PARTIE II: Stude.

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[Rue, Low District, Equality City, 2 Octobre 2115, 7h13]

Le temps était compté, une vie était en jeu. Alors, Stude courut le plus vite possible en direction de la pharmacie la plus proche. La seule de tout Low District. Stude avait réellement besoin d'antiseptiques, d'antalgiques, d'antipyrétiques et de gazes (bandes en tissus, utilisées comme une sorte de compresse) . Une pince lui serait aussi nécessaire.

Le temps pressait, mais ce n'est pas facile de traverser quasiment tout le quartier en courant rapidement quand on vit dans une sorte de bidonville surpeuplé. La jeune femme devait bousculer les gens sans trop les gêner au risque d'attiser leur colère.

Même si la pharmacie était la seule existante dans le secteur, il n'y avait que deux clients qui ne faisaient que regarder pour comparer le prix des articles avec leurs revenus puisqu'ils, comme Stude, n'avaient pas assez d'argent. Normal, puisqu'il est très difficile pour Low District de se procurer des fournitures médicales, il est donc tout à fait "compréhensible" qu'il n'y ait pas d'hôpital.

Les médicaments et soins disponibles dans le drugstore (pharmacie en anglais) était bien évidemment trop chers, Stude ne pouvait rien faire d'autre qu'abandonner ou voler. Abandonner voudrait dire laisser mourir son petit frère, et voler signifiait qu'elle aurait une chance de le sauver ou qu'elle aurait la malchance de se faire prendre en flagrant délit, se faire poursuivre, arrêter et potentiellement exécuter.

La seule solution à laquelle elle ne put se résoudre était de voler. Stude avait l'habitude de voler, et quelques fois aussi de se faire prendre. Mais à chaque fois, elle arrivait à semer ses poursuivants et rentrer chez elle saine et sauve.

La jeune femme était en train de regarder tous les articles disposés librement dans la pharmacie. Elle prit quelques uns d'entre eux, les rangea très discrètement dans son sac en tissus légèrement déchiré, où le kaki se perdait, sali par la terre. Stude avait évidemment bien regardé autour d'elle pour voir si quelqu'un avait remarqué son vol, mais personne ne la dévisageait, tous beaucoup trop concentré sur autre chose.

Stude commença alors à sortir de la boutique, calmement, tout en marchant. Elle prit le chemin pour aller chez elle, mais elle avait la sensation que quelqu'un la suivait. Entourée de personnes qui la collaient à cause de la surpopulation, elle tourna la tête, et effectivement, un homme d'une carrure assez importante était en train de la fixer. La fille bouscula et traça pour fuir. À ce moment là, elle avait déjà changé de direction pour ne pas qu'il sache où elle vivait.

L'adolescente fuit dans une ruelle quelque peu étroite qui, dès l'entrée, avait déjà deux sorties qui lui permettrai de le distancer. Le malabar (homme très fort, costaud) n'était plus seul, deux autres colosses avaient fait leur apparition. Alors, elle sprinta et alla dans une seconde ruelle encore plus étroite que la précédente, mais les hommes la poursuivaient toujours. Elle savait que dans cette ruelle, il y avait un petit passage, environ quinze à vingt centimètres de largeur, et elle imaginait donc que ses poursuivants ne seraient pas en mesure de passer. Ce "petit" passage était malheureusement un peu long, puisqu'il allait sur une distance de presque cent mètres. Elle l'emprunta alors, puisqu'étant maigre, elle était tout à fait capable de le prendre.

"HOMME 1
-Sale petite voleuse, tu ne nous échappera pas comme ça !

HOMME 2
-On connaît ce quartier encore mieux que notre poche ! On te retrouva, sois en sûre."

Stude avait légèrement entendu les paroles des deux hommes mais ne les avait pas écoutées. Elle ralentit, et marcha, essoufflée.

"STUDE
-Ils sont venus d'où les deux autres là ? Qu'est-ce qu'il me voulaient au juste ? C'est parce que j'ai emprunté deux, trois trucs de rien du tout ? C'est bon, c'est pas la fin du monde."

Stude sortit du long chemin étroit. Elle était maintenant face à ce que tout le monde appelait "le Mur" ou encore "les Murs". Ces murs étaient réellement bien des murs. Ils empêchaient quiconque de sortir, et étaient protéger par cinq soldats vêtus de combinaison blindée noire et gris foncé, de casque qui cachait leur visage rude, et d'armes tels que des fusils d'assaut, des mitraillettes, ou des lance-grenades. Elle les remarqua, et hélas, eux aussi l'avaient remarqué, ils pointèrent alors tous les cinq leur arme sur elle.

"SOLDAT BRAVO
-Ici le soldat Bravo, intrusion au poste 4, en attente d'un quelconque mouvement brusque, aucun renfort demande. Terminé.

SOLDAT 1
-Qu'est-ce que tu fais ici petite ? Demanda-t-il tout en la ciblant avec son fusil.

STUDE
-J'ai dix-sept ans,...je suis adulte. On obtient la majorité...à seize ans ici, je vous signale. Dit-elle si essoufflée.

SOLDAT 1
-Tu n'as pas répondu à ma question. Affirma-t-il toujours en braquant son arme sur elle.

STUDE
-J'ai..., je ne sais pas, il y a...des hommes qui m'ont poursuivit et je...j'ai fuit. Déclara-t-elle encore essoufflée.

SOLDAT 1
-Pourquoi te suivaient-ils?

STUDE
-Je n'en ai aucune idée !

SOLDAT 1
-Le bleu, vas la fouiller.

SOLDAT ROMEO
-Mon nom de code est Romeo, je vous le rappel, soldat Juliett.

Le soldat Romeo était une femme. Elle se tourna et s'avança vers Stude. Puis lui dit :

SOLDAT ROMEO
-Je vais te demander de te retourner, et de tendre tes bras.

Le soldat Romeo avait fouillé Stude et ne trouva rien d'autre que des soins.

SOLDAT ROMEO
-Elle a des médicaments et des gazes. Informa-t-elle ses coéquipiers.

STUDE
-Dites, vos noms de code, c'est vraiment Romeo et Juliett ? Rit-elle.

SOLDAT JULIETT
-Que comptes-tu faire de tout ceci ?

Stude s'était arrêtée de rire, comprenant qu'il n'était vraiment pas là pour plaisanter.

STUDE
-Shakespeare ? Non ? Ça ne vous dit rien ? Si évidemment que ça vous dit quelque chose... J'ai jamais eu la chance de pouvoir étudier ses œuvres, vous savez. Elle se tut un instant puis reprit. Excusez-moi, je n'ai pas répondu à votre question, et personnellement j'ai pas tellement envie de vous énerver, messieurs... Et madame... C'est pour mon petit frère, il s'est [...], et il en souffre. Je pense qu'il pourrait ne pas survivre si je ne me dépêche pas. Je dois VRAIMENT le soigner.

SOLDAT JULIETT
-Baissez vos armes. Soldat Bravo, lève l'alerte.

SOLDAT BRAVO
-Ici soldat Bravo, nous déclarons une fausse alerte au poste 4. Terminé.

STUDE
-Ça veut dire que je peux partir ?

SOLDAT ROMEO
-Oui, tu peux y aller.

Le soldat Roméo revint à son poste.

STUDE
-Romeo et Juliett... Rit-elle encore tout en partant."

Stude avait repris un chemin totalement différent mais assez court pour retourner chez elle. Et encore une fois, elle ne prit pas le temps de marcher, puisqu'elle n'en avait point. Arrivée à son domicile, elle se rua alors sur son frère pour le panser. Il semblait pâle et mourant, ne résistant presque plus à la douleur.

[EN PAUSE] TrespassersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant