Make a Wish ~ [TERMINÉE]

Chapitre 3

Après deux semaines au sein de son nouveau lycée, Félix s'était désormais fait quelques amis parmi ses camarades de classe, il avait fait d'énormes progrès en coréen même s'il rencontrait encore de nombreuses difficultés.

Il n'avait jamais recroisé Changbin, pourtant ça n'était pas faute d'avoir essayer de le voir dans l'établissement. Il aurait pu retourner dans le local de la salle d'art mais il s'était promis de n'y retourner qu'en cas de "vrai" besoin et il ne se sentait pas encore assez proche de lui pour y retourner uniquement pour le voir.

Même s'il avait réussi à s'intégrer plus ou moins bien à son nouvel environnement, Félix devait avouer que l'Australie lui manquait beaucoup, après tout, il y avait passé toute sa vie. Rien en Corée ne lui rappelait son pays d'origine et c'était parfois douloureux. Même si ses camarades étaient curieux et lui posaient beaucoup de questions, il aurait aimé pouvoir partager des choses avec quelqu'un qui le comprenait. Il aurait pu essayer d'en discuter avec ses parents, mais ces derniers faisaient tout pour éviter le sujet. Moins ils évoquaient l'Australie, plus ils pensaient aider leur fils à s'intégrer. Et finalement, le jeune garçon finit par se dire qu'il serait peut-être utile d'avoir à nouveau recours aux services de Changbin.

Un après-midi, après les cours, Félix se rendit donc dans la salle d'art. La porte du local était encore entrouverte et Félix commença à se dire que si Changbin s'y trouvait encore, alors soit il était un fantôme qui hantait les lieux, soit il vivait littéralement dans cette salle, autrement, il était impossible qu'il s'y trouve. Et pourtant, il distingua la silhouette du mystérieux jeune homme dès qu'il passa le pas de la porte.

— Changbin ? demanda-t-il hébété.

— Salut Félix ! Besoin d'un service ? lui répondit-il sur un ton enjoué.

— Non, je venais juste... Tu habites ici ou quoi ?

— C'est important ? répondit Changbin du tac au tac.

— Comment tu fais pour toujours être ici justement quand je viens ?

Changbin haussa les épaules.

— Si tu n'as pas besoin de moi, je peux tout aussi bien partir, dit-il en descendant de sa table habituelle.

Il passa près de Félix afin de sortir de la pièce, mais ce dernier l'en empêcha en l'attrapant par le bras.

— Non, attends !

Finalement, il se fichait bien de savoir si Changbin était le génie du local de la salle de dessin ou juste l'homme qui tombait à pic, il avait besoin de lui.

— J'ai...

— Un souhait à formuler ?

— Oui, avoua Félix en relâchant sa manche.

— Je t'écoute, dit le soi-disant génie en croisant les bras.

Félix prit une profonde inspiration avant de soupirer longuement.

— L'Australie me manque.

Malgré les cheveux qui cachaient son front, il devina que Changbin avait levé un sourcil interrogateur. Félix comprit qu'il devait se montrer plus clair s'il voulait que son voeu soit exaucé.

— Je souhaite que quelqu'un partage ça avec moi, dit-il en jouant avec les boutons de sa veste.

Changbin ne put s'empêcher de sourire face au visage visiblement gêné de son interlocuteur.

— Compris.

***

Le lendemain, Félix avait hâte, hâte de découvrir si "la magie" de Changbin avait une fois de plus fonctionné. Sa mère fut même surprise de le voir se lever de bonne heure afin d'aller au lycée en avance. Lorsque Félix arriva dans sa salle de classe, il remarqua qu'il était le premier arrivé, il s'installa à sa table, les mains croisées et attendit. Il savait que c'était ridicule, comme si quelqu'un allait débarquer comme ça et l'emmener en Australie ou alors peut-être qu'un australien allait débarquer ! Il sourit tout seul à ses propres pensées, c'était ridicule. Il finit par sortir ses livres de cours et se plongea dans ses leçons.

Rien d'extraordinaire ne se passa ce jour-là, et une fois de plus, Félix se demanda si Changbin ne s'était pas moqué de lui.
À la fin des cours, il prit son sac et sortit de la salle sans même saluer ses nouveaux amis avant de partir. Il était déçu, très déçu. Il voulait croire aux pouvoirs de Changbin, il voulait croire que le garçon avait vraiment la capacité d'exaucer ses vœux. Mais il devait se faire une raison, la magie, les génies, les miracles, ça n'existait pas. Il passa le portail du lycée et tourna à droite pour rentrer chez lui, lorsqu'une voix l'interpella.

— Hey ! Wait a second mate !

Félix s'arrêta net et se retourna pour voir qui parlait anglais. Il vit un jeune homme blond s'avancer rapidement vers lui.

— Félix, right ? lui demanda l'inconnu avec un sourire.

Félix hocha la tête, le jeune homme portait le même uniforme que lui alors il devait faire partie du même lycée. Pourtant, Félix ne se rappelait pas l'avoir déjà croisé dans l'établissement. Devant l'expression dubitative de Félix, l'inconnu se présenta.

— Je m'appelle Bang Chan, on m'a dit que tu venais d'arriver d'Australie ?

Félix acquiesça.

— Moi aussi ! J'y ai passé toute mon enfance ! continua le dénommé Chan avec enthousiasme. Je suis arrivé ici il y a plusieurs années maintenant, mais bon, l'Australie me manque je dois bien l'avouer.

C'était bizarre, que quelqu'un discute avec lui en anglais et ça lui faisait plaisir même chaud au coeur, et ça le rendait nostalgique. Les deux jeunes hommes firent un bon bout de route ensemble, et quand ils arrivèrent au croisement où leur chemin devait se séparer, ils s'installèrent sur un banc afin de discuter encore un peu.

Chan était arrivé en Corée à ses treize ans, il était en dernière année au lycée, il semblait très bien intégré et cela rassura Félix, lui aussi un jour y arriverait. Un jour, il serait aussi à l'aise que Chan dans son nouvel environnement.

Les garçons se saluèrent avant de se séparer, et Félix ne pouvait s'empêcher de sourire. Avoir pu partager ses souvenirs avec Chan, avoir pu parler de l'Australie avec quelqu'un qui en était originaire, c'était ce dont il avait besoin. Et quand Chan lui avait proposé de le revoir pour discuter à nouveau, il avait tout de suite accepté.

Félix s'était empressé de partager sa rencontre avec l'australien avec ses parents dès son retour à la maison. Et ces derniers avaient été soulagés que leur fils ait trouvé quelqu'un qui pouvait l'aider à vaincre son mal du pays. Une fois dans son lit, Félix ne put s'empêcher de se poser à nouveau la question, était-ce seulement une coïncidence ou Changbin y était-il vraiment pour quelque chose ?