Chapitre 15

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-Allô ?

Le visage d'Emma fût traversé par de nombreuses émotions durant ce court appel. Cela ne dura que quelques minutes et pourtant cela suffit à secouer toutes les idées qui vivaient sous son crâne. Elle finit par raccrocher, le souffle court, chaque battement de son cœur résonnant contre ses tympans. Sa prise se raffermit autour du téléphone qu'elle tenait dans sa main droite. Elle sentait que des bourdonnements s'approchaient dangereusement de ses oreilles. Pas maintenant, pas maintenant, pensa-t-elle très fort. Elle expira longuement avant de prendre une grande inspiration. Elle força ses épaules à se détendre afin de faire fuir les tensions qui commençaient à s'agiter en elle. Malgré tout ses efforts et sa concentration, elle constatait que sa respiration s'emballait, et c'était tout ce qu'elle ne voulait pas. Un verre d'eau, oui, de l'eau. Elle rassembla toute sa concentration et s'appliqua à expirer longuement pour enfin se calmer. Elle répéta l'opération qui semblait peu à peu fonctionner. Ses esprits à peu près retrouvés, elle s'obligea à sortir de sa chambre, sachant qu'elle ne devait pas s'enfermer. Elle se faufila jusqu'à la salle de bain du premier étage, afin de récupérer un verre d'eau.

La porte s'ouvrit brutalement sur Maxime, qui devait probablement sortir de sa douche au vu de la serviette autour de sa taille. Les yeux d'Emma reconnurent immédiatement le torse face à elle et elle releva la tête, croisant alors le regard perçant du jeune homme. Ce qu'il y lut ne lui plu aucunement.

-Ma... souffla-t-il alors qu'il la détaillait désormais de bas en haut afin de trouver un indice qui confirmerait ce qu'il venait de lire dans les prunelles de la blonde.

Elle n'avait pas la force de prétendre ou de se défiler. Elle s'efforçait déjà de garder en elle les larmes qui s'accumulaient au bord de ses yeux, il lui était impossible de se concentrer sur autre chose. Elle se sentait nue. D'autant plus parce qu'elle savait que le brun lisait sans difficulté en elle, et encore moins en cet instant. Son regard scrutateur finit par s'arrêter sur la fine main de la jeune femme qui entourait un peu trop fermement le téléphone.

-Je me change et j'arrive, déclara-t-il sérieusement en la contournant. Reste dans la salle de bain, bois un verre d'eau et assieds toi si tu as besoin.

Il lui adressa un regard entendu avant de rentrer dans sa chambre pour enfiler des vêtements: la dernière chose dont il avait besoin c'était de se retrouver à moitié nu dans la salle de bain avec Emma.


Luca se laissa tomber dans le canapé, fatigué en cette fin de journée. Le petit groupe d'amis avait passé leur journée à Oslo, en parfaits touristes. Ils avaient commencé par le musée d'histoire et de civilisation dans la matinée, puis s'étaient dirigés vers le palais royal situé à quelques pas de là. Après les incontournables photos et le spectacle de la relève de la garde, ils avaient fait une pause repas bien mérité dans les jardins du Palais qui abritaient de jolies statues colorées et amusantes, dessinées par des enfants des écoles d'Oslo puis amenées à la vie par des artistes. Ils étaient ensuite redescendus vers le port du côté d'Aker Brygge où ils avaient visité le musée du prix Nobel de la Paix. Le bâtiment avait beau ne pas être très grand, ils avaient passé de longues heures à lire chacun des panneaux ou à écouter les vidéos sur le thème des lauréats de l'année : les violences sexuelles comme arme de guerre.

-Ça m'a tué ce musée, se plaint-il.

Il tourna la tête guettant la réaction de son meilleur ami qui venait de prendre place à côté de lui. Ne se retrouvant que face au silence, il comprit que Maxime était une nouvelle fois perdu dans ses pensées. Il lui tapota l'épaule pour attirer son attention.

-Oui ? réagit immédiatement le photographe.

-T'étais complètement perdu dans tes pensées... Je te disais que c'était intense cette exposition...

Sous un soleil d'étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant