Chapitre 2 (réécrit)

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Le cœur battant à la chamade, je baisse le regard et inspecte attentivement ma main, à la recherche de brûlure, de blessure. Mais rien. Sous mon regard halluciné, l'homme en face de moi pose délicatement sa main sur mon épaule et la serre.

« -Tu dois sûrement te poser milles questions. Contente toi de te reposer, pour le moment. Nous en discuterons après. »

Je hoche la tête, difficilement, après ses mots. Encore épuisée ,néanmoins, je joue avec mes doigts pour faire passer le stress  et constate qu'ils sont encore plein de sang.

« Est.. Est ce que je peux m'essuyer les mains s'il vous plaît ? »Dis-je d'une voix presque inaudible.

Il se lève, fais un signe de tête pour que les autres personnes sortent de la pièce et j'attends là quelques minutes. Derrière la porte, une conversation étouffée. Des voix basses, des rires, des murmures.

Je souffle légèrement et les pensées se bousculent à une vitesse folle dans mon esprit.
Comment vais-je rentrer chez moi ?Comment me faire pardonner à ma famille d'accueil ?

Je suis coupée par l'apparition de Deaton, qui me lance un sourire triste et s'approche de moi.

« -Tu veux en parler ? »

Je fais un non, et baisse la tête. Aucune envie de parler, de décrire, de m'apitoyer sur mon sort. Mon cœur me dit de rester forte, et lorsque je lève la tête pour regarder Deaton, je croise le regard de l'homme qui m'apporte une serviette.

« Tiens. Prend. »

Je l'agrippe doucement, essuie ma main droite, puis la gauche. Et je finis par tapoter mon arcade encore ensanglanté. La serviette trempée et rouge de sang, je la roule en boule et la glisse à mes pieds, bien trop épuisée pour aller la rincer. En face de moi, Deaton, assis sur un tabouret, m'observe attentivement. Et l'homme, assis les bras croisés sur la table de consultation, le regard grave, me fixe.

Un silence lourd et pesant envahit l'espace, et le sang sur ma tempe continue de couler à flot sans que je ne puis l'arrêter.

Brisant le silence, je lève légèrement la voix :

« - Qui êtes-vous ? »

L'homme ricane doucement, surpris par la question.

« Je suis Derek. Et à ce que j'ai pu comprendre, tu es Elina, n'est ce pas ? »

Je hoche la tête et la pièce retombe dans le silence.

Deaton se lève de sa chaise et s'approche. De sa main droite, il ausculte doucement ma blessure à l'arcade, et en observant sa moue inquiète, je comprends que mon entaille est plus profonde qu'elle n'y paraît.

Il se racle la gorge.

« -Elina. » Il pose sa main près de ma joue.

«- Il faut recoudre ta blessure, sinon elle va s'infecter, tu comprends ?Je peux le faire, j'ai les connaissances et le savoir nécessaire. Mais si tu ne veux pas, ce que je comprends, je t'emmène à l'hôpital le plus proche et les urgences s'en occuperont. »

Il me faut peu de temps pour prendre ma décision. L'hôpital le plus proche est à 1 heure minimum d'ici, je perds beaucoup de sang et j'ai une confiance aveugle en cet homme.

« -Je te fais entièrement confiance »  lui répondis-je avec un discret sourire.

Je me lève avec mes dernières forces, et me dirige vers la table d'auscultation. Je m'assois difficilement dessus, pendant que Deaton met des gants stériles. Derek quant à lui, est à l'opposé de la pièce, adossé au mur, toujours avec le même regard dur. Inflexible, il me rend légèrement anxieuse. Et son regard dur ne m'effraie plus, qu'il ne me rassure. Il a l'air froid, presque méchant. Pourtant lorsqu'il m'a soigné tout à l'heure, je me suis sentie en sécurité. Je ne sais pas qui il est, ce qu'il veut. Mais son regard me donne l'impression qu'il retient chaque détail, chaque information que je donne.

Deaton installe son matériel près de moi, prend bien le soin de désinfecter. Tout en étant concentré, il lâche encore une fois :

« -Qui t'as fais ça ? Je veux et j'ai besoin de savoir.»

Je soupire. « -La famille d'accueil. »

Deatons'arrête l'espace de quelques secondes, me dévisage l'air triste.

Derek,quant à lui, serre les poings. Même si à cet instant Elina ne le sait pas, la haine monte en lui. Et il contient sa colère, pour ne pas exploser devant elle. Mais l'envie de torturer l'homme qui lui a fait du mal monte en lui. Très protecteur depuis l'arrivée de cette jeune fille, il se sent dans l'obligation de la protéger. C'est inexplicable, mais Derek le sent. Et il s'est promis de toujours suivre son instinct.

« -Et les adoptions ? »

« -Je suis toujours à l'adoption. Mais c'est compliqué, tu sais. Personne ne veut d'une enfant aussi âgée. » Je sourie. «- Tout ira bien. Je suis sûre que je trouverai la famille qui me correspond, Deaton. »

« -Moi aussi. »

Il sourit, d'un sourire tendre et chaleureux. Et je vois dans son visage qu'il a de l'espoir. Il y croit, et il fait confiance en ma bonne étoile. Je le prends dans mes bras, sans bruit, juste pour le remercier silencieusement, de sa présence et de sa confiance.

Après quelques secondes, les yeux fermés, blottis, je me redresse et lui adresse un léger sourire.

« -Je pense que tu peux commencer. »

«-Bien, Cela risque de piquer légèrement, mais surtout, ne bouge pas, d'accord ? »

Lentement, il s'approche, prêt à commencer l'acte chirurgicale. Minutieusement, sans un mot, je le laisse faire. Je n'ai même plus peur, seule la fatigue s'est emparée de moi.
Mais je remarque, petit à petit, que les mains de Deaton commencent à trembler et que son regard concentré semble s'égarer.

«-Je.. Je crois que je ne peux pas. »

Surprise, j'ose lui demander :
«- Qu'est ce qui t'arrive ? »

« -J'ai bien trop peur de te blesser. Je te connais depuis longtemps, et c'est bien connu dans la profession, on ne peut pas soigner les personnes à qui nous tenons. J'en suis incapable... »

Je lui souris, pour lui faire comprendre que je ne lui en veux pas et me redresse, car nous sommes dans l'obligation d'aller à l'hôpital le plus proche, dans ce cas-là.
Deaton, jette ses gants dans la poubelle, lorsqu'une voix grave résonne et le fait se retourner. Derek est là, debout devant lui, le visage sérieux et les sourcils froncés.

« -Moi. Moi je peux le faire. »

Love, Dad (réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant