Pour commencer ce recueil je voulais vous partager cet écrit basé sur une chanson d'Aliose, " P.S. ". J'espère qu'il vous plaira autant que cette chanson me plait ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Bonne lecture ^^
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« P.S. : Parfois j'entends vos rires. »
J'appose le point final à ma lettre et la remets au gardien pour qu'il puisse l'expédier. Je soupire en retournant dans ma cellule. Voilà près de deux ans que mon quotidien n'a pas changé. Levé à 8h, petit-déjeuner, travaux obligatoires -des intérêts généraux en somme, mais bien inutiles pour certains-, déjeuner, après-midi libre, libre à traîner ta carcasse dans les couloirs de pierres grises, à lire ou à écrire, dîner à 20h puis couvre-feu obligatoire deux heures après. Bien morne quotidien. C'est ça, les prisons du nord. Le froid qui s'infiltre entre les barreaux et sous nos maigres couvertures, meurtrissant aussi sûrement que l'ennui et les remords, bien que bien moins vicieux.
L'ennui, il vient au fil du temps qui passe, alourdissant la tête, entraînant la fatigue et la flemme. Les remords... Ils sont présents depuis bien trop longtemps, une masse de plomb pesant sur mon cœur, chaque jour un peu plus lourde. Je donnerai tant pour effacer mes erreurs. Mais cela ne se limite pas à ça... J'y ai pris plaisir sur le moment, et c'est jusqu'à ma nature qu'il faudrait changer. Je sacrifierai tout ce qu'il me reste, si tant est qu'il me reste quelque chose, pour simplement revoir leur visage, entendre leur voix, leurs rires... Parfois, les bourrasques gelées font vibrer et résonner les barreaux comme un doux carillon, aussi clair que leurs rires... Tout ce qui me manque dans ces moments-là, ce sont leurs étreintes. Je soupire à nouveau en ressortant de ma cellule quelques heures plus tard pour dîner.
Ce soir, on se réunit en salle commune, soirée nostalgie, chacun racontera ses souvenirs de gosses. Je souris légèrement en essayant d'imaginer cette bande d'idiots à l'époque où ils étaient mômes, des petits gnomes encore innocents. Je me dis que je leur parlerai de ma fille, de mon Trésor qui me manque tant. Elle ne sait pas ce que j'ai fait, elle est trop jeune encore. Elle ne pourrait pas comprendre que son père est un monstre... Je la protège comme je peux, romançant mes lettres pour elle, pour la tenir éloignée de la personne que je suis et de mon passé.
Au passage de la porte, j'aperçois un bout de mon visage dans le reflet des barreaux. Un œil brun, terne, éteint. Un œil envahit de remords laissant s'échapper une larme traîtresse.
« P.S. : Parfois j'entends vos rires. »
Je ronge mon frein, enfermé dans cette cage de fer. Je rêve du jour où je pourrai les revoir, les serrer dans mes bras, leur dire à quel point je les aime. A présent, lorsque je ferme les yeux, je ne vois plus que des visages flous, effacés par le temps. Cela me fend un peu plus le cœur à chaque fois. J'ai l'impression que l'on m'a tout pris... Mon honneur et mon humanité, je les ai perdus il y a bien longtemps déjà. Mais aujourd'hui, c'est le temps qui se fait voleur, et qui emporte loin de moi mes souvenirs heureux, qui m'enlève le peu qu'il me reste d'elles...
De gros sanglots résonnent soudain dans le coin opposé de ma cellule, me sortant de ma tristesse solitaire. Mon camarade d'infortune. L'homme le plus grand que j'ai jamais vu, capable de briser un crâne dans le creux de son coude, j'en suis certain. Qui aurait cru qu'une telle créature serait aussi sensible, pleurant quasiment chaque jour ?
Je n'avais jamais trouvé la force de lui dire de se calmer, ni d'aller le réconforter. A quoi bon ?... Je me laisse simplement envahir par sa peine, bercer par ses larmes. Je ne peux le juger, alors je les partage avec lui. Ce soir encore, je m'endors les larmes aux yeux, tentant désespérément de retrouver le contour de leur visage...
Le jugement est tombé... Putain... Je me saisis d'un papier, d'un stylo et me posai au bureau. Pardonne-moi Trésor. Je vais quitter le froid du nord, mais pas pour la destination que j'espérais. J'aurai tant aimé te voir grandir, assurer mon rôle de père, te protéger des dangers de la vie, te voir me crier dessus, me dire que je suis le pire des pères mais savoir que tu m'aimes quand même. Mais ça je ne le connaîtrai jamais ma Princesse, parce que je suis vraiment le pire des pères. La lune éclaire ma lettre de ses doux rayons d'argent pendant que j'écris. Je le sais, je te regarderai de là-haut mon cœur. Puisses-tu réussir à me pardonner mes erreurs, un jour...
Sautant une ligne, je m'adressai à celle qui m'avait tant offert.
A toi que j'ai trahi, je ne mérite pas ton amour... Et pourtant tu me l'as offert... Je t'aime tant, si je le pouvais, j'effacerais toute ma vie, je tuerai jusqu'à la personne que je suis, pour la reconstruire avec toi, pour que tu ais l'homme et la vie que tu mérites, si tu veux de moi... Crois-tu vraiment que je mérite une telle condamnation ?... J'en doute un peu, mas je reste un monstre malgré tout... Je suis tellement désolé mon amour, continue de vivre, refais ta vie avec quelqu'un qui te mérite, sois heureuse. Je te demande simplement de dire la vérité à notre fille quand elle sera en âge de comprendre... Fais-le je t'en prie, même si je ne suis pas vraiment le droit de te le demander...
Je vous embrasse fort mes amours, je vous aime et où que j'aille vous serez toujours dans mon cœur.
Adieu.
P.S. : Ne cessez pas de rire.
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Mood & Songs
Non-FictionRecueil de textes inspirés de chansons, ou simplement par mes émotions et humeurs du moment.