2«Les présentations».

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Je me regarde dans le miroir, trois heures du matin, je suis quelqu'un de matinal.

Contrairement à beaucoup de jeunes de cette merveilleuse génération, je ne m'admire pas, je me dégoûte.On m'a toujours dit que j'étais « beau gosse » ou encore que j'avais « la gueule d'ange », laissez moi rire, l'ange a du louper un nuage, l'ange a les ailes défoncées et une mine bien déprimée.

Comment j'ai pu tomber si bas.Aujourd'hui rien à faire rien a raconter, autant se l'avouer, dans ma vie je n'ai jamais travaillé, à part pour le bac ou encore la fac, mais je n'ai pas le cran de continuer, d'explorer, d'oser.

Comment vous expliquer que je suis une tapette ?Pour certains je ne sers à rien sur la planète bleue, et je pense pareil. Mais au moins je pense, je raconte, je réfléchis, je fais la part des choses, j'ai la tête sur les épaules.

Petit à petit, mon regard quitte mon reflet pour se déposer sur un cadre, une photo.J'étais jeune, il était jeune, elle aussi, nous étions petits, presque amis.

Ce que je vois ? Mon « grand frère », Younes. Six lettres, et la définition même de lâche, ou même faible. Comme beaucoup de chez moi, il est méchament tombé dans les filets rudes de la rue, faible. À présent il croupis en prison, qu'il en soit ainsi. C'est mieux qu'il soit là-bas, qu'ici.

Lui et moi nous ne sommes plus proches depuis bien longtemps à présent. Nous ne nous supportons plus.

Et Lamia, ma petite sœur. Il y a bien longtemps qu'elle n'a pas rigolé ou parlé malgré que nous passions par le même palier.Younes la déteste. Ma mère est morte à son accouchement, vous comprendrez facilement le pourquoi du comment. Moi je ne lui en veux pas, pourquoi ? Après tout ce n'était pas son choix. Nous nous sommes éloignés.
Tant pis.

Derrière elle, un homme, la quarantaine, souriant, "heureux ".Mon géniteur.Je ne dirais pas « papa » ni « mon père », je ne le considère absolument pas comme tel.Mon géniteur nous a lâchement abandonné après la mort de ma mère.Tant pis.

« Loin des yeux, loin du cœur. » Comme quoi, c'est vrai, j'ai arrêté de l'aimer, même de l'apprécier, dès qu'il s'est barré.
Mon léger sourire en coin part à cette pensée, mes yeux deviennent encore plus foncés qu'ils le sont déjà mais je m'y suis habitué. Je me vengerais, saches le,
« papa », je me vengerais, tu nous as tous fait pleurer, ça, jamais je ne te le pardonnerai.

Je souffle bruyamment puis m'en vais vers mon armoire, en piste.

                                [..]

Arrivé en bas du bloc. Il est dix heure et le hall est rempli. Des gars, des petits, des filles peu respectables. Des rires, de la fumée, de la drague.

Bienvenue dans la cité, bienvenue dans mon opposé. Je ne suis pas comme eux, encore une fois, je ne me qualifie de personne, encore moins d'ancien, mais je suis beaucoup plus matures que ces gosses endurcis.

La plus part sont des traitres qui te balanceraient pour vingt euros ou un collier plaqué or. Je ne les regarde pas, ne les salue pas.Ils me connaissent d'entente, de rumeurs, de conversations par ci, par là. Mais ne savent pas qui je suis. À la cité il n'y a qu'un Nahil, et il ne parle pas pour rien. Je ne vis pas pour justifier mes choix, encore moi à des bicraveurs de petite foi.

« Mais il n'a donc pas d'amis ? » Et bien non, je n'en ai jamais eu, à moins que, un. Un traître, un faible, un lâche, comme les autres. Je ne suis pas mieux, je vous l'accorde. Mais il y a des limites à tout. Avouez le, apparemment ils n'ont pas peur de la mort ?Aha oui c'est ça. Ils seront les premiers à pleurer ou supplier quand la mort viendra frapper à leur porte.

J'assume moi au moins, je l'avoue, oui, j'ai peur de la mort. Et d'un autre côté je la désire plus que tout. Une de ces gamines m'appelle, riant avec ses amies et me traitant de gros con, c'est Mayssa. Autant vous l'annoncer de suite, je ne compte pas répondre.La plus grosse peste du lycée il y a des années, vous vous en souvenez ?Elle n'a pas changé. Mis à part qu'elle a 20 ans, plus 17. Mais j'ose la traiter de salope tandis que je ne suis pas mieux. Tout ça c'est facile. Ce que je pense c'est qu'elle a pas eu l'éducation parfaite sauf qu'elle a mal tourné. Comme moi, mais pas dans le même sens.

J'avais 15 ans. J'étais jeune, trop, mais quand on est jeune, on est con, quand on est mal aimé, on est pire. Apparemment l'erreur est humaine ?J'appelle pas ça une erreur moi, mais la plus grosse connerie de ma vie, du moins une d'entre elles.

Honnêtement, j'ai encore couché jusqu'à mes 19 ans, avec elle, avec d'autres. Jusqu'à ce que j'ouvre les yeux.

Coucher à droite à gauche n'aide en rien à oublier, c'est plus pitoyable qu'autre chose.De la même façon que la drogue, la cigarette et l'alcool, j'y ai touché au même âge, 15 ans. Jeune ?  Je dirais plutôt con. Encore une fois, j'ai arrêté à 19 ans. Le déclic,Une chose a retenir ?

Je ne suis en aucun cas un exemple, ne suivez pas mes choix, ils sont pitoyables.
Ce n'est pas en faisant le fort, qu'on est fort.

J'entendis une voix, cette seule voix qui m'a conduit vers tout ça. M'insulter en disant que je manque de respect parce que ma mère m'a mal éduqué. J'vous présente Kassim, mon meilleur ami étant enfant, mon pire ennemi
aujourd'hui.
Je pensais qu'il était droit et vrai, que c'était un ami sur qui compter. J'me suis trompé.

Je me retourne au ralentit pendant que ma mâchoire se contracte. Je m'avance, l'air rieur jusqu'à coller mon front contre le sien.

« - Tiens, tu parles de nouveau ? Kassim, nous savons toi et moi que c'est pour impressionner que tu fais le malin, tu joues à qui seras le plus thug. Mais t'as rien vécu et à part trahir les gens tu n'sers à rien. Tu m'diras moi non plus, mais la différence c'est que j'ferme ma gueule, moi.
- TA GUEULE ! hurla-t-il, esperant me faire sursauter, mais je ne bouge pas.
- Tu serras gentil de ne pas me parler, tu n'es rien, personne, Kassim. Un crevard. Un faible, sale clown tu n'es pas aimé, bien moins que moi. Je suis seul, tu ne l'es pas, mais tu es mal accompagné. Dommage.
- TA GUEULE PUTAIN ! cria-t-il à nouveau, mais cette fois-ci en sortant une arme, me faisant rire.
- Tu ne tireras pas. Trop faible, attention tu trembles, c'est de pire en pire. Arrête, tu te fous la honte tout seul. »

Je ria sarcastiquement puis m'en alla du hall

Le naufragéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant