Partie 5 : Dispute

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Lorsque je me réveille, je me sens reposé. J'ai toujours mal partout mais j'ai l'impression que la fatigue que j'ai accumulé durant des années s'est évaporé en une seule nuit. Je tourne la tête et je m'aperçois que Juke est toujours là, en train de dormir. La couette qui la recouvrait a glissée entre nous deux, me laissant le loisir de la regarder. Elle est tournée vers moi, à plat ventre, une jambe pliée. Son visage, même abîmé par les coups que je lui ai porté, est toujours aussi beau. J'admire la courbe de ses sourcils châtains, son nez court et droit. Ses pommettes où ses tâches de rousseur s'étalaient prudemment et s'estompaient sur ses joues un peu creusée par la famine. Je me perd quelques instants sur ses lèvres entrouvertes, blêmes et abîmées par le froid. Une légère coupure dû à mes phalanges séparait celle qui était inférieure en deux. Je me surprends à m'imaginer l'embrasser, lécher sa lèvre blessée et sentir son souffle se mélanger au mien, sa langue humide caresser la mienne avec ardeur. Qu'est ce qu'il me prend ? Je poursuis mon voyage en suivant la courbe de sa mâchoire, m'emmenant sur son cou pâle, le léger décolleté sur ses seins nues que laissait apparaitre ma chemise, puis sur ses fesses, tendue innocemment de l'autre côté, recouverte de mon boxer. Mais ses cuisses tatouées, elles, sont libres de tout tissus. Je pourrais aisément tendre la main pour les toucher... Je me reprends, détournant mon regard. Je me rends compte avec amertume que j'ai envie d'elle. Elle me plaît bien trop, ce n'est pas raisonnable du tout. Cela fait des années que je n'ai pas touché une femme et ça m'avait bien réussi. Pourquoi changer ? Je me lève difficilement et regarde dehors, entrouvrant le volet. Il fait déjà nuit, et personne n'est dehors. Mais je commence à avoir faim. Je suis même affamé. Je prends dans mon placard de quoi m'habiller, et pendant que j'enfile mon pantalon, je l'entends gémir. Je me retourne vers elle, et je la vois changer de position, mais ses yeux sont toujours fermés et sa respiration profonde. Je sors de la pièce et pars dans sa chambre. Je lui prend des affaires de repos dans son placard, puis je retourne la voir. Je pose ses vêtements sur mon bureau et cache mes dessins dans un tiroir. Le grincement la réveille. Merde. Je la vois froncer les sourcils en se relevant, puis elle grogne et fait craquer ses articulations.

- C'est déjà un peu mieux comme ça.

- Tu peux t'habiller, je t'ai pris des affaires propres. Tu as faim ?

- Merci Caporal... mais c'est l'heure du repas ?

- Non, on a loupé tous les repas de la journée.

Elle ne semble pas comprendre, et se lève, allant voir à son tour à la fenêtre. Je me contrôle pour ne pas la mater pendant qu'elle me tourne le dos et qu'elle se penche par la fenêtre.

- Je n'ai pas le droit de manger en dehors des horaires. Elle dit finalement.

- On n'avait pas le droit de se battre non plus et dormir ensemble n'est pas très apprécié des supérieurs si tu veux tout savoir. Je ne t'oblige a rien, retourne dans ta chambre si tu ne veux pas venir avec moi.

- Je viens.

Elle enlève ma chemise sans vraiment de complexe et se change devant moi. C'est déjà la troisième fois que je la vois nue, mais je ne m'y habitue toujours pas.

- Tu ne serais pas un peu exhibitionniste sur les bords ?

- Ça vous gêne Caporal ?  Vous montrez toujours si peu vos émotions, c'est difficile de savoir ce que vous aimez ou non. J'avais l'impression que vous vous en fichiez alors...

Je ne réponds pas, soupirant seulement. Je ne sais pas si elle me taquine ou si elle est sincère, son comportement est si inhabituel que je n'arrive pas à savoir. Quand elle a finit de s'habiller, on sort de la chambre et nous dirigeons vers le réfectoire. Tout est si silencieux et calme. Arrivé au réfectoire, je prends nos repas et on s'installe en silence. On mange sans discuter, comme on en a chacun l'habitude de faire, pourtant nous sommes face à face. Étonnement, sa présence ne me dérange pas. Elle ne pose pas de question, reste distante, perdu dans ses pensées en appréciant chaque bouchée de nourriture. Le calme de la nuit rend l'ambiance reposante et agréable, et je me surprends à penser que je voudrais que ça se reproduise encore, mais le fait que ça soit ma subordonnée nous attirerait trop de problème, bien que notre absence tout au long de cette journée a déjà dû alerté l'œil attentif d'Hanji, ainsi que celui d'Erwin, et peut-être même le pot de colle de Juke, Reiner. Je me permet de la fixer encore. Je me demande ce qu'elle a vécu, avant d'arriver ici. A t-elle grandi dans les bas fond, où elle aurait apprit à se défendre et à encaisser comme elle sait si bien le faire ? Ou bien dans un village reculé, se battant avec ses frères ou ses sœurs pour avoir la dernière miches de pain de la maison ? Enfin, si elle avait autant de parentés. Le fait qu'elle est vu sa famille se faire dévorer sous ses yeux l'avait changé, ou est-ce qu'elle était déjà comme ça avant cet événement ?

Obsession. (Livaï X OC) [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant