3. Orange - Être "intelligent"

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18h02. Je suis assis sur le rebord de la fontaine au milieu du carrefour. Je ne sais pas trop pourquoi Thomas m'a invité aussi spontanément à manger avec lui. Nous nous sommes rencontrés seulement hier...

En ce qui me concerne, il m'aurait fallu bien plus de temps avant de proposer à quelqu'un de manger avec moi. Ceci étant, avec le recul, je sais que j'ai moins de spontanéité que la plupart des gens. En l'occurrence, je sens que je peux faire confiance à ce garçon. Il est tout le temps gentil et souriant, j'aime bien les gens comme ça.

— Ah ! Tu es là ! Tu es prêt ?

Il m'a fait peur ce con. Je tourne la tête, il est arrivé depuis l'un de mes flans. Comme d'habitude, un sourire immaculé illumine son visage tandis que la lumière du soleil déclinant fait ressortir ses reflets roux. Je me lève.

— Oui, on peut y aller.

Nous nous mettons en route, il commence à m'expliquer que ce n'est pas très loin, qu'on va marcher dix minutes. Apparemment, c'est un « super endroit » que peu de personnes connaissent. Il faut dire que le campus est gigantesque, le choix est vertigineux pour ceux qui veulent manger à l'extérieur le soir. Tant que j'y pense :

— Je suis végétarien, au fait.

— Ah bon ? C'est génial ça ! Ne t'en fais pas, il y a tout ce qu'il faut. J'y ai déjà été avec Auriane, elle est végane.

C'est super ça. Ne me compare plus jamais à cette fille.

Pendant tout le reste du trajet, il me détaille ce qu'il y a sur la carte et toutes ses « astuces » pour avoir la meilleure qualité de plat possible. J'en apprends aussi plus sur sa vie, il est incroyablement bavard.

— Ne prends pas les plats avec des haricots ou des pois-chiches car ils sont importés de loin et sont cultivés avec des quantités astronomiques de pesticides, c'est vraiment pas bon du tout. En revanche, les fruits tu peux te jeter dessus. En fait pour tout te dire, c'est ma famille qui les produit, ma mère dirige la société familiale localisée à seulement une heure et demi d'ici. Du coup, on fournit la plupart des fruits du campus.

Ah oui quand même... Il continue ses explications pendant tout le trajet. Je dois avouer que c'est intéressant, je pose quelques questions pour le relancer de temps en temps. C'est pratique, il ne me demande pas de faire beaucoup d'efforts pour maintenir la conversation animée.

Nous arrivons finalement devant le fameux établissement : « Chez Michel », l'endroit est clairement inspiré des « diner » américains. Ces espèces de petits restaurants un peu populaires qui servent des burgers et autres plats typiques. Il se poste devant la porte, l'ouvre et la maintient en place pour moi. D'un geste ample du bras il m'invite à entrer.

— Après vous monsieur.

Qu'il est bête... Je le remercie et j'entre. Il n'y a pas trop de monde. C'est plutôt lumineux et propre. Il me guide jusqu'à une table, apparemment il a ses petites habitudes. Nous nous installons et saisissons les menus qui étaient déjà disposés sur la table. Je commence à examiner tout ça afin d'éliminer dans un premier temps tout ce qui n'est pas végétarien. Je le fais surtout pour passer le temps, Thomas m'a tellement détaillé la carte que je sais déjà ce que je veux.

— Donc tu es végane ?

Il fallait que ça revienne sur le tapis forcément.

— Non, végétarien...

— C'est quoi la différence ?

S'ensuit une conversation laborieuse d'une quinzaine de minutes où je m'applique à expliquer patiemment à Thomas la différence entre végétarien, végétalien et végane.

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