•Chapitre 26•

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Le lendemain, il est de nouveau là. Il occupe la même place. Cette fois-ci nous avons plus d'intimité car ma mère et Nancy ont décidé d'aller faire des courses au supermarché pour remplir le frigo. J'ai voulu leur demander à quoi cela servait étant donné que la nourriture est le cadet de mes soucis à cet instant, mais visiblement il fallait qu'elles s'occupent et quoi de mieux que d'aller à l'inspection des rayons ?

Séparés par quelques centimètres, nous nous observons dans le blanc des yeux. En toute honnêteté, je ne saurai dire quel sentiment précis me traverse en sa présence. Je ne dirai pas de l'irritation, je penche plutôt vers une certaine étrangeté. C'est tellement…inédit. On ne parle pas. On se contente juste de s'abreuver du regard de l'autre. Je n'ai pas la force de lui demander de partir. D'ailleurs, cette pensée ne m'a même pas traversée. En même temps, je ne lui ai pas permis d'entrer dans mon appartement et de s'installer sur mon canapé pour le chasser l'instant d'après.

— Est-ce que…est-ce que tu veux boire quelque chose ? je finis par demander.

Il laisse passer quelques secondes de silence avant de répliquer.

— Volontiers, donne-moi ce que tu as.

— Du café ?

— J'aurais plutôt opté pour un jus de pomme.

— Mais…tu as dit que je te donne ce que j'ai.

L'ombre d'un sourire voile son visage.

— Tu veux me dire que tu n'as pas de jus de pomme ?

— Je n'ai jamais dit ça, protesté-je, et pour te contredire, j'ai du jus de pomme.

Cette fois-ci il esquisse un demi-sourire.

— Le contraire m'aurait étonné, tu en as toujours raffolé. Tu le buvais à chaque instant, raconte-t-il nostalgique.

Je cale une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, en faisant naviguer mes iris sur le côté.

— Tu n'as pas oublié, constaté-je dans un murmure.

— Je n'ai rien oublié de toi Chaton, avoue-t-il.

Je me sens harponnée par ses billes bleues qui semblent être en fusion. Pendant une nanoseconde, j'en perds mon souffle et pour me redonner contenance je secoue doucement la tête avant de me lever.

— Alors va pour le jus de pomme ? m'enquiers-je en changeant de sujet.

— Oui.

Je tourne les talons et marche d'un pas rapide jusqu'à la cuisine. Je m'accorde une seconde de repos en appuyant mon front contre la porte du frigo. Mon Dieu, pourquoi réussit-il toujours à me troubler après autant d'années ? N'ayant aucune réponse évidente à cette question, j'exhale un profond soupir et me remets à la tâche.

— Merci, lance-t-il en enroulant ses longs doigts autour du verre que je lui tends.

Nos doigts se frôlent, et ce geste aussi minime soit-il me procure un frisson au bas de mon dos. Je hoche la tête, et retrouve ma place c'est-à-dire au coin du canapé.

Je l'observe boire et détourne la tête pour ne pas me laisser envahir par cette vision. Bordel, comment mes hormones arrivent encore à être déstabilisées de la sorte ? Putain.

— Tu n'as toujours reçu aucune nouvelle ?

Je sais à quoi il fait allusion et fais signe que non.

— Il y'a une personne qui m'a appelée mais n'a rien dit…le silence était pesant. Je ne sais pas…je pense que c'était le ravisseur et qu'il a pris peur. Mais ce ricanement à la fin…c'était effrayant.

Je déteste t'aimer (Tome3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant