Une histoire de timing

Prologue

Dans la vie, tout était question de timing. Le proverbe « tout vient à point à qui sait attendre » était donc tout à fait approprié. Parce qu'après tout, rien ne survenait au hasard, chaque événement avait un rôle bien précis et la seule chose que l'on pouvait contrôler était notre interprétation de ces derniers.

Tout cela, Erin le savait parfaitement bien. Malgré tout, cela ne l'empêchait pas de chercher à tout calculer, maîtriser, et à céder à la panique lorsqu'elle perdait le contrôle. Se laisser aller, bien que l'idée semble alléchante, était un concept difficile à assimiler pour elle, tant elle avait l'impression de passer à côté des choses si elle ne les planifiait pas. Elle avait passé une bonne partie de sa vie à dresser des listes, à faire des fiches bien propres, à organiser sa vie telle du papier à musique. Claire comme de l'eau de roche. Elle ne pouvait bien sûr prétendre que rien n'était laissé au hasard, il lui arrivait tout de même de parvenir à lâcher prise et à se laisser allègrement surprendre par les mystères du destin. Mais, lorsqu'elle avait l'occasion de tenir les rênes, elle la saisissait sans trop d'hésitation. Cela avait quelque chose de rassurant, après tout, le contrôle.

Quant à l'aventure, c'était une chose à laquelle Erin aspirait sans pour autant oser se lancer pour de bon. Passionnée par de nombreuses choses, elle faisait partie de ces personnes qui commençaient mille projets sans parvenir à en faire aboutir ne serait-ce qu'un seul. Elle aimait la sensation que lui procuraient les idées fourmillant dans son esprit, au moment de leur naissance. Mais une fois confrontées à la réalité, ces idées perdaient de leur charme, devenaient quelque peu fades, et la lassaient aussitôt. C'était toujours plus beau dans le creux de son cerveau, là où rien ni personne ne pouvait venir interférer.

Et pourtant, un jour, un événement inattendu allait faire basculer le quotidien de la jeune femme. Cela la chamboulerait tellement qu'elle ne s'en remettrait jamais réellement. Elle se contenterait de se laisser porter par la vie, telle une vague dont le rythme serait guidé par le vent. Et elle se surprendrait à y prendre goût, à cette perte totale du contrôle, à ce goût sucré de liberté.