Chapitre 2

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Lundi matin, Nash n'est pas venu en cours, et je l'ai accompagné à l'infirmerie avant d'aller en cours, moi. Comme on partage la même chambre, je suis allé voir à midi s'il s'y trouvait. Mais en fait il était à l'infirmerie, dont il n'avait pas bougé de la matinée, et il m'a dit qu'il allait retourner en cours cet après-midi.

-Bon, ben à tout à l'heure, alors, dis-je en sortant de l'infirmerie, sous le regard assassin de l'infirmière, probablement parce-que j'avais parlé trop fort.

Je lui adresse un petit geste d'excuse, et referme la porte, avant qu'elle n'ait le temps de me réprimander.

...

J'ai enfin fini les cours, et nous nous dirigeons vers la chambre, Nash et moi.Il a l'air en moins bonne forme qu'à midi, je ne sais pas trop pourquoi. Ce serait en rapport avec l'incident d'hier soir?

Quand nous arrivons à l'approche de notre chambre, j'entends plusieurs voix, notamment celle de ce con de terminal d'hier soir. Mais il n'est pas seul, je compte au moins six voix. Quand nous tournons à l'angle du couloir, nous apercevons six terminales, dons trois qui étaient là hier soir. Nash à l'air nerveux, mais pas tant que ça, comme si c'était habituel. Ils n'ont pas l'air d'être là en amis, encore moins celui à qui j'ai décoché une droite hier soir. Ils ont tous l'air remontés contre je ne sais quoi. La grande asperge d'hier soir, je comprendrais qu'elle soit énervée; après que je l'ai frappé, mais les autres, je me pose des questions. Je me tourne vers Nash, interrogateur, mais il ne dit rien.

Il a l'air d'avoir un peu peur, ce qui rend encore plus expressifs qu'à l'accoutumée ses yeux bleus-verts. Il inspire bruyamment, comme pour se donner du courage, et expire lentement.

-Salut les mecs. Vous pouvez nous laisser passer, s'il vous-plaît?

Le plus grand ricane, et les autres rigolent aussi, comme des robots pré-programmés.

-Non, il ne me plaît pas de te laisser passer, toi et ton stupide copain... commence-t-il.

Un de ses camarades lui donne un petit coup de coude, et il prend un sourire hypocrite.

-Mais on va quand même le faire, assure-t-il en s'écartant.

Je me retourne et voit un professeur qui arrive. Quel faillot ce terminal!

Quand Nash passe devant eux, le plus grand lui souffle quelque chose, que je n'entends qu'à moitié, mais qui me perturbe assez.

-Tu n'en réchappera pas aussi facilement la prochaine fois. J'espere que d'ici là tu lui aura dit...

Il entre dans la chambre derrière moi, et referme vivement la porte, avant de se jetter sur son lit, celui du bas.

-Dire quoi Nash? Et à qui? Et surtout, pour ils t'en veulent? je lui demande, en sachant très bien qu'il y a une chance sur 100 pour qu'il me réponde.

Il secoue la tête et se lève.

-Ne t'occupe pas de ça Léo. Je me débrouille très bien tout seul.

-C'est ça! Si je n'avais pas été là hier, tu te serais fait rosser, et aujourd'hui tu serais dans un sale état!

Encore une fois, il secoue la tête, et se et à faire les cents pas; entreprise assez difficile dans une chambre aussi petite que la notre. Il finit par s'arrêter, et s'asseoir à nouveau sur le lit.

-Tu ne pourrais pas comprendre, si je te l'expliquais. Ou ne voudrais pas comprendre... dit-il d'un air triste.

Il me casse les pieds! Pourquoi il ne veut rien dire?! Je fais ça pour l'aider et il me rejette! C'est quoi son problème?

-Allez, dis-moi ce qui ne vas pas... Nash... S'il te plaît. Je te promets que ne me fâcherai pas... dis-je d'une voix encourageante, en me baissant à sa hauteur.

Il baisse la tête, et ses épaules sont voutées, comme s'il était extrêmement fatigué, ou abattu par une mauvaise nouvelle.

-Je suis gay...

C'est une mauvaise blague ou quoi?

Il relève la tête, et je vois ses yeux briller, comme s'il était à eux doigts de pleurer. D'accord... Ça n'est pas une blague. Je me mets debout.

-Tu vois, je ne me suis pas énervé, dis-je en écartant mes mains.

Il se passe une main sur la tête, ébouriffant un peu plus ses cheveux châtains.

-Non, tu ne t'es pas énervé, mais tu me détestes, réponds-il d'un air encore plus triste, les larmes aux yeux.

J'écarte les mains en signe de rédition.

-Je ne te détestes pas... Je trouve juste ça un peu... bizarre... Mais je tiens à rester ton ami, même si tu es gay...

Il avait l'air d'aller un peu mieux, jusqu'à ce que je prononce la dernière phrase.

-Je te promets que ça ne modifiera en rien nos relations. Je te le promets, Nash.

Il fait une petite moue, que je trouve assez marrante.

-Alors c'est d'accord pour rester juste amis, dit-il en se levant et en me tendant la main.

Je la prends et je la serre.

Je ne ressent rien de spécial au contact de s main, ce que je trouve étrange. Contrairement à ce que j'aurai pensé, ça ne change rien du tout d'être homosexuel. Je trouve ça assez bizarre d'apprendre que mon meilleur ai est gay, mais ça reste mon meilleur ami. Peut-être qu'à partir d'aujourd'hui il sera encore plus difficile d'aborder le sujet de l'homosexualité avec lui, mais je lui ai promis de rester ami avec lui; alors je tiendrai parole.

Je serai toujours ami avec lui.

HomophobieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant