Chapitre 2 - Tout est dans le regard

33 1 0
                                    

Les cinq minutes s'étaient transformées en heures, et quand Erin ouvrit les yeux, il faisait déjà nuit noire dehors. « Et merde ! » jura-t-elle, avant d'attraper son téléphone pour consulter l'heure. « Il est déjà 20h, Mathis va me tuer ! » songea-t-elle. En parlant de lui, il lui avait envoyé plusieurs messages. Les premiers étaient enjoués et taquins, et les derniers se faisaient plus insistants, voire inquiets. Elle se hâta de rédiger un message se voulant rassurant, promettant qu'elle se dépêchait de se préparer et qu'elle arriverait d'une minute à l'autre.
Ni une ni deux, elle se redressa, toute engourdie, avant de s'étirer longuement. Un bref passage à la salle de bains lui permit de constater qu'elle avait la marque du coussin du sofa sur la joue. Il lui fallait impérativement prendre une douche. Nouant ses cheveux en un chignon grossier, la jeune femme entreprit de retirer ses vêtements usés par sa journée de travail avant de se faufiler dans la cabine de douche où coulait déjà l'eau chaude, prête à la réveiller définitivement. Si elle n'était pas déjà tant en retard, elle aurait pu y rester un bon quart d'heure, afin de laisser à ses muscles l'opportunité de se détendre au contact de la chaleur et de la vapeur.

Le dilemme était maintenant sa tenue : cela faisait tellement longtemps qu'elle n'était pas sortie ainsi qu'elle ne savait pas quoi mettre. Miser sur la sobriété avec un jean noir et un chemisier coloré, bien cintré ? Un peu d'élégance et de glamour avec une jolie robe, ni provocante ni fille sage ? C'était dur d'être une femme, car on avait bien trop de choix de tenues. Un homme pouvait choisir entre T-shirt ou chemise, jean ou pantalon plus chic. C'était vite plié. Mais les femmes, elles, aimaient avoir un style pour chaque occasion. A croire que c'était imprimé dans leur gènes que de vouloir toujours innover. Si Erin ne se prenait que rarement la tête pour s'habiller lorsqu'elle se rendait au travail, tant qu'elle était présentable et non vulgaire, c'en était tout autre lorsqu'elle quittait son masque d'employée : elle aimait se sentir bien dans son corps, et cela passait par le choix de ses vêtements.
La jeune femme finit par opter pour une robe légère noire, des collants opaques et une paire de bottines à petits talons. Ne sachant pas où Mathis comptait l'emmener, il valait mieux miser sur la prudence. De toute façon, Erin n'était pas une fervente utilisatrice des talons aiguille.

Afin de ne pas gâcher tous les bénéfices de sa douche rafraîchissante et du temps précieux passé à se pomponner, la brunette opta pour le métro. Alors qu'elle marchait d'un pas assuré et rapide, pensant naïvement rattraper le retard monstrueux qu'elle avait, elle pianota rapidement sur son téléphone, prévenant Mathis de sa position actuelle. Il la gronda quelque peu et ajouta que le couvre-feu initial n'avait plus lieu d'être, puisqu'elle avait rompu sa promesse. Erin soupira, un léger sourire naissant au coin de ses lèvres. Mathis ne ratait jamais une occasion de contourner les règles établies et d'amener la situation à son avantage.
Alors qu'elle s'apprêtait à remettre son téléphone dans sa poche, approchant de la station de métro, ce dernier se remit à vibrer. Trouvant son ami particulièrement impatient, elle déverrouilla l'écran et constata que le message reçu venait de Jenny :

Il paraît que ce soir, un prince charmant va rendre sa chaussure de vair à Cendrillon. Mais pour ça, il faudra patienter jusqu'à minuit.
Amuse-toi bien ma belle, et surveille Blondie de loin !

L'esquisse de sourire avait laissé place à un sourire franc et appuyé sur le visage maquillé de la jeune femme. Mathis était vraiment déterminé à changer le cours de sa vie amoureuse, pour l'avoir annoncé à sa petite amie !
Curieuse de ce qui l'attendait, Erin passa le portique conduisant aux rames et choisit de descendre les escaliers plutôt que de s'adonner à la paresse de l'escalator. Cela ne lui ferait pas de mal, lorsqu'on savait qu'hormis les courts allers-retours à vélo, le sport était un mot quasiment inexistant de son vocabulaire. « Je n'ai personne à draguer », se répétait-elle souvent en guise d'excuse pour justifier son manque de motivation. Dommage, c'était sa mission du jour : séduire ou se faire séduire. A cette pensée, elle soupira assez bruyamment pour que l'homme qui patientait à côté d'elle hausse un sourcil. La discrétion n'était décidément pas son fort, aujourd'hui.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 22, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Une histoire de timingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant