Je déteste t'aimer (Tome3)

•Chapitre 21•

Mon téléphone vibre sur le plan de travail. J'ai une seconde d'hésitation en louchant sur le numéro inconnu qui s'affiche à l'écran. Et si c'était Trent ? Je déglutis en sentant mon cœur se comprimer dans sa cage, la possibilité que ce soit lui emballe la pulsation de mon pouls.

— Tu ne réponds pas ? finit par me demander César et je réalise que le portable ne fait que sonner dans ma main.

Je renvoie l'appel d'un geste rapide du doigt avant de déposer l'appareil sur le comptoir.

— Numéro inconnu, précisé-je devant son haussement de sourcils, et puis j'ai pas la tête à parler à quelqu'un d'autre que toi.

Il esquisse un sourire charmeur avant de baisser légèrement la tête sur ses doigts entrecroisés autour du pied à verre à vin.

— Et où est-ce qu'on en était alors ? s'enquiert-il en plantant de nouveau son regard dans le mien.

Sentant ma gorge sèche vu les révélations que je m'apprête à faire, je gagne du temps en ingurgitant à petites dosées ce vin d'un moelleux onctueux.

— Je te parlais de mon déjeuner avec Leeroy et Joséphine.

— Ah oui, comment vont-ils d'ailleurs ? Ça fait longtemps que je ne les ai pas croisés.

— Bien bien, Lee est sans pareil, égal à lui-même et Joséphine est un peu à cran…tu sais avec le divorce et consort.

Il hoche la tête compréhensif.

— Oh oui je sais ce que c'est, acquiesce-t-il, je lui souhaite beaucoup de courage. Elle m'a l'air d'être une femme forte, elle réussira à aller de l'avant.

— Elle n'a pas seulement l'air, c'est une femme forte et d'ailleurs quelques fois j'envie son audace, cette vision qu'elle a de la vie, elle ne se laisse jamais marcher sur les pattes et affirme tout haut ce qu'elle pense.

— Toi aussi tu es une femme forte, déclare-t-il sans me quitter un seul instant des yeux.

Je hausse les épaules sans toutefois m'en convaincre. Je doute d'être forte parce que si cela avait été réellement le cas, je ne penserais pas à Trent comme cet instant précis. Argh ! Irritée parce qu'il envahit mes pensées comme depuis que je l'ai revu, je fais claquer ma langue en descendant une autre gorgée qui entraîne sur son passage mon amertume.

— Pourquoi tu secoues la tête ? Ce n'était pas une question, mais une information. Tu es forte Catalia, et je crois que ce n'est pas la première fois que je te le dis.

Je m'humecte les lèvres, en gonflant mes poumons d'une goulée d'air.

— Tu ne sais même pas pourquoi tu dis ça.

Il ouvre la bouche, prêt à répondre mais la sonnerie de mon téléphone l'interrompt. Je roule des yeux, et une nouvelle fois renvoie l'appel. Un sourcil haussé, il m'interroge du regard.

— Désolée.

Mon sourire contrit adoucit ses rétines, et il me dévisage avec une profonde expression de tendresse.

— Tu…

Je grommelle des choses inaudibles au moment où il se fait couper la parole une fois de plus par le vibreur insistant.

— Tu ferais peut-être mieux de répondre, et si c'était urgent ?

— Je ne sais pas, murmuré-je.

— Si c'est pour moi que tu hésites, ne t'en fais pas. Je ne vais pas m'enfuir, me charrie-t-il ce qui me soutire un rictus.

— Allô ? dis-je après avoir décroché.