J'ai loupé mon bus. Mon professeur de sport m'a retenue pendant un quart d'heure pour me passer un savon. Selon lui, je ne m'implique pas assez dans ses cours de gymnastique. Il faut dire que je n'aime pas la gymnastique et que, pour un prof de sport, il n'est pas des plus motivants. Mais ça, je l'ai gardé pour moi, évidement.
À présent, je n'ai plus d'autres choix que de rentrer chez moi à pieds. La nuit est déjà tombée, signe que l'hiver approche à grand pas. Je plonge mes mains dans la poche de mon sweat et en ressort mon briquet ainsi que mon paquet de cigarettes. J'en coince une entre mes lèvres. La fumée embaume mes narines et de petits nuages blancs sortent de ma bouche. Je les observe s'envoler dans les airs jusqu'à ce qu'ils disparaissent complètement dans le ciel étoilé.
J'accélère mon allure dans l'espoir d'échapper le plus rapidement possible à l'air froid.
Enfin, je bifurque dans l'étroite ruelle pavée qui abrite mon immeuble. Je passe devant un ivrogne endormi dans le renfoncement d'une porte, une bouteille de vodka dans les mains. Cette image me fait frissonner.
Mon immeuble se dessine devant moi. J'écrase ma cigarette complètement consumée sur le macadam et me précipite à l'intérieur de la cage d'escalier afin d'échapper aux morsures du froid.
Une fois dans l'appartement, j'enlève hâtivement mes Docs et me jette sur le canapé du salon. Je m'empare de mon ordinateur posé sur la table basse et ouvre immédiatement ma boîte e-mail. Je clique une première fois sur le bouton "renouveler le courrier".
Rien ne se passe.
Je clique une deuxième fois, une troisième fois, une quatrième fois...
Toujours rien.
Je suis forcée d'admettre que mon père ne m'a pas envoyé de courrier aujourd'hui, sûrement à cause du manque de temps. Toujours ce fichu manque de temps.
Je jette un coup d'oeil à l'horloge digitale accrochée au-dessus de la télévision :
18 : 14
Merde.
Je suis en retard.
Je referme l'ordinateur et saute sur mes pieds.Une odeur de transpiration et de déodorant à la vanille me chatouille les narines quand je rentre dans le vestiaire des filles. Je plisse le nez. Poua. J'enfile mon legging, mon débardeur et attrape mes gants dans mon sac de sport.
Je pénètre dans la petite salle confinée et rejoins Fabien, mon entraîneur, assis sur un banc. Lorsque son regard croise le mien, ses pupilles s'illuminent.
— Enfin ! J'ai bien cru que tu ne viendrais pas ! s'exclame-t-il en me faisant une brève accolade pour me saluer.
— Je ne raterais pour rien au monde un entraînement de boxe, souris-je en l'enlaçant à mon tour.
Crâne chauve, nez cassé et larges épaules, Fabien est l'archétype de l'entraîneur de boxe.
Il est aussi mon repère masculin quand mon père n'est pas là. Il ne le remplace pas, rien ni personne ne remplace un père, mais je sais que je peux compter sur lui, et ça, c'est soulageant.Je m'assois à ses côtés.
— Il y a un nouveau qui s'est inscrit au club. Essayes de ne pas l'envoyer à l'hôpital dès son premier cours, rigole Fabien en me tapant gentiment le dos.
Je ne réagis pas tout de suite à sa plaisanterie. Une autre information a retenue mon attention.
Un nouveau ?— Tu sais à quoi il ressemble, physiquement ? m'enquiers-je.
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Le goût de tes lèvres
Ficção AdolescentePouvons-nous aimer quelqu'un alors que nous ne croyons pas en l'Amour ? Chaque jour, Charlie espère oublier les souvenirs qui la hantent et ne plus ressentir le manque causé par son père absent. Lorsqu'elle rencontre Sacha, un garçon attentionné et...