Chapitre 15: Winny Furet et l'ours en bois

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Il était plat. Un soufflet plat. A ce rythme-là, elle n'arriverait effectivement jamais à détrôner son oncle.

Winny eut une moue et baissa les bras au sens littéral, manquant de les faire rebondir sur ses hanches tant elle y alla vite. La porte menant à l'entrée du bar s'ouvrit alors qu'elle tentait un rituel de chance constituant à marmonner en sautillant et elle leva les yeux, un sourcil arqué, découvrant avec surprise une jeune fille aux tresses brunes :

« Je présume que tu es Winny. » dit la nouvelle venue sans même un bonjour en la dévisageant avec curiosité, sans aucune gêne.

« Tu supposes bien. » répliqua la cuisinière du dimanche en essuyant ses mains sur son tablier, intriguée. « Et toi, t'es qui? »

La nièce du propriétaire des lieux fit le tour du plan de travail, venant se planter devant la gamine que ses quatre années de croissance supplémentaires permettaient de dominer.

« Je m'appelle Diane. » répondit ladite gamine sans se démonter. « Diane Lazare. Je voulais te parler au sujet de mon frère. »

Les sourcils bien dessinés de Winny se haussèrent et elle leva les épaules d'un air désintéressé :

« Qu'est-ce que j'en ai à faire, de ton frère? »

Sans perdre contenance, Diane fouilla dans sa poche et en extirpa le prospectus, qu'elle mit sous le nez de son vis-à-vis. L'intérêt que portait la jeune femme aux cheveux liés pour la petite Lazare gravit en flèche :

« Tu as eu ça où ? » demanda-t-elle précipitamment en prenant le papier.

« J'ai trouvé ça dans la poche de mon frère. » révéla Diane en la regardant dans les yeux. « Je voudrais savoir comment tu l'as connu. »

Winny hocha lentement la tête, semblant comprendre à qui elle faisait allusion :

« Taille moyenne, cheveux noirs qui semblent avoir connu du gel mais ont pas mal mangés, barbe mal rasée et yeux d'un beau bleu lagon en pleine tempête lors du mois de juillet ? Habillé d'une jolie petite chemise noire mal fermée qui laisse voir le haut de son torse et d'un vieux jean troué? »

Diane cligna plusieurs fois des yeux à la suite de cette description, perplexe et étonnée :

« Euh... Si tu rajoutes 'gros', oui ça lui ressemble pas mal.

_Ah. Désolée mais le type dont je parle n'était pas gros. »

Son interlocutrice eut un mouvement d'humeur :

«D'accord, bon. Il n'est pas si gros que ça ! Enfin bref, il s'appelle Wilfrid. Du coup tu le connais ?

_Pas spécialement. Il est juste venu au bar, ce matin. Il était complètement bourré, c'était plutôt amusant à regarder. Je lui ai donné un papier avant qu'il parte, c'est tout.

_Oh... » murmura la fillette en réponse. « Donc il n'est pas dans votre club des gays ?

_Notre quoi ? »

Winny se mit à pouffer avant de reprendre :

« Écoute petite, je dois repasser chez mon oncle avant midi. Mais si tu veux continuer cette discussion, tu n'as qu'à m'attendre dehors et on la poursuivra en chemin. Je te rejoins dans dix minutes, ça te va? »

Un enfant ayant eut une éducation stable et classique aurait probablement dit non. Tout le monde savait que sortir avec un inconnu et le suivre n'était pas la meilleure des idées. Olive et Wil l'avaient maintes fois répété. Et Simon s'y était également mis, par ailleurs. Mais aucun d'eux n'étaient l'un de ses parents alors Diane accepta l'offre de la presque adulte. De toute manière, si cette Winny tentait quoique ce soit contre elle, elle s'en mordrait les doigts. La petite Lazare se voyait déjà lui enfoncer ses doigts dans les yeux au moindre problème.

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