Chapter 5

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La nuit à été dure, cauchemardesque. Bakugo est resté près de moi jusqu'au dîner puis il est parti avec sa fumée et ses yeux rouges. Je suis pas descendu manger. Je suis pas descendu déjeuner ce matin. Je ne suis là qu'en cours. Et encore.

M. Aizawa écrit au tableau. Le sujet d'aujourd'hui : le harcèlement scolaire et ses conséquences. Je regarde autour de moi. Les élèves me regardent. Sero et Denki me lancent un sourire timide puis ils baissent la tête. Petit à petit les regards se tournent vers le tableau et je respire enfin. Aujourd'hui je n'arrive pas à faire semblant. J'ai faim. Ça fait longtemps que j'ai pas manger je crois. Sûrement. Je me retourne et vois Bakugo se tortiller à sa place, l'air paniqué. Il me voit et me fusil du regard en s'immobilisant. Je me retourne. Midoriya voit que je n'est pas mon manuel. Il met le sien entre nos de table et écrit un petit mot sur son cahier.

C'est vrai ce qu'ils disent ?

Je hausse un sourcil et le regarde dans les yeux. Il me fait les gros yeux et s'apprête à écrire mais ce fait interrompre par la classe qui se lève d'un seul mouvement. Je me lève à mon tour. Une petite femme ronde avec les cheveux verts est dans l'encadrure de la porte. Midoriya à l'air gêné.

"Voilà votre nouvelle psychologue scolaire, Mme. Midoriya. Elle tenait personnellement à se présenter et à vous parler." explique M. Aizawa avec un air endormi.

"Bonjour les enfants, comme vous l'as dit mon collègue, je suis Mme. Midoriya, votre nouvelle psychologue scolaire. Mon bureau se trouve au troisième étage, à côté de la salle des professeurs. Pour un rendez-vous, vous devez aller demander à votre CPE. C'est totalement gratuit." dit-elle en souriant."Bref, pour ce qui est de ce que je voulais vous dire maintenant. L'adolescence est une dure période de la vie, et, nombre de personnes ne se sentent pas bien dans leur peau à cette étape de la vie. Ça peut être pour n'importe quelle raison d'ailleurs mais ce n'est pas là où je veux en venir. Le sujet que je veux aborder est l'auto-mutilations ou scarification."

Mon sang se glace. Je sens mon cœur battre comme un fou.

"C'est un phénomène destructeur et je voulais vérifier qu'aucun de vous n'ai de cicatrice sur les bras. Alors levé vos manches." dit-elle en souriant.

Je crois que je vais vomir. Mes camarades relèvent leurs manches les uns après les autres. J'ai pas envie de montrer ça à tout le monde. Je suis le bon Eijiro ! Elle se rapproche. Jirou à l'air de paniquer elle aussi.

"Allons, mon garçon, relèves tes manches."

Je sursaute. Mme. Midoriya est en face de moi. Je la regarde droit dans les yeux et remonte mes manches en tremblant. Je n'ose pas regarder. Midoriya se penche pour regarder et recul en mettant une main sur sa bouche. Sa mère me fait les gros yeux. Elle reste calme. Je crois.

"Tu... Tu resteras à la fin du cours mon garçon." dit-elle en s'éloignant.

Je baisse mes manches. Mes yeux sont brûlants. Je lève la main du mieux que je peux.

"Je... peux aller au toilette ?"

M. Aizawa hoche la tête. Je cours. Mais pas aux toilettes. Je monte sur le toit en pleurant. Que va dire mon père ? Que va faire mon père ? Il va être déçu. Il est toujours déçu. Et il me le fait toujours savoir. Et maintenant je dois faire quoi ? Je m'assoie sur une chaise et allume un cigarette.
Je n'arrive pas à redescendre. Je reste jusqu'à ce que ça sonne pour la pose de midi. Quelque minutes plus tard Bakugo arrive sur le toit en furie. Il ne me voit pas et passe devant moi jusqu'au bord du toit.

"Bakugo ?"

Il donne des grand coup de poings dedans. Puis s'arrête et s'écroule en s'asseyant dans une flaque d'eau. Il se retourne vers moi. Il pleure.  Son regard se pose sur moi. Son visage se décompose. Il me fusil du regard puis il fond en larmes. Je ne sais pas comment réagir. Je me lève et avance vers lui.

"Bakugo... Qu'est ce qui se passe ?"

"J'entends pas..." chuchote-t-il.

"Je comprends pas, tu m'entends pas ?"

"J'entends pas."

Je fini par être en face de lui. Je pose une main sur son bras.

"Je deviens... Je n'entends même plus Aizawa en classe."

"Mais qu'est ce que tu raconte ?"

"Je.." les larmes coulent de plus belle sur ses joues.

"Tu?"

"Oui... Je..."

"Explique moi Bakugo !"

"Je deviens sourd !" dit-il en créant des explosions entre ses doigts.

"Mais arrête de raconter n'importe quoi. Je suis sur que non-"

"Si. Ça a commencé depuis le début de l'année. Au début c'était presque rien... Puis je n'arrivais même plus à entendre quand on chuchote. Je crois... Je crois que c'est à cause des explosions... Ma carrière est foutu..." sa voix se brise.

Je m'approche de lui et pause un genou à terre. Il relève la tête. Ses yeux sont pleins de colères et de larmes.
Semblables à deux piscines de sang.
Je passe ma main sur sa joue en essuyant quelques larmes, vite remplacées par de nouvelles. Il ferme les yeux.
Mes yeux se posent sur ses lèvres. Je me rapproche de son visage. De ses lèvres. Sont si proches. Des miennes.
Mais au dernier moment je le prend dans mes bras et le serre fort contre moi. Il passe ses bras dans mon dos et dans ma nuque et pleure silencieusement contre mon épaule.
Au bout de quelques minutes, il relève sa tête et son regard se plante dans le miens. Il rapproche son visage du mien. Si proche que je sens la chaleur de ses lèvres contre ma peau. Il les déposent sur les miennes. L'émotion me retourne l'estomac. Il ferme les yeux. Et d'un coup, une violente pluie s'abat sur nous. Mais nous ne bougeons pas. Profitant de cette instant de paix.

Cœur de pierreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant