02/ Dettes

53 7 13
                                    







BONNE LECTURE !



Je soufflai d'exaspération, la voix aiguë de Camila commençant à me donner une migraine. Il faisait déjà assez chaud comme ça.

— Mais Ivanna ! se lamenta, pour la énième fois de la journée, la blonde. Tu es très douée, voire même brillante. Pourquoi tu ne terminerais pas tes études ?

C'était un choix personnel, je ne voyais pas pourquoi je devais me justifier auprès d'elle. Même ma mère ne s'était pas interposée, alors qu'elle souhaitait par-dessus tout que je rentre à une université.

— Tu parles quoi ? Six langues ? Tu ferais un ravage si tu étudies les langues, sans compter que tu es une quelqu'un qui apprend vite ! Non, sans déconner, t'es peut-être même la personne la plus intelligente que je connaisse.

Je l'ignorai comme j'avais l'habitude de la faire. Si j'ouvrais ma bouche, on allait encore me faire passer pour la mauvaise de l'histoire.

Alors qu'elle comptait encore me balancer un énième argument, je déviai la conversation vers Enzo. Ça faisait une semaine depuis la dernière fois que je l'avais vu avec Camila, et depuis l'histoire des mexicains me trottait en tête.

J'étais tellement absorbée par mes pensées que je n'avais même pas remarqué que nous étions déjà arrivées devant le casa des Olivares. Je la saluai rapidement, ne voulant pas me taper les deux frangins en plus ; Camila m'avait assez remontée comme ça.

Ce qui était bien dans les favélas était que tu avais à peine à marcher quelques pattées de maison que tu étais déjà chez toi. De toutes façons, je préférai ne pas trainer ; il allait bientôt faire nuit.

Essoufflée, je m'arrêtai quelques secondes devant le seuil de ma porte pour me calmer. J'avais beau monté cette foutue pente depuis des années, je finissais toujours à bout de souffle.

La porte de la casa était déjà entrouverte, je ne perdis pas de temps et franchis le seuil.

Je fronçai les sourcils, en voyant que tous les stores étaient descendus. Seule la faible lumière de la porte éclairait le salon.

Je m'avançai à l'aveugle, cherchant l'interrupteur de ma main droite, quand mon pied faillit glisser, heurtant quelque chose. C'était des bouts de verre.

Une fois l'interrupteur trouvé, c'était avec effroi que je remarquai l'état pitoyable de notre maison.

Des morceaux de verre jonchaient le sol, les cadres étaient tous renversés, alors que tous les meubles avaient fini à terre. Mon regard se posa finalement sur ma mère, au centre de la pièce, qui pleurait à s'en étouffer.

Aussitôt, je m'avançai vers cette dernière qui parut me remarquer qu'une fois qu'elle fut dans mes bras.

— Maman, qu'est-ce qui s'est passé ici ?

Aucune réponse.

J'avais tout de même une petite idée dessus, mais je la négligeai, préférant ne pas arriver à de telles conclusions.

Elle resta plusieurs minutes dans mes bras, son visage enfoui dans mon cou, ses larmes humidifiant mon haut. Je sentais avec effroi tout son corps tremblé ; elle avait l'air apeuré, horrifié, chamboulé.

Ma main continuait de faire des va-et-vient dans son dos en attendant qu'elle se calme. Un sourire nostalgique déforma mes lèvres en repensant à mon père qui faisait de même quand je pleurais, mais je chassai aussitôt cette pensée.

D'un geste brusque, elle se détacha de mon emprise et s'avança à quatre pattes. Elle avait l'air complétement dépassé par la situation, et ça me brisait de la voir comme ça.

HavanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant