Chapitre 29

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Warning  💥

Ce chapitre contient dans son troisième tiers une scène particulièrement violente.

***

Cette nuit, Mihail m'a fait subir de nouveaux sévices, à la fois physiques et sexuels. Cette ordure ressent un immense plaisir à me voir souffrir le martyre. Puis il exige que je lui demande grâce. Je ne supplierai jamais cet immonde salopard, je préfère largement crever de douleur.

Au terme des interminables séances de tortures, il m'oblige toujours à boire son sang. Mon pauvre corps trouve encore la force pour essayer de vomir cette merde. Je m'endors ensuite pendant plusieurs heures. En général, et malgré que je sois une voyante, le sang du vampire agit comme de la potion magique sur mes blessures.

Quand j'ai entrouvert péniblement les paupières, c'est elle que j'ai observée en premier. Elle se tenait assise au bord de mon lit, les mains calmement posées sur ses genoux. Pour un peu, je l'aurais crue vivante. Si ce n'était la pâleur morbide de son magnifique visage, illuminé par deux immenses saphirs.

Elisabetta ! Enfin, je peux la voir...

Elle se lève gracieusement. Ses longs cheveux, aussi noirs et abondants que les miens, retombent vertigineusement le long de son dos.

Si tu veux que ton calvaire cesse, suis-moi !

Elle a parlé directement dans ma tête, de la même façon que Damien. Je m'habille en vitesse et j'obéis sans hésiter, mieux vaut ne pas contrarier les fantômes. Personne dans le couloir, hormis Elisabetta. Elle parait flotter devant une porte sculptée où des dragons s'écharpent au beau milieu du bois.

La chambre de Vlad Draculae...

Je ressens une peur incontrôlable. Je suis déjà entrée une fois dans cet endroit. Vlad est parvenu à repérer ma présence psychique. Maintenant que je me manifeste en chair et en os, ce monstre pourrait me faire bien pire.

Ne crains rien ! Lors de ta première visite, je lui ai permis de te voir à cause de notre ressemblance physique. Au cours de l'attaque des Danesti, je voulais qu'il ordonne aux stryges de t'épargner... j'ai besoin de ton aide, Bérénice.

J'ai l'impression que sa voix, suave et mélodieuse, me transperce doucement de part en part. Je ne sais pas trop comment je peux me rendre utile. Je heurte délicatement un dragon avec une de mes phalanges.

— Entre donc, petite !

Le lit ressemble toujours à une obscure chapelle, rien n'a changé. Je remarque seulement un canapé de velours rouge sur lequel le spectre d'Elisabetta a élu domicile. Vlad Draculae est encore assis à sa table de travail, occupé à griffonner fiévreusement dans un livre entièrement relié en cuir. À portée de main du vampire, une longue dague brille de mille feux parmi les encriers. Une vigie immobile, sans doute, pour se prémunir en dernier recours des attaques du clan adverse. 

— Tu te plais, chez tes nouveaux maîtres ? demande-t-il sans se retourner.

Je fais de mon mieux pour retenir ma colère.

— Un peu, à condition de survivre aux attentions perpétuelles de votre fils à mon égard !

Il se met debout, éclate d'un grand rire.

— Quelle ravissante drôlesse ! Tu as de la chance, il fut un temps où je t'aurais arraché la peau du dos à coups de fouet pour t'ôter l'envie de plaisanter.

Il se montre absolument terrifiant quand il rigole. Néanmoins, c'est un très bel homme. Il possède des traits fins, séduisants, un regard étonnamment profond pour un être visiblement cruel et insensible.

L'Immortel (Roméo et Bérénice)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant