Le naufragé

7 «20 janvier».

5 heures du matin, 20 janvier

Quatre mois se sont écoulés depuis le dernier chapitre.

Quatre mois que je n'ai pas touché à mon stylo.

Je ne voulais pas faire « une pause » ou
« oublier ma vie ».

Soyons honnêtes, j'avais juste perdu ma feuille.

Qu'à-t-il à raconter ? Pas grand chose à vrai dire. Si ce n'est que je n'ai recroisé ni Kassim, ni kayna. Et qu'aucun des deux ne m'a manqué.

Étonnant ? Pas du tout. Les gens ne me manquent pas, les êtres humains ne sont pas honnêtes, encore moins proches d'autres.

Contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent laisser penser, on ne peut pas faire confiance à notre famille, tôt ou tard, ils nous trahissent. Mon géniteur, mon frère.

Ma mère est morte et ma sœur me déteste.

Wow.

Quelle vie extraordinaire.

Je crois que ma vie est vouée à l'échec et que celle des gens « proches » de moi, sont voués à la même vie déprimante que moi.

C'est horrible,terrifiant de savoir et de ne pas pouvoir ou peut être même vouloir.

Je sais que mes proches souffrent, ma mère en est morte. Mais au final je ne fais rien pour que ça change.

Enfin, tout ça pour dire que ma vie n'a pas changé, pas du tout même.

La même routine depuis 24 ans.

« -NAHIL T'ES D'ACCORD QUE MA POTE VIENNE CETTE APRÈM ? hurla Lamia depuis sa chambre.
- TU PEUX PAS SORTIR PLUTÔT ?
- MAIS IL PLEUT !
- C'EST QUI ALORS ?
- KAY' !
- DÉVELOPPE AUSSI J'CONNAIS PAS TES POTOS OIM !
- MAIS SI C'EST.. HEEU.. Hésita-t-elle. kayna.. Tenta-t-elle finalement.
- L'AUTRE ITALIENNE LÀ ? DEPUIS QUAND T'ES POTE AVEC UNE CHIENNE TOI ?
- MAIS ELLE S'EST EXCUSÉE ET C'EST UNE DE MES SEULES POTES SINCÈRES !
- SINCÈRE ? TU T'FOUS D'MA GUEULE ? VAS Y S'TU VEUX MAIS VENNEZ PAS M'CASSER LES COUILLES !
-OK »

De toute façon je m'en fous, je vais à la boxe.
La boxe c'est un immense défouloir, ça fait plus de bien de taper dans un sac que sur quelqu'un. Ça faisait longtemps tien.

J'avais besoin d'me défouler, d'me débarrasser, sa m'aura évité de taper sur n'importe qui dans la rue qui m'aurait bousculé et n'aurait rien demandé.

Et puis j'suis peut être déprimant à en crever, mais faut bien s'occuper pendant toutes ces années.
J'suis pas une armoire à glace, j'suis pas Hulk ou un coach sportif, vous méprenez pas.

Mais qu'est ce que j'en ai à foutre moi des meufs en chien ? D'être un exemple masculin ? Si je fais de la boxe c'est pour ma conscience, et si mon moral est au plus bas, il l'est moins quand je fais du sport.

Personne le sait à part les gars de la salle, eux j'les connaît pas, j'm'en fous. J'préfère rester secret, ma vie se résume à un énorme mystère pour les autres gens m'observant.

J'suis pas une bonne compagnie, j'l'ai toujours dit. J'vous connait comme ma poche en un regard, mais pas grand monde arrive à me connaître moi. Une personne l'a réussit à vrai dire, Kayna.

C'est étrange de savoir que quelqu'un que je ne connait pas, absolument pas, arrive à me cerner comme je cerne les autres. Étrange et très flippant.

Au moins je sais ce que ressentent les gens quand j'leur dit qu'j'les ai cerné de la tête aux pieds.

[..]

Plus fort, plus fort, toujours plus fort. Taper sans s'arrêter, ne pas se laisser déconcentrer. Frapper jusqu'à ce que la fatigue vienne m'emporter, vienne m'achever. Se défouler, toujours plus, toujours mieux, penser.

Et frapper plus fort suite à la conclusion que notre vie est complètement vouée à l'échec, l'échec total.

Donner un dernier coup, tout donner dedans, offrir toute la rage qu'on contient si bien à notre poing, le dernier coup est toujours plus fort, toujours, du moins pour moi, je n'aime pas finir sur un mauvais coup, je suis assez mauvais perdant.

Au final, je suis un grand enfant, un grand enfant très très mauvais combattant. Je ne fais pas de combats, je n'aime pas ça.

Frapper sur quelqu'un pour gagner du fric c'est pas trop dans mon planning pour l'instant.

J'enlève mes gants et me dirigeai vers ma bouteille d'eau, dégoulinant de sueur, quand je m'arrête en entendant des applaudissements provenant de l'extérieur des rings présents dans la salle.

Ça doit être pour un des gorilles d'à côté.

« - Bravo, c'était pas mal ! dit la personne présente tandis que je me retournai à vitesse grand V en entendant sa voix.
- Qu'est ce que tu fous là toi ? T'en a pas marre d'me coller un peu ? grognais-je en retournant vers ma bouteille d'eau.
- Merci de l'accueil !
- En plus j'croyais t'étais avec ma reuss.
- Ouais mais la j'ai du partir avant et Lamia elle est sortie avec sa pote !
- Sa pote t'as dit..? Répétais-je lentement.
- Euh.. Oui.. oui! affirma Kayna, stressée.
- Tu lui dis que si j'la croise avec un mec j'tue l'mec et j'l'enterre vivante, comme ça elle est au courant.
- De toute façon elle est pas avec un mec ! Elle est avec sa pote j't'ai dis ! Affirma-t-elle à nouveau.
- Et donc elle s'appelle comment " sa pote " ?
- euh.. Fatima, oui.. Fatima !
- Ouais, tu fous quoi ici même ?
- J't'ai vu par la baie vitrée, là. Annonça-t-elle en montrant du doigt la baie vitrée.
- Bah c'est bon merci j'suis au courant qu'il y a une baie vitrée j'ai pas fait bac STMG option hmar aussi ! Répondis-je en partant vers les vestiaires. »

[..]

« - Qu'est ce que tu veux encore ?! Soufflais-je en apercevant à nouveau kayna devant la salle.
- Je veux que tu parles à ta sœur ! Affirma-t-elle, sure d'elle.
- Et pourquoi même ?
- Bah parce qu'elle a besoin de son grand frère, elle en a que un, et c'est toi !
- Crois moi qu'elle serait pire si je lui parlais, je suis un peu.. Sinistre.
- Même !
- D'ailleurs ton grand frère à toi il te surveilles pas assez ! Moi ma reuss elle parle pas avec des pelos comme toi tu fais !
- J'parle avec qui je veux !
- Ah moi c'pas mon problème poupée, fais juste belek, à force de trop jouer avec le feu, on fini toujours par se brûler les ailes. »