Rue de Bourgogne

1 0 0
                                    

Trois mois plus tard. Comme à son habitude en début de semaine, Marc assis à la terrasse du café au coin de la rue de Bourgogne place du Temple, profite de l'ensoleillement qui lui permet de travailler à l'extérieur sans que la luminosité gêne son travail sur sa tablette numérique.

Pour un jeudi, la rue de Bourgogne semblait plus animée que de coutume. Presque autant que le samedi lorsque les promeneurs en quête de bonnes affaires, déambulent d'un commerce à l'autre mêlés aux touristes qui flânent la tête levée, scrutant les façades des maisons, à la recherche des traces du passé historique de la ville assiégée par les Anglais et libérée par Jeanne-d'Arc.

Marc quitte des yeux son écran et le regard dans le vague, l'esprit à la poursuite de la trame futur de son prochain roman, cherche l'inspiration.

Depuis son adolescence il percevait intuitivement ce qui se passe autour de lui, même l'esprit ailleurs, comme un radar en veille, ou une caméra filmant au ralenti sans qu'il soit derrière l'objectif. Son esprit reste aux aguets.

Il ignorait d'où lui venait cette étrange faculté, parfois même gênante quand il aurait préféré ne rien savoir d'avance. Peut-être née des angoisses de son enfance, forgeant sa capacité à toujours se tenir prêt à faire face à toutes éventualités ?

« Voilà votre allongé Monsieur l'écrivain. »

Marc aimait passer du temps assis à la terrasse ou dans la salle d'un café, pour, comme l'observateur d'un aquarium géant, décrypter la vie autour de lui, ou plus simplement, se laisser porter par l'ambiance du moment.

Charlotte la jeune serveuse de La Petite Folie, un des café-restaurants où il aimait venir travailler, venait de poser sa commande sur la table.

Elle s'amusait à lui lancer sympathiquement du « Monsieur l'écrivain » depuis les quelques semaines où, curieuse comme une fille en le voyant taper sur son clavier, elle avait commencé à sympathiser avec lui. Il n'y a pas que le clavier de son ordinateur qui avait éveillé sa curiosité.

Dans la rue de Bourgogne circulait toute une faune hétéroclite d'hommes et de femmes, d'étudiants, de touristes, de sans-abri, de sans-papier.

Les éclats de voix ou les courses folles entre victimes et auteurs de troubles, n'y étaient pas rares, malgré les fréquentes patrouilles de police qui, plus souvent en véhicule qu'à pied, ne faisaient qu'entrapercevoir ce que les commerçants, eux, vivaient au quotidien. Quant aux caméras de surveillance, si elles enregistraient les événements, elles ne pouvaient pas empêcher qu'ils se produisent.

Ce premier jour où Marc s'était installé à une des tables, Charlotte arrivée à la fin de son service de matinée, commençait à fatiguer. Les derniers clients du déjeuner avaient quitté la terrasse du restaurant, libérant les tables qu'elle s'empressait de débarrasser.

C'est tout d'abord le bruit d'une moto qui lui a fait lever la tête.

Charlotte était toujours parcourue par un délicieux frisson lorsqu'elle entendait le moteur d'un de ces bolides. Peut-être un restant de l'équipée sauvage, film qu'elle avait plusieurs fois regardé avec sa maman lorsqu'elle n'avait que douze ans, c'était pourtant il y à six ans.

Moteur au ralenti la moto se rangeait sur le coté de l'entrée du temple. Elle avait reconnu une Honda noire, comme l'était l'équipement du conducteur : casque, sac à dos et blouson. Seuls son jean et un chèche blanc faisaient exception.

Pour avoir l'habitude d'observer les motards, elle avait immédiatement remarqué que celui-ci n'était pas de ceux qui transportent des packs de bière, ou roulent de façon inconsciente et dangereuse. Sont blouson patiné n'appartenait pas non plus à ceux qu'elle nomme « les motards du dimanche », ceux qui ne sortent leur machine que pour la montrer quand il fait beau, frimer, et faire tourner la tête aux passants au bruit de leur moteur.

SAUVER LE BONHEUR DES FEMMESWhere stories live. Discover now