui escalade sa poitrine, la salue par un petit coup de museau sur sa joue. Souriante, l'humaine la caresse abondamment. La jeune femme jette un regard à l'extérieur et découvre qu'il est environ 4h du matin. Cela lui fait 13h de sommeil. Elle se sent en pleine forme et décide de se mettre en route sans trop tarder. La jeune femme regroupe ses affaires, prend Thyssia sur son épaule, rempli sa gourde de neige puis sors de l'alcôve. L'étendue blanche se retrouve à nouveau devant ses yeux... Elle jette des regards inquiets au ciel en se rappelant la créature volante de la veille. Vu qu'elle a perdu toute orientation à cause du cyclone elle décide de se mettre en route pour le Sud. Après une énième caresse pour son amie, l'aventurière se met en route.

La marche, qui était le premier jour pénible, est de moins en moins fatigante s'aperçoit Elana. Ses pieds se posent sur la neige sans trop s'enfoncer ce qui lui permet d'avancer sans grande résistance. Ne comprenant pas pourquoi, Elana continue d'avancer sans essayer de trop y penser. Après plusieurs heures de marche elle aperçoit au loin un unique arbre, planté au milieu de la neige, mesurant dans les six mètres de hauteur. L'aventurière arrivée au pied du tronc remarque que le sol n'est pas recouvert de neige mais de terre. En la touchant elle s'aperçoit que cette terre est chaude. Elana se dit qu'elle aurait certainement pu creuser pour trouver une raison à cela mais après plusieurs heures de marche elle n'en avait pas la force. De plus Thyssia avait sauté de son épaule et s'était couchée dans la neige à une bonne distance de l'arbre lorsque la jeune femme s'en est approchée. Elana décide de faire une pause et de reprendre des forces. Elle mange un peu de viande, boit puis observe l'arbre en réfléchissant. La chasseuse veut se construire une arme avec ce bois. Elle escalade l'arbre agilement prenant appui sur l'écorce irrégulière puis se hisse sur une épaisse branche. De là elle commence à arracher le plus de branchages possible et jette ce bois par terre. Pour finir elle sort son couteau et commence à couper une branche plus grande que les autres. Après l'avoir sectionné elle descend de l'arbre d'un bond et regroupe sa récolte en un tas. Elana commence à sculpter les branchages pour en faire des bâtons d'environ 30 à 40 centimètres de long. Grâce aux fibres de l'Oasis elle attache des cailloux tranchants aux bouts de ces flèches. Ensuite elle prend la grosse branche et la taille de façon à en former un arc. Le bois est plutôt élastique, ce n'est pas l'idéal mais ça fera l'affaire se dit-elle. Comme corde elle prend les tendons du renard de la veille car les tendons sont très élastiques et résistants. En guise de plumes pour les flèches elle se contente de feuilles d'arbre. Après une heure de travail la chasseuse se retrouve avec douze flèches et un arc. Thyssia qui l'a regardé s'affairer pendant tout ce temps à l'air de s'ennuyer. «C'est l'heure de se remettre en route.» lui dit l'humaine «Allez... grimpe !» elle se baisse, son sac et son arc dans son dos, sa lance en main et lui tend le bras grâce auquel elle accède à son épaule. Thyssia en place, la jeune femme continue sa marche vers le Sud.

Après 2h de marche supplémentaires Elana voit une colline couverte de neige pas si lointaine. Elle décide de la gravir pour avoir une vue d'ensemble sur les environs. Arrivée au sommet elle ne peut pas croire ce qu'elle voit. Thyssia elle-même émet un miaulement admiratif. La colline n'est pas très haute mais de son sommet l'humaine voit un gouffre immense qui commence à l'horizon Est et se termine à l'horizon Nord-Ouest. Elle ne peut pas connaitre la longueur de cet abysse. En comprenant qu'il serait impossible de le contourner, elle chercha depuis sa hauteur un endroit où le traverser. Soudain elle aperçoit un peu vers la gauche une passerelle blanche au loin qui traverse la fosse immense. «C'est notre seule chance de passer... N'aie pas peur, on va déjà jeter un coup d'œil à ce pont.» explique l'humaine à Thyssia. Les deux commence donc par descendre de la colline et se dirige vers le ravin. Après une demi-heure, elles approchent du précipice. Elana, qui ne voit que la neige à perte de vue, se retrouve soudain au bord d'un gouffre gigantesque. En se penchant elle ne voit qu'une obscurité totale au fond de cette abysse. L'aventurière jette un bloc de glace dedans et attend le bruit que ferait la glace en se brisant quand elle touchera le sol... Rien ne vint. Elle juge donc que le gouffre pouvait mesurer plusieurs kilomètres de profondeur. Le bord d'en face se trouve à environ 800 mètres, beaucoup trop loin pour un saut, même pour elle. Elana se mit donc en route pour le pont. Thyssia trotte à ses côtés et jette de temps en temps des coups d'œil inquiets dans le précipice. La petite bête est la seule à entendre les murmures graves qui émanent du vide. L'ouïe de l'humaine n'est pas assez développée. Arrivée au pont, Elana s'aperçoit qu'il ne s'agit nullement d'un pont, mais d'une passerelle de glace. En priant elle jette des bouts de glace sur la passerelle sans voir aucun effet. Ce qu'elle s'apprête à faire se qualifie de suicide, se dit Thyssia, elle croit vraiment pouvoir traverser ce passage ? La jeune femme soupire et commence à douter de son intégrité mentale. «Écoute.. » commence t'elle en s'approchant de Thyssia. «Si je veux aller vers le Sud je dois passer par là. Cela m'évite deux journées de marche minimum, peut-être plus, on ne sait pas si il y a un autre passage et quand s'arrête ce précipice...» explique-t-elle pour Thyssia et surtout pour se donner du courage. «On se connait à peine mais j'aimerais que tu me fasses confiance. Tu peux encore rebrousser chemin si tu veux mais moi je traverse. Fais ton choix.». En comprenant que son amie ne la suivrait pas elle s'agenouille et ajoute «Merci de m'avoir tenu compagnie jusque-là, je ne t'oublierai pas petite». En se relevant elle lance un dernier coup d'œil à Thyssia qui reste assise dans la neige derrière elle, puis fait face au gouffre. Elle ferme les yeux et réfléchit. Elle n'aura qu'une chance. Grâce à ses tests avec les bouts de glace la jeune femme a compris que la glace ne tiendra pas. Elle va devoir courir... et vite, très vite. Elle en appelle donc aux forces du vent. Ce vent qui la soutenue jusqu'à présent peux l'aider à traverser. En gardant les yeux fermés elle ferme ses poings et se concentre. L'élue sent l'air trembler autour d'elle, sent les mouvements du vent lui caresser la peau, sent ses mains s'ouvrir sans qu'elle ne bouge un muscle. L'air frémissante entoure ses mains désormais ouvertes, remonte ses bras et enveloppe tous son corps. En ouvrant les yeux elle aperçoit une espèce de fumée qui sors par certains endroits de son corps, comme la nuque, les avant-bras ou encore les hanches. Non ce n'est pas une fumée plutôt des filaments d'air visibles, qui sortent de sa peau et disparaissent dans l'air. En sentant sa puissance Elana ne peut s'empêcher de sourire. Elle regarde la glace fine qui forme cette passerelle avec une sorte de défi dans ses yeux, prend de l'élan et se met en position de départ. Les genoux fléchis, les mains qui touchent le sol, la tête baissée, elle est prête. Thyssia la regarde sans bouger, un dernier adieu dans son regard. L'humaine... si elle en est encore une ne la remarque plus, elle est concentrée. Elana inspire, l'air autour d'elle vibre et ses muscles sont tendus au maximum. Une dernière expiration, puis elle se lance. Toute l'énergie accumulée se lâche d'un coup dans une explosion de force qui projette Elana en avant. Sa vitesse est incroyable. Ses pieds survolent le sol sans même le toucher. En moins d'un centième de seconde Elana se trouve au début du pont alors qu'elle avait pris une centaine de mètres de recul. Au moment où son premier pied touche la passerelle, la glace se fend sous son poids et sous la force de sa course. Cette glace explose en des milliers de fragments et cette explosion avance du début du passage jusqu'à la fin à une vitesse inimaginable. Cependant Elana est encore plus rapide que l'effondrement de la passerelle. Son premier pied comme dit n'avait même pas touché le premier bout du pont qu'elle était déjà 100 mètres plus loin. La vitesse de pointe qu'atteignit l'élue n'est même pas concevable. Elle même vit tout au ralentit: le pont se brisant en des milliers de cristaux, l'air se déchirant devant elle, la trainée de fumée laissée derrière. Lorsqu'elle regardait son corps elle ne vit qu'une forme floue perturbée par les secousses du vent. En une seconde elle a atteint la moitié du pont, en deux elle est 800 mètres devant la fin de la passerelle, sur la neige, allongée au sol. Exténué elle est à deux doigts de perdre connaissance. Son regard se voile, sa tête tourne. Soudain quelque chose la fait reprendre connaissance, une petite langue touchant son nez lui fait ouvrir ses yeux. Thyssia était assise sur sa poitrine en la regardant avec ses grands yeux. En se perdant dans son regard marron Elana souri, elle a réussi. La jeune femme n'avait pas remarqué que pendant qu'elle était concentrée, son amie était rentrée dans son manteau et s'était blottie contre sa poitrine. Soudain la jeune femme éclate de rire. Un rire mêlé à des larmes de joie. «Je savais que tu resterai avec moi ! On a réussi, on a sérieusement réussi ! J'y crois tellement pas...» s'exclame-t-elle en reprenant son souffle. «Merci d'être restée, merci du fond du cœur» dit-elle en souriant à la petite bête. Thyssia se contente de ronronner et de se frotter contre son amie. Après s'être assuré que tout son équipement est intact, Elana mange un bout de viande vu qu'il est midi passé. Elle regarde une dernière fois le gouffre abyssal derrière elle puis continue sa route vers le Sud, un grand sourire aux lèvres.

ElanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant