Cigarettes

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Ten s'affala sur le canapé en lâchant un soupire de soulagement. Porter ses bottes à talon était déjà une torture alors en rajouter avec un si long trajet c'était un enfer. Il les retira et les jeta dans un coin de son appartement miteux. Il s'étira de tout son long avant de se lever rejoindre la chambre. Il ouvrit la porte et sourit tendrement en voyant deux petites masses les mains entrelacés dormir paisiblement. Ça lui fendait le cœur de devoir les réveiller pour les entraîner dans une dur journée de travail. Il quitta la chambre, décidé à leur préparé un petit-déjeuner avant de retourner les réveiller.

"Lalisa, Kunpimook, il faut se lever, souffla t-il en passant chacune de ses mains dans leurs cheveux."

La jeune fille ouvrit difficilement les yeux tandis que son frère semblait décider à continuer à dormir.

"Kunpimook, lève toi. Si Lalisa va manger il ne restera plus rien pour toi."

"Manger" semblait être le mot magique pour le réveiller car il se redressa soudainement ce qui fit rire Ten et Lalisa.

"Il est quel heure, marmonna t-il en se frottant les yeux.

- Dans les environs de six heures trente.

- Et tu ne rentre que maintenant Chittaphon, demanda sa sœur semblant autant inquiète qu'en colère."

Le jeune homme lui sourit tristement avant de se lever. Il fouilla dans sa poche avant d'en sortir des billets qu'il se mit à compter. Il les partagea en deux et leur tendit.

"Vous pourrez déjeuner toute la semaine avec vos amis à la cafétéria du lycée avec ça et même vous acheter quelques nouveaux vêtements.

- Et toi, demandèrent en chœur les jumeaux.

- J'ai prit ma part."

Il sourit lorsque chacun prit son dût en le remerciant avant que tout deux ne partent vers la cuisine. Ten soupira et fouilla dans sa poche à la recherche du paquet de cigarette que lui avait donné son dernier client. Il coinça une cigarette entre ses lèvres en s'approchant de la fenêtre. Il voulut chercher son briquet avant de se souvenir qu'il n'en n'avait pas sur lui. Un sourire fleurit sur son visage en repensant à Johnny. Il n'avait pas pu le voir en détaille à cause du manque de lumière mais le peu dont il se souvenait lui suffisait. Il mordilla sa cigarette et voulut en prendre une bouffée mais il se rappela qu'il ne l'avait toujours pas allumé. Il souffla du nez avant de quitter la fenêtre pour rejoindre les jumeaux dans la cuisine. Mais il s'arrêta à la porte en entendant de léger sanglot. Il fronça les sourcils et colla son oreille à la porte pour écouter ce qui est dit.

"J'ai l'impression d'être égoïste et de lui prendre tout ce qu'il a. Si j'étais morte à cette accident et qu'il n'y aurait que toi, Chittaphon s'en serait très bien sortit avec un métier normal.

- C'est un métier assez répandu.

- Interdit par la loi surtout, s'emporta la plus jeune. Et il doit vendre son corps plusieurs fois par nuit tous les jours pour payer nos études, pour nous donner à manger, un toit et de quoi se vêtir.

- Mais...

- On fait nos vies, on apprend, on étudie, on se fait des amies, on tombe amoureux, on a un copain et une copine mais lui n'a rien ! Il n'est jamais allé au lycée ! Il n'a aucun ami ! Pas d'amour dans sa vie à part celui fraternel qu'on peut lui donner ! Il pourrit sa santé en fumant et il fait même semblant d'avoir de l'argent ou d'avoir mangé pour ne pas nous inquiéter. J'ai l'impression d'avoir foutu sa vie en l'air, j'ai l'impression que tout est de ma faute !"

Ten grimaça en attendant un bruit sonore qu'il comprit immédiatement être une gifle. Il passa une main nerveuse dans ses cheveux et rangea sa cigarette dans son paquet.

"Justement Lisa. Nous devons être reconnaissant pour tout ce qu'il fait et travailler dur et rester en bonne santé pour avoir un bon métier et pouvoir lui rendre l'appareil ! Arrête de pleurer, je suis désolé de t'avoir frappé, mais j'étais en colère après toutes ces conneries sorties de ta bouche."

Ten soupira et ouvrit la porte de la cuisine. Les jumeaux sursautèrent et le regardèrent surprit. L'aîné passa une nouvelle fois ses mains dans ses cheveux.

"Je ne veux pas que vous vous préoccupez de moi. Comme la dit Kunpimook je veux que vous travaillez dur pour un bon avenir. Vous ne me devrez rien car tout ce que je fais est un devoir qui ne mérite qu'une récompense celui de vous voir heureux. Et si ma vie vous inquiète tant que ça, sachez que la loi et la police sont pourrit et qu'eut même vienne demander mes services, je suis ami avec quelque collègue autant des garçons que des filles et j'ai peut-être un crush. Souvent mes clients me proposent de dîner avec eux alors vous en faîte pas je mange très bien et en plus j'ai toujours mon paquet de fraises avec moi. Je ne fais pas semblant d'avoir ma part d'argent c'est juste que je l'utilise pour payer le loyer, l'eau et l'électricité puis aussi pour faire les courses. Et pour finir je ne fume pas toujours et je ne finis jamais ma cigarette alors tout va bien. Voilà, vous savez tout de ma vie, vous êtes rassurés ? Ah et pour le lycée, de toute façon je n'ai jamais été bon à l'école je suis nul dans toute les matières.

- Tu as peut-être un crush ?

- C'est tout ce que vous avez retenu, fit l'aîné sous les regard curieux de Lalisa et Kunpimook. Ce serait bien que je le revois d'ailleurs, sourit-il en se levant. Je devrais d'ailleurs aller faire les courses. Ne soyez pas en retard, je déteste quand la vie scolaire m'appelle trois fois même si elle sait que je ne répond jamais."

***

Trois sachets dans chaque mains, Ten peinait à avancer rapidement tant ses courses étaient lourdes il se dirigea vers le passage piéton qui lui permettrai de rejoindre son immeuble et posa ses poids à terre. Soudain, près de lui, un homme passa tête baissée, les mains enfoncées dans les poches. Son cœur se mit à battre la chamade en reconnaissant son visage et la panique l'envahit en le voyant sur le point de traverser alors que le feu est toujours au rouge.

"Attention !"

Ten l'attrapa par le poignet et le tira vers lui. Un défilé de voitures passèrent à toute vitesse la seconde d'après. Johnny se tourna vers son sauveur qui put croiser son regard surprit et le fit sourire.

"Ce serait dommage que tu meurs avant notre prochaine rencontre."

Light My Cigarette | johntenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant