Osmose (OS KPOP)

Jour de pluie

Plic, ploc

Une goutte, elle glisse, dévale la feuille frêle, chute pendant un court instant, un instant où le temps semble s'être arrêté, puis s'écrase durement sur le sol, relançant à nouveau ce bal incessant qu'est la vie d'une goutte.

Parfois, Yoongi se dit qu'il est un peu comme une goutte. Il peut sembler transparent de l'extérieur, mais renfermer des secrets et des pensées profondément enfouis en lui. Il peut sembler léger comme une plume, puis l'instant d'après lourd comme le plomb. Il chute continuellement, mais finit toujours par se relever péniblement et recommencer ce cycle infernal.

C'est un jour de pluie, du moins, d'après ce que les autres disent. Néanmoins, Yoongi lui, ne voit rien de plus que le reflet de la mélancolie et des regrets qui l'habite.

Peut-être était-ce égoïste de penser cela ? Après tout, qui était Min Yoongi pour pouvoir se faire remarquer au point que le ciel pleure pour lui ?

C'était juste un garçon, assis là, dans un coin de sa chambre, fixant par sa fenêtre le déluge qui s'abattait sur elle depuis quelques heures. Peut-être plus, peut-être moins, qui sait.

Le sol était dure, cependant, Yoongi ne se leva pas. Il commençait à avoir un peu froid aux pieds, mais il n'alla pas mettre ses chaussons. Sa gorge était affreusement sèche, néanmoins, il n'avait pas envie de boire.

Il se contentait de rester dans son coin, regardant par la fenêtre, son regard vide perdu loin dans ses pensées moroses et nostalgiques.

Il ne soupirait pas, ne tapotait pas des pieds, ne s'agitait pas. C'était presque comme s'il ne respirait plus, figé par le spectacle céleste.

La chambre était plongée dans le noir, et seuls les rayons opaques de la lune qui peinaient à traverser les nuages sombres éclairaient faiblement la pièce, permettant de constater les dégâts qu'une personne avait causé dans cette dernière. Les dégâts que Min Yoongi avait causés.

Les draps avaient été violemment retirés du lit double, les tables de chevet retournées, les lampes explosées au sol, et les rideaux arrachés à la fenêtre ne pendaient que par une tringle survivante au massacre. Tous les cadres avaient été cassés, répandant une pluie de bouts de verre brisés sur le sol, reflétant la lumière par petits éclats faiblards.

Pourtant, un cadre avait survécu à l'apocalypse. Un seul, se trouvant sur les jambes maigres de Yoongi. C'était bête, mais il n'avait pas pu le briser, comme tous les autres.
Il ne savait pas réellement pourquoi celui-ci plus qu'un autre, mais lorsque sa main avait saisit violemment la photo, il n'avait pu s'empêcher de jeter un coup d'œil. Un simple petit coup d'œil rapide, mais qui avait suffi à stopper son geste.
Malgré lui, il n'avait pas pu se résoudre à le faire disparaître.

Yoongi ne souriait pas. Il ne pleurait pas. Il n'était pas énervé.
Non, il était simplement vide. Il se sentait vide, comme si ce trop plein d'émotions l'avait vidé d'un seul coup.

Alors qu'il regardait toujours par la fenêtre, il baissa les yeux lentement, finissant par contempler à nouveau le cadre sur ses jambes.

En soi, la photo n'avait rien de particulier ou d'extraordinaire. Elle était plutôt banale, les bords de l'image légèrement cornées et déchirées à certains endroits, s'étant abîmée avec le temps. Malgré la noirceur de la pièce, Yoongi pouvait aisément deviner les silhouettes de sept garçons, réunis tous ensemble, souriant grandement à la caméra en se tenant par les bras.

Yoongi le savait bien, il voyait ces sept garçons marcher ensemble dans la ville, traînant sans but précis en une paisible journée d'automne. Le temps n'était ni trop chaud, ni trop frais, et les rives bétonnées sous les ponts en acier avaient toujours été leur lieu de rendez-vous privilégié.