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Les Amazones du Dahomey

LES AMAZONES DU DAHOMEY ou les Minos : femmes-soldats du roi.

Entre le début et la fin XIX siècle, le royaume du Dahomey situé dans l'actuel Bénin, au nord-ouest du continent africain, voit une succession de rois de la même ligné sur son trône, lorsqu'elle atteint son apogée au niveau économique et militaire. Une institution féminine émerge de cette puissance et fait parler d'elle jusqu'aux delà des mers, tandis qu'elle combat les français sous le roi Behanzin : les femmes-soldats du Dahomey. Nommées « Minos » qui signifie « nos mères » en langue fon (langue officielle du royaume), ce corps militaire exclusivement féminin est alors surnommé « les amazones du Dahomey » par les ennemis français, en référence aux Amazones, chasseuses et combattantes, de la mythologie grecque. Les Minos sont aussi farouches et acharnées que ces dernières.

1) ORIGINE

a) De chasseuses à gardes du corps :

A défaut de documents écrits, situer l'apparition de cette institution féminine est difficile tandis que les traditions orales constituent les seules sources historiques dans un premier temps. Ainsi, une tradition orale attribut la création des Amazones dès le troisième roi qui règne de 1645 à 1685. D'abord des chasseuses d'éléphants, « gbeto » en langue fon, elles deviennent ensuite les gardes d'élite du roi dans une société avant tout patriarcale, alors que se sont les hommes qui partent en guerre. Puis, vient en 1708 la figure féminine de Tassi Hangbè.

b) Figure féminine derrière l'ascension :

Alors en conflit contre le royaume voisin d'Ouéménou, le roi Akaba, fils du roi Houegbadja, meurt de la variole un peu avant la bataille. On raconte alors que Tassi Hangbè, sa sœur jumelle, se travestie pour duper ses ennemis et créé par la même occasion un régiment de femmes : les Minos, plus tard appelées les Amazones. Féroce et impitoyable à côté de son régiment féminin, elle défait ses ennemis et devient régente de 1708 à 1711, en attendant que l'héritier direct, son petit-frère, atteint l'âge mature. Cependant, cette version de l'histoire n'est pas toujours retenue comme vérité tandis que les traces écrites de cette époque manquent, mais surtout que la reine est largement occultée au vu du personnage non seulement féminin et jugé impudique qu'incarne Tassi Hangbè.

2) ORGANISATION :

a) Sélection.

Sélectionnées dès l'adolescence et environ tous les trois ans, c'est d'abord chez les enfants d'esclaves qu'on sélectionne les futures Minos, tandis que le royaume fonde essentiellement son économie sur le commerce des esclaves avant d'être abolit en 1850. Ainsi, ces filles sont soit enrôlées de forces, et du coup affranchies de leur statut d'esclaves, soit ce sont elles qui choisissent de rejoindre l'armée pour le prestige qu'il apporte notamment à la famille. En effet, le régiment féminin se démocratise au fil des siècles et de plus en plus les jeunes filles, quelles que soit les catégories sociales se vouent au combat. On ne prend que les meilleures aptes à tuer et périr sous l'arme de l'ennemi.

b)Des guerrières demi-sacrées.

Alors que dans certains cas, des femmes déjà mariées ou mères se retrouvent forcées à rejoindre la troupe après qu'un membre de la famille juge son comportement comme déshonorant, les autres promettent quant à elles vœux de chasteté. Considérée symboliquement comme « femmes du roi » en effet, les Minos appartiennent exclusivement à ce dernier, tandis que d'un autre côté la virginité donne une force à la fois spirituelle et physique aux combattantes. Ce qui attribue dès lors un statut presque sacré aux Minos, influencé en plus par les cultes vaudou (croyance des esprits) du peuple fon.

c) Discipline et dévouement au roi.

Pour rejoindre la garde rapprochée du roi, un rituel est également exigé sous la forme de pacte du sang avec le prêtre comme témoin, un acte qui fait figure de serment devant les morts, les dieux, et le roi également considéré divin par le peuple fon. Ainsi, les Minos se prêtent mutuellement fidélité, au roi, et à la défense du royaume au risque de leur vie. Elles sont prêtes et même volontaires à mourir pour la cause considérée noble.