SEUL

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Partir d'une matière , la douleur.L'accepter , prendre toute sa mesure sa profondeur et son étendue , en prendre une toute conscience , l'admettre en soi. Pour ensuite l'exprimer . L'exprimer en toute beauté , l'exprimer d'une manière à la partager  sans blesser. L'exprimer de sorte à la dénoncer pour que l'oppresseur se rende compte de son mal. L'exprimer de sorte à la soulager. Lui trouver une porte de sortie. Lui faire portée une jolie robe blanche immaculée , elle qui n'est point innocente. La pousser tout doucement vers les extérieurs sans pour autant qu'elle se sente extirper , vexer, elle , la douleur. C'est cela le Jazz..
Ces cordes qui se pincent , se frottent et qui vibrent telles les vibrations intérieures de l'homme opprimés. Ce cri , ce  presque-chant ayant un ton d'élégie  de la victime oppressée jusque dans ses dernières retranchements , le Jazz.

Alors que le cd tournait , j'étais debout devant la fenêtre contemplant toute la beauté et l'art de cette métamorphose de la douleur en cordes qui vibrent , les cordes vocales qui compatissent à ce souffle résonnant , les cordes du piano subissant le marteau , cordes du violoncelles pincées et frottées. Toutes ces cordes s'exprimant en harmonie en empruntant une même voie ..le jazz..c'était la voix de Nina Simone sur "How it feels to be free". 

Par ailleurs , je me posais souvent la question à savoir comment puis-je avoir une telle sensibilité à une musique qui n'est point celle de mes ancêtres , du moins mes ancêtres direct.
Comment se fait-il que cette musique me rappelle comme qui dirait des souvenirs que je n'ai jamais eu? Des ruelles que je n'ai jamais fréquentées , de ce que je sais . Comment se fait-il qu'il me rappelle comme qui dirait une ancienne vie si j'ose le dire ? Ces questions restent sans réponse et pourrait le rester pendant longtemps , je le pense.

Le son de la cloche de l'église au bout de la rue qui termine l'allée du campus me libéra de mes pensées. Candy me quitta pour toujours lorsque qu'elle nous découvrit sa sœur et moi dans ma chambre , ça m'a coûté d'oublier tout cela. Mais c'est du passé. 

Une nouvelle vie commence , avec un nouvel horizon et de nouvelles aspirations.

Oui , évidemment. Il m'arrive de me sentir seul. Elle m'avait donné trop longtemps l'habitude de sa présence , de sa douceur et de toute son amour que j'ai galvaudé , j'en suis conscient. Il m'arrivait de me réveiller au beau milieu et de découvrir qu'il n'y avait plus ce corps chaud et amoureux qui se lovait en moi. Et j'avais fait le deuil de cette présence. 

Cette douleur est maintenant devenue une cicatrice , qui peut-être s'effacera  avec le temps. 

J'étais entrain de mettre mon manteau pour sortir quand soudain mon téléphone sonna.

-Allô M. POUYE ?
-oui ? 
-rendez-vous demain  16h à la place Gambetta...
-qui êtes-vous ?.. Allô ? ...Allô ? 
-.....

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 28, 2020 ⏰

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