Bleu Miracle

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Sois gentille, éteint la lumière
Éteint-la, comme je l'ai fait avec mes prières
Qui ont perdu leur raison d'être
Et n'ont tirées la larme d'aucun dieu
Laisse-moi disparaître
Sois gentille, laisse mourir mes adieux
Ferme la porte, en sortant
Ferme-la,
Le silence viendra me tenir au courant
Des derniers aveux de mon cœur, qui pourrit ici-bas

Je dépose des allumettes sur ce linceul
Depuis qu'elle a fumé sa dernière cigarette, le vent est en deuil
La brise ne joue plus avec nos cheveux, elle n'emporte plus les feuilles
Tout continue de s'agiter, dans ce monde bien seul,
Il tourne encore, mais le mien est figé
Il s'est arrêté,
Il s'est endormie,
Il me donne des insomnies,

Oh, Mon petit mouton noir !
Tu t'amuses à mettre mon existance en foutoir !
Reviens, tu me manques,
J'ai suppliée, je suis branque,
Je coupe mon souffle, suffira t-il que je souffre ?
Que j'attende nos retrouvailles, pendue à un gouffre ?
Tu ne reviendras pas, tu ne liras plus
Ni les Beaudelaire, Rousseau ou Camus
Tu ne reviendras plus,
Et personne ne t'as cru

Je vois cette lumière, disparue sous le prisme
De ces cauchemars latents, qui s'y glissent,
Dans mon placard j'entend les battements
De cet amour jamais dit, aux baisers oniriques saveur printemps
Et cette affection que je porte, elle rampe, dans mes soupirs
Elle s'exprime tout le temps, je ne veux pas la laisser croupir
Dans les eaux profondes d'une pensée résolue
De ces phrases toutes faites dont les bien-pensants sont pourvues
Je ne t'oublierai pas, comme je n'ai pas oublié tes clopes, tes livres, tes yeux,
Tes fautes, toi ivre, tes vœux,
Ta tristesse emballée dans de la maigreur,
Ton Laroxyl-whisky à toute heure

J'ai attendu, jusqu'à ce que mille et une nuit passent,
Mais jamais un conte merveilleux n'a réchauffé ma carcasse
J'ai attendu que tu passes,
Mais tu t'effaces
Ce monde perd ta trace,
Comme il s'est perdu, car trop vorace
Trop petit, trop grand, pas assez pour nous
Si fragile, si fort, si fou
Tu n'as qu'à rester à l'abri dans mes souvenirs
Une partie de toi pourra continuer à vivre
Entre deux projets littéraires, trois mots égarés,
Seize poèmes inachevés

Quand le Soleil se lèvera, ton visage se sera dissippé
Dans une brume monochrome, comme de la fumée
Quelle soit de cigarettes, un brouillard ou de la buée
J'aimerai que tu restes, ça ne me dérangerai pas de te cacher,
Une nuit, cinq ans, une vie
Dans mon cœur, puisque ma tête n'appelle que les "Et si ?"

Alors, j'attendrais ta réponse, je compterais mes insomnies,
Les heures qui filent entre les aiguilles de l'horloge,
J'écrirais nos non-dits,
J'en ferai l'éloge,
J'en ferai l'amour,
J'en ferai la cour,
J'en ferai un empire,
J'en ferai le pire,
J'en ferai la ruine,
J'en ferai la gouine,
J'en ferai ce que les autres appellent "Enfer"
J'en ferai un Paradis pour t'y plaire

J'attendrais une nuit, cinq ans, une vie,
Pour te revoir fumer, appuyée contre le mur de la pharmacie
Sauf qu'ici, tu iras bien
Tu auras de doux matins,
Tu auras mes bras
Mes draps
Un chemin après la route
Un esprit dégagé tel le ciel, sans peine ni doute

Ah, sois gentille ! Éteint la lumière,
Éteint-la, éteint la meurtrière
De toutes mes prières, de tous mes vœux,
Qui n'ont jamais atteint l'oreille d'un dieu.

Bleu Miracle.

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