Comme un lion en cage

4. Bavarde comme une pie

Simba ne sut d'abord pas comment réagir. Il était dans un nouvel endroit, hors de sa prison. Il essaya de se lever, mais il se sentait si las qu'il ne réussit qu'à tourner la tête. Le sol sous lui était plus confortable que celui de son ancienne prison. Il était constitué de drôles de tiges jaunes sèches, qui rappelait au lionceau les longues herbes sèches de sa savane natale. De son point de vue, Simba voyait les barreaux, grands et droits, qui confirmaient qu'il était à nouveau enfermé. Il s'étira pour constater que sa nouvelle cage était assez grande, et plus accueillante que l'ancienne. Alors qu'il retrouvait peu à peu les sensations dans ses pattes, une voix retentit dans son dos.

- Ah, tu te réveilles enfin, le nouveau. Il était temps, tu as dormis un sacré bout de temps.

Le lionceau sursauta. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas entendu de voix féline. Donc, il n'était pas tout seul dans cet endroit. Simba trouva enfin la force et le courage de se lever. Il se retourna... pour découvrir une lionne adulte, bien en chair et à l'apparence très peu menaçante. À la façon dont elle le dévisagea, Simba comprit aussitôt qu'il n'était pas face à une lionne sauvage, enfermée là contre son gré et malheureuse. La lionne, ne remarquant pas la perplexité du lionceau, reprit la parole.

- Dis donc, t'as un air affreux. Je sais pas ce qu'ils t'ont trouvés pour t'amener jusqu'ici, mais au moins, ici y'a de la bouffe, alors sers-toi. Et sinon, t'as un nom? Parce que t'as une tête à pas avoir de nom, moi je dis.

À la mention de nourriture, le ventre de Simba gargouilla. En tournant la tête, il vit une sorte de bol brillant rempli de quelque chose qui sentait la viande. Ignorant sa voisine de cage, il se précipita vers la nourriture. En y goûtant, il constata qu'elle avait un drôle de goût, mais il avait si faim qu'il ne s'en préoccupa pas. De l'autre côté des barreaux, la lionne continuait son charabia. Sa présence rassurait le jeune lion, car elle ne semblait pas se sentir en danger. La lionne, se rendant soudain compte qu'elle était ignorée, apostropha de plus belle Simba.

- Eh! T'es pas très bavard toi. Tu pourrais au moins avoir l'air de m'écouter. Pff les jeunes lions, même pas foutus de se présenter. Au fait, moi c'est Riu, au cas ou tu te décides à parler.

Le lionceau, exaspéré, se tourna vers Riu. Devant son air hautain et naïf, Simba comprit alors qu'elle en savait beaucoup plus que lui sur cet endroit. Il décida de tirer profit de son éternel bavardage pour en apprendre un peu plus.

- Salut, moi c'est Simba... On est où ici?

À la tête que fit Riu, Simba crut qu'une deuxième tête lui avait poussée. Il se prépara à écouter la réponse de la lionne, désormais résigné au fait d'être enfermé. Et elle arriva aussitôt.

- Mais on est au cirque, voyons! Tu sais pas ce que c'est? Mais, j'y penses, tu viens d'où en fait?

- Au quoi?

- Au cirque! Le cir-que! Va falloir te le répéter combien de fois pour que tu comprennes?

- Ok, et on fait quoi au cirque?

Riu ouvrit grand les yeux. Pour une fois, Simba lui avait cloué le bec. Elle se reprit tout de même rapidement.

- Ben, on fait des spectacles! Ne me dis pas que tu ne le savais pas!

Simba prit le temps de réfléchir à tout ça. Il ne comprenait pas grand chose, mais cela ne présageait rien de bon pour lui, même si Riu en parlait avec légèreté. Il tourna la tête vers l'extérieur en remarquant que le soleil se couchait. Il ne voyait pas grand chose au dehors, car la vue était bouchée par des cabanes grillagés surélevés comme la sienne, excepté qu'elles étaient vides. Il entendait de drôles de sons dans l'air, et plein d'odeurs inconnues l'assaillaient. Tout à coup, un bruit tout près leur parvint. Simba se tapit au sol, effrayé. Riu, elle, se redressa de toute sa taille et attendit, jusqu'à ce qu'une trappe s'ouvre sur le côté de sa cage. Avant de s'y engouffrer, elle adressa un dernier regard à Simba.

- T'as vu, on a besoin de moi pour le spectacle. À tantôt, le nouveau.

Et elle disparut. Son absence fit l'effet d'un vide à Simba. Il sentait maintenant le vent frais sur sa fourrure, et remarqua l'obscurité grandissante. Il alla se rouler en boule dans le coin de sa nouvelle cage, qui lui semblait étrangement grande depuis que sa voisine était partie. Le silence pesant qui régna autour du jeune lion l'aida à sombrer dans un profond sommeil.