Chapitre 1

2.2K 289 62
                                    

Félix prit une profonde inspiration avant de passer la porte de sa nouvelle salle de classe. Ses parents, après avoir vécu la majeure partie de leur vie en Australie, avaient décidé de revenir s'installer en Corée du Sud, leur pays d'origine. Cette décision avait été très difficile à accepter pour Félix, elle impliquait de devoir quitter sa maison, son école et ses amis pour un pays dont il ne maîtrisait que très basiquement la langue. Mais il n'avait pas vraiment eu son mot à dire. Il avait été presque malade la veille de son premier jour dans son nouveau lycée.
Après quelques minutes à patienter dans le couloir, le professeur l'invita à entrer.

— Nous accueillons aujourd'hui Lee Félix, il nous arrive tout droit d'Australie et ne maîtrise pas très bien notre langue, je vous demande donc de bien vouloir l'aider en cas de besoin.

Les élèves hochèrent lentement la tête et Félix se présenta rapidement dans un coréen approximatif et avec un accent prononcé. Il pouvait voir certains élèves sourire aux quelques erreurs grammaticales qu'il avait faites et ça le mettait mal à l'aise. Il fût ensuite invité à s'installer à une place libre au fond de la salle du côté du couloir. Et lorsque la leçon d'histoire débuta, il prit conscience qu'il allait devoir cravacher s'il ne voulait pas rater son année de première.

À l'heure de la pause, contrairement à ce qu'il avait imaginé, aucun curieux ne vint le voir pour le bombarder de questions sur sa vie à l'étranger et bizarrement, ça lui faisait de la peine. Il s'était promis de s'en moquer, de se concentrer sur ses études et de ne pas prêter attention aux autres élèves, mais ça n'en restait pas moins douloureux d'être ignoré.

Il se décida finalement à sortir de la salle et à faire le tour de l'établissement. Il essaya de ne pas se préoccuper des petits rires moqueurs qu'il entendait à son passage ou des quelques imitations peu flatteuses de son accent australien. Sa déambulation hasardeuse le conduisit jusqu'à la salle de dessin, dont la porte était ouverte. Elle se trouvait au troisième et dernier étage du lycée et n'était que rarement utilisée au vu des draps qui couvraient la plupart des meubles et sculptures présents dans la pièce.

Félix s'installa près de la fenêtre et laissa échapper un long soupir. Il n'avait pas envie d'être là, il voulait retourner en Australie et retrouver sa vie d'avant. Il sentit les larmes lui brouiller progressivement la vue lorsqu'un bruit sourd le fît sursauter.

— Il y a quelqu'un ? demanda-t-il en se retournant brusquement.

Il s'essuya les yeux d'un revers de manche et balaya la pièce du regard. Il n'y avait personne et aucun signe d'un objet au sol qui aurait pu être la cause de ce bruit. Félix s'avança au milieu de la pièce et remarqua une porte dans un coin, elle devait donner sur une espèce de local de stockage pour le matériel de dessin et de peinture.

— Qui est là ? demanda Félix avant de se diriger lentement vers la porte.

C'était certainement un élève qui voulait s'amuser à lui faire peur. Il poussa prudemment la porte entrouverte et entra dans la petite pièce. Elle faisait moins de trois mètres de large, quelques tables y étaient stockées dans le fond, à côté de deux grosses armoires. Une petite fenêtre peinait à éclairer la totalité de la pièce et Félix dut plisser les yeux afin de les habituer à l'obscurité partielle.

— Hello, fit une voix masculine.

Félix fit un bond en arrière.

— C'est toi le nouveau ? reprit cette même voix.

Félix finit par discerner une silhouette assise sur les tables et appuyée contre un des murs de la pièce.

— Qui es-tu ? demanda Félix.

— Changbin, et toi ?

— Félix.

Il s'avança et finit par découvrir le visage de son interlocuteur. Le jeune garçon semblait du même âge que Félix, il avait un visage triangulaire et ses cheveux noirs lui tombaient dans les yeux. Il avait un air mystérieux.

— Quelque chose ne va pas, Félix ?

Pourquoi le questionnait-il ? Ils ne se connaissaient pas, ils ne s'étaient jamais vus, et ça n'était pas comme si Félix allait se confier au premier venu. Il secoua la tête.

— Non, tout va bien.

Changbin leva un sourcil.

— Pourtant, on ne pleure pas quand tout va bien.

Félix se sentit rougir, honteux à l'idée que quelqu'un ait pu le voir pleurer.

— Très bien, je comprends que tu ne veuilles pas m'en parler, on vient tout juste de se rencontrer après tout, dit Changbin en descendant de sa table.

Il s'approcha de Félix, les mains dans les poches.

— En fait, je vais te dire un secret.

Félix haussa un sourcil, ce Changbin était vraiment particulier mais en même temps, il avait attisé sa curiosité et le jeune australien appréciait de pouvoir enfin discuter avec quelqu'un.

— Pour tout te dire, je suis un génie.

— Un génie ? répéta Félix, dubitatif. Tu veux dire que tu es très intelligent ?

— Non, non, enfin si, mais pas ce genre de génie, répondit Changbin un sourire malicieux sur les lèvres. Je suis un génie qui exauce les vœux.

Cette fois, Félix ne put se retenir de rire. Changbin se moquait de lui, il en avait maintenant le cœur net.

— Et moi qui pensais avoir rencontré quelqu'un qui n'allait pas se payer ma tête.

Félix passa une main dans ses cheveux décolorés et se tourna pour sortir de la pièce.

— Attends ! lui dit Changbin en le retenant par le bras. Qu'est-ce que tu as à perdre ? Au pire ça ne marche pas, qu'est-ce que ça te coûte ?

Félix le fixa pendant quelques secondes. Changbin avait raison, qu'avait-il à perdre ?

— Bien entendu, pour que ça fonctionne, il faut que tu souhaites quelque chose qui te tient vraiment à cœur. Ça n'est pas quelque chose à prendre à la légère, précisa le soi-disant génie.

Félix réfléchit quelques instants. Quelque chose qui lui tenait à cœur, à ce moment précis ?

— Je voudrais que les gens de ma classe arrêtent de se moquer de moi, et pouvoir me faire des amis, déclara Félix à voix basse, presque gêné de ce qu'il avait à dire.

— La formule magique ? demanda sérieusement Changbin toujours en le retenant par le bras.

Félix ferma les yeux et prit une profonde inspiration.

— Changbin, je souhaite me faire des amis dans ma classe et qu'on arrête de se moquer de moi.

Aussi étrange que cela pouvait paraître, l'australien avait prononcé ces mots le plus sérieusement du monde. Changbin relâcha lentement son bras et sourit.

— Compris.

Make a Wish ~ [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant