UNE RUPTURE

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J'ai mal , mais je ne sais où. Je sens une boule quelque part entre ma gorge et mon cœur, je ne sais pas.Je sens quelque chose.

Cela fait trois jours depuis qu'on a rompu Candy et moi.

Ai-je rêver ? Qu'ai-je fait de mal ? Où se trouve l'erreur?

C'est comme si une partie de ma chaire m'a été retirée, mais je ne sais où ni comment. J'ai mal nul part et partout.

Oui, j'arrive à dormir: à force de regarder et de ne rien voir mes yeux finissent par se fatiguer.Plus rien n'a de sens , plus rien n'a aucun goût.
Oui, il m'arrive de manger , mais je ne sens que le spongieux ou le dur de l'aspect de la nourriture: j'ai perdu le sens du goût.
Si , j'aurais voulu pleurer mais ces sensations qui montent de mon coeur vers mes yeux s'arrêtent net dans ma gorge et font un nœud,  on dirait une boule.

Cela fait trois jours que je ne suis pas allé en cours ni en TD, je ne suis allé nul part d'ailleurs.
Je ne réfléchis pas , je ne pense pas. Mon esprit s'absente et divague vers des neants inconnus. J'ai maintenant peur de devenir fou.

J'ai vécu un rêve inespéré suivi juste après du pire des cauchemars : le désespoir.

- Boy li djigheen jarouko nak...( une femme ne vaut pas cette peine)

Souleymane mon voisin de chambre était venu s'enquérir de mes nouvelles.

Sans réponse , je me levai et pris congé de lui:
- tu vas où ?...

Je ne savais où aller, j'avais mal tout le temps, je traînais comme une boule avec moi, qui me pèse .

Mon téléphone sonna , c'était Virgine sa sœur :

Avec une voix apaisante et attentionnée:
- Amadou , comment vas-tu ?
- Bien et toi?
- Bien merci, mais dis-moi...j'ai parlé à Candy , elle m'a dit que vous avez rompu. Amadou , dis-moi qu'est-il arrivé...

Cette dernière phrase qu'elle venait de prononcer avait une consonance de " Kan mo la toogn" comme si le sens était : " Kan mo la toogn" ( qui t'a fait du mal)

Mes lèvres tremblerent et des larmes,enfin ,commencèrent à généreusement s'écouler..

Je coupai le téléphone et l'eteignai avant qu'elle ne rappelle.
Pour la première fois, je vais pouvoir pleurer. Je pris l'oreiller de mon lit, genoux par terre tête enfoncée dans l'oreiller , je pleurais tel un enfant.

Ces larmes me renvoyerent au fin fond de mon enfance.

Ces larmes me rappelèrent , alors que je pleurais sur l'oreiller , quand j'avais 4 ans et que je me réveillai en me retrouvant seul dans la maison et que je pleurai de peur de solitude et que je m'imaginais abandonné, avant que Racky ( la sœur de ma mère) quitte la cuisine pour venir me retrouver.

Ces larmes me rappelèrent ma première blessure sur mon pouce droit qui me fit saigner alors que j'avais 4 ans en jouant avec le fauteuil pliant en bois de mon père, et les yeux effrayés de mon père qui voyait mon sang pour la première fois tout comme moi.

Alors que je pleurais ces larmes me rappelèrent , les sanglots de ma mère quand sa grand-mère à elle a disparu: c'était la première fois de ma vie que je voyais une personne pleurer et c'était ma mère.

Ces larmes me rappelèrent la première fois qu'on me corrigea et que je pleurai par douleur et par surprise de l'intention de me frapper pour que j'aie mal.

Ces larmes réveillèrent mes chimères, je me suis senti seul, abandonné, je me suis senti comme si j'avais 4 ans.

DEUX HEURES PLUS TARD

LES DÉLICES DE L'ABSOLUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant