Histoire - Sur le Banc

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  • Dédié à Clarinette ♥
                                    

Toute ma vie durant, j'attends, je flotte et je m'enferme dans ma bulle. Tous les jours, le même rituel, parfois interrompus par l'anniversaire d'un oncle, d'une cousine, à l'occasion des fêtes, ou d'enterrements.

Chaque fois que l'on me parle, j'attends. J'attends le déclic. Mais je suis maudite, les dieux m'ont punis, et m'ont contrainte au silence. Est-ce le karma ? Qu'ai-je donc fait dans cette autre vie pour être ainsi ? Personne ne peut comprendre.

Alors tous les jours, je me plonge dans la peau de mon personnage. Parfois, la prose laisse place aux vers, et c'est une encore bien différente peau que je revêt. Mais une peau qui n'est jamais la mienne.

Un jour il m'a vue. Il est venu me voir. Il s'est assis tout près de moi, sur le banc peint de blanc. J'ai vu les nuages s'écarter, et le soleil faire briller ses cheveux châtains, l'auréolant d'une aura d'ange. Il m'a parlé de tout et de rien, sans sembler attendre la moindre réponse.

J'ai changé. Pendant l'heure, alors que mes habitudes m'auraient conduite à la cafétéria, je suis restée sur mon banc de bois pour l'écouter. Il a enfin remarqué, après un moment à la fois immense et minuscule, le carnet posé sur mes genoux, fermé. La question, demandant ma permission s'est vite échappé. Sans même y réfléchir, j'ai rapidement hoché de la tête, comme si le fait qu'il me lise allait de soit. Il a délicatement pris l'objet et moi, obnubilé par ses mains qui tournaient avec lenteur les pages noircis d'encre, n'ai pas vu son beau visage s'animer de multiples manières. Je n'ai pas vu les larmes qui se sont échappés de ses yeux verts, ni même le sourire béat que ses lèvres ont affiché quelques secondes.

Il a finalement refermé avec soin, de manière presque révérencieuse ma seule attache avec le monde que je m'étais créé et a tout simplement dit:

« C'est beau. C'est très beau »

J'ai levé les yeux et les ai planté dans son regard vert. Celui-ci était franc et pleins de compréhension, dénué de toute pitié.

Il a alors posé une question toute simple qui aurait dû être posé il y a bien longtemps.

« Comment t'appelles-tu ? »

J'ai arraché prestement une feuille de mon cahier et ai écris, avec une lenteur délibéré, ce avec ma plus belle calligraphie, mon prénom.

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Voila :)

J'espère que vous avez aimé.

Dael'

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