First💫

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Je regarde ma montre et je soupire. Merde à la fin !

Cela fait plus de quinze minutes que je suis bloquée dans cet embouteillage infernal. Le soleil tape fort sur le pare-brise et je sens la sueur couler le long de mon front. En plus, j'ai deux clientes à bord dont l'une d'elles qui n'arrêtent pas de râler.

-Sokhna, si nguir yalla, do dawal sa auto bi nak. Fi dafa tangu dieur akh. (Jeune fille, tu ne peux pas conduire ta voiture là. Ici il fait chaud hein), me dit-elle en s'éventant avec son foulard.

Elle a la soixantaine, un long moussor sur sa tête et le visage marqué par les rides. Elle porte une robe boubou aux motifs fleuris et des bijoux en or qui brillent à la lumière.

-Ah Sokhna si tamit nank rék, y'a une embouteillage, vous ne voyez pas ? Je ne peux pas faire de miracle, lui réponds-je calmement.

Elle me lance un regard noir à travers le rétroviseur et se tourne vers l'autre cliente.

-Y'en a marre dal. Té sakh ani taxi ak chauffeur bou djiguéne ishh. (Et pourquoi une fille doit conduire un taxi), dit-elle d'un ton méprisant.

L'autre cliente acquiesce en silence. Elle est plus jeune, la quarantaine peut-être, habillée sobrement d'un tailleur gris et d'un foulard noir. Elle tient un sac à main en cuir et un téléphone portable qu'elle consulte de temps en temps.

Je ne lui réponds même pas et repositionne ma casquette avant de me concentrer sur la route. Ils pensent dal qu'une fille ne peut pas gravir les échelons comme les garçons. Ils pensent que je n'ai pas ma place dans ce métier d'homme. Ils pensent que je suis une femme sans scrupule qui cherche à se faire de l'argent facile.

Mais ils se trompent.

Les raisons de ce choix du métier sont nombreuses et c'est moi qui l'ai choisi. Alors je ne vois rien ni personne qui va m'arrêter à le faire.

Heureusement qu'elle est arrivée à sa destination qui est Diameguene (Un quartier de la région de Saint-Louis). Je me gare devant une maison aux murs décrépis et au portail rouillé.

-Tiens, ça.

Elle me tend un billet de 1000 qui était le montant convenu.

-Dieureudieuf.

-Deugueur fiit rék si gouné. Bama dioudo sama ndeye ak sama baye meussouma guiss ab chauffeur bou djiguéne. (Audacieuse que tu es. Je n'ai jamais vu une jeune fille qui est chauffeuse de taxi), finit-elle par dire en claquant ma portière.

Je souris et secoue la tête de gauche à droite.

Un véritable calvaire !

Depuis plus de cinq mois maintenant, c'est comme ça que je vis, mais Al-hamdoulilah j'ai un remède contre ça: le stoïcisme. Je ne me laisse pas atteindre par les critiques et les insultes. Je reste forte et déterminée à poursuivre mon rêve. Un rêve que j'ai depuis que je suis petite: conduire une voiture.

Je contourne la voiture et amène l'autre dame à HLM. J'allume ma radio et mets du Wally Seck Faramaréne. C'est dur d'être une femme dans ce pays et de réussir car tout le monde croit que nous sommes des faibles ou que nous devons nous contenter de rester à la maison. Mais moi je veux plus que ça. Je veux être indépendante, libre et fière de moi-même.

-Je ne sais pas pour quelles raisons tu fais ce boulot dh wayé t'es une femme courageuse car avec tous les risques qui l'englobent tu l'as choisi quand même, me dit-elle.

Elle a une voix douce et chaleureuse. Elle me regarde avec un sourire bienveillant.

-Ah ma tante, nék si ay tolof tolof adouna rék motax wayé dou dama niakk kilifeu wara lanéne. (Ah ma tante, c'est juste que je suis dans une vie semée d'épines et d'embûches mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas quelqu'un d'indigne ou bien), lui répondis-je.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 04, 2023 ⏰

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Taxi-Woman[En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant