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    Lorsque le convois arriva au pied du bâtiments des gamins surgirent de derrière un talus, armés de bâtons, de tuyaux et de cailloux. Certains avaient des armes de poing datant de l'avant guerre. Ils espéraient sans doute trouver de la marchandise à refourguer au marché noir dans les camions qui suivaient Wynson vers le complexe.

     Les gardes du corps du religieux les mirent en joue. Les plus téméraires d'entre eux furent abattus sans sommations avant que Wynson n'ai eu le temps d'esquisser un geste. Il sortit sa main gantée de noir de sous sa lourde cape pour mettre fin à cette tuerie inutile. Il n'avait pas été assez rapide, mais comment aurait-il pu se douter qu'ils tireraient sur des enfants ? On amena les survivants à ses pieds, forcés de s'agenouiller comme un vulgaire peloton d'exécution devant la silhouette immobile, imposante et sans relief de Wynson. Sa cape lui donnait l'allure d'une statue sinistre érigée au milieu du brouillard et des cendres, et des cadavres encore chauds de leurs amis. Une statue sans visage, dissimulé derrière un masque dont seul le bruit régulier de respiration prouvait qu'ils avaient à faire à un être vivant. « Monsieur...Quels sont vos ordres ? »

     — Laissez les partir, ce ne sont que des gosses !!! Une voix retentit,étouffée par le brouillard qui atténuait le son, comme dans une pièce capitonnée. Le cri fut accompagné d'un coup de feu.

     Une balle traversa la tête d'un des gardes du corps dans un son sinistre d'os qui éclate. Le soldat tomba au sol et les canons des fusils quittèrent la tête des enfants et s'élevèrent dans le brouillard à la recherche du de l'assaillant. Une silhouette surgit du rideau poussière et toutes les armes se dirigèrent vers cette dernière,piquant le torse de l'homme de dizaines de petits points verts. Ils ne firent pas deux fois la même erreur, ils attendirent : un geste de l'homme en noir et il était mort.

    Wynson vit tomber le soldat à ses pieds. Il balaya la place des yeux et arrêta son regard sur les corps des enfants qui gisaient dans la poussière. La plupart d'entre eux n'auraient pas atteint l'âge de la majorité, certains portaient déjà des prothèses ; et dieu seul sait quel prix ils avaient dû payer pour les obtenir. La guerre réveillait les plus sombres instincts de l'être humain et il était bien placé pour le savoir. Il parvenait sans peine à imaginer les souffrances auxquelles devaient faire face les habitants du coin pour s'offrir la protection des soldats et les soins des médecins.

     Il releva la tête de ce triste spectacle et son regard couvert par sa visière poussiéreuse se posa sur l'idiot qui venait d'abattre un de ses hommes. Ce n'était pas un enfant,bien que sa voix semblait jeune, sa silhouette confirma alors qu'il avait bien à faire à un adulte, un de ceux nés avant le cataclysme, comme lui. Ce statut d'ancienne faisait que rendre la vie dans ce nouveau monde d'autant plus pénible. Ils avaient connus la civilisation, la paix, le soleil, à une époque où l'air était encore respirable. À bien y réfléchir,les enfants n'étaient peut-être pas les plus à plaindre, ils grandissaient dans ce monde, le seul qu'ils n'aient jamais connu ;et grandir c'était apprendre, s'adapter. Ils ne seraient jamais encombrés par la nostalgie et le regret d'une civilisation qu'ils n'avaient jamais connus.

     Les soldats encerclèrent Orkas. Il semblait assez intelligent pour ne pas les affronter frontalement (ce n'était pas les sbires, sa cible). Le brouillard et la poussière lui fournirent une couverture idéale. « Lâche ton arme ! Lâche ton arme,rat d'égouts ! » Cria l'un des soldats à travers son respirateur au moment où le mécano levait à nouveau son pistolet. Il pressa la détente. Une balle quitta la canon accompagnée d'une une gerbe de flammes et disparu dans le brouillard. Orkas dévoila sa position en bougeant pour esquiver le tir suivant. Les soldats se jetèrent sur lui et un coup de feu résonna à nouveau dans le cratère. Le projectile sortit du canon et atteignit l'homme au masque. Orkas cru qu'il l'avait eu, mais la balle ricocha sur son torse dans un son métallique et alla se nicher dans un camion garé quelques mètres plus loin. Le sourire satisfait qui habitait les lèvres de l'assaillant se fana aussitôt.

Ground Zero (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant