♤~| Prologue |~♤

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      Chicago, 03h46.
Un homme âgé d'une quarantaine d’années sortit d'un bar dont le calme contrasté pour la ville animée en soirée était répandu. Celui-ci possédait une mallette marron tenue fermement par sa main gauche, elle était vielle et abîmée, faite de peau de cuire de mouton elle avait une odeur particulière qui faisait grimacer les passants lors d'une rencontre, sur cette mallette était gravé les initiales J.N. Ce genre de mallette allait parfaitement avec le style vestimentaire de son propriétaire, celui-ci portait un long manteau en tissu beige de marque, une chemise blanche faite sur-mesure le collant au niveau du torse et du ventre montrant la présence de graisse dans ceux-ci, ainsi que des mocassins vernis noirs.
L'homme à la mallette salua le barman qui était visiblement une connaissance et donc notre homme pour lui un habitué du coin.
      Il commença à déambuler des les rues illuminées de la grande ville. La saison hivernale rendait les rues de nuit plus sombres et plus lugubres qu'auparavant, il y était très facile de trébucher et de tomber à cause du givre. Les pauvres gens sans abris et sans domicile ou s'abriter de ce froid mortel succombaient les uns après les autres, morts gelés et oubliés ne possédant personnes pour les pleurer. Notre homme passa alors à côté d’un de ces oubliés, possédant tout de même une humanité il accouru devant l'homme immobile allongé sur le goudron gelé. Il prit son pouls et soupira formant ainsi un nuage de chaleur sortant de sa bouche, il lança un regard désolé au cadavre tout juste trouvé. Il lui ferma les yeux qui étaient encore ouvert et prit ensuite son téléphone et composa le numéro des autorités pour leur signaler le cadavre. Pendant que la sonnerie retentissait dans le haut parleur du smartphone, l'homme à la mallette se releva et marcha quelques pas en sortant de la ruelle où il avait trouvé le sans domicile fixe. Il cherchait un meilleure réseau et avait peur que son appel ne passe pas et devrait recommencer l’opération. Or, il n'avait pas un temps illimité. Son domicile chauffé et illuminé l'attendait à quelques pâtés de maison. L'homme à la mallette passa sa main libre dans ses cheveux faisant ainsi briller l’alliance qu'il avait à la main. Une famille l’attendait dans son domicile, mais ce n’était pas la seule raison de sa précipitation et son manque de temps. Il avait laissé sa mallette près du cadavre et son regard se posait sans arrêt sur elle. C’était au croisement des rues qu'il avait un meilleur débit, tant qu’il n’aurait pas passer son appel il ne pouvait pas bouger, mais laisser sa mallette aussi loin lui était intolérable. Son contenu devait lui être extrêmement précieux. Son stresse ne faisait qu'augmenter à chaque sonnerie, sa respiration s’accélérait aussi bien que les battements de son cœur. Plusieurs nuages de buée sortaient de sa bouche et son nez se perdant dans la ruelle où la mort était passée.
      Puis soudain la sonnerie de son téléphone se coupa, il crut que enfin quelqu'un de responsable avait décroché à son appel qui pour lui durait depuis une éternité. Mais l’euphorie ne dura que quelques secondes. Son téléphone commença à le brûler dans sa main, collé à son oreille il n'avait pas vu que celui-ci fumait, la chaleur se mélangeant avec celle dégagée par sa respiration. Il grimaça de douleurs et poussa un râle pour évacuer cette information soudaine. Il regarda son téléphone d'une main tremblante et vit alors son écran partir en vrille, il s'éteignait et se rallumait sans cesse, allait sur des applications puis les refermait, écrivait des messages incohérents et chauffait encore et encore. Le pire était le son de l’appel tant désiré par l'homme à la mallette, il était sans cesse entrecoupé, la voix du policier à l'autre bout du fil totalement incompréhensible, allant des forts aiguës pour vers des tonalités beaucoup plus graves. Puis plus rien. Son téléphone s'éteignit pour la dernière fois. L'homme à la mallette resta béat, ne comprenant absolument rien à ce qu'il venait de se passer. Son téléphone était encore sous garantie signifiant qu'il n'avait pas plus de 2 ans, un âge où un téléphone est encore fonctionnel et ne devrait pas poser ce genre de problème et de fin si particulière. Tournant son téléphone dans tout les sens et essayant désespérément de le rallumer l'homme à la mallette oublia totalement le cadavre derrière lui, ainsi que sa précieuse mallette.
       Il était tellement embêté et prit dans sa panne soudaine qu'il ne remarqua pas les lourds bruits de pas derrière lui. Ce ne fut que quand il entendit des craquements d'os et une flaque de liquide ici du sang, se formée sur le sol qu'il se rendit compte du danger se trouvant dans son dos. Son visage perdit de ses couleurs et des sueurs froides sont venues refroidir son corps déjà gelé par le froid, ses mains qui avant tremblaient de douleur se mirent à trembler de peur entraînant avec elles l'entièreté du corps de l’homme à la mallette. Ses tremblements incontrôlables firent alors tomber le smartphone au sol, et le choque soulagea notre homme de sa paralysie et il put ainsi se retourner.
         Une vision d'horreur se forma devant lui. Un être humanoïde à la peau grise et aux membres anormalement allongés plongeait son regard d'un noir intense dans celui de l'homme effrayé. Son regard était tellement profond qu'on aurait dit que la créature ne possédait pas de choroïde. La créature relâcha le cadavre de l'homme sans abris qui se trouvait dans sa gueule béante juste avant, celle-ci était ornée d'une paire de dents acérées comme des lames de rasoirs entre elles, ou coulaient à flots le sang du défunt. Ce qui tomba de la prise de la créature ne fut que le torse du cadavre. Son corps avait été coupé en deux parties, les craquements d'os étaient la colonne vertébrale qui avait cédée aux crocs de la monstrueuse créature libérant ainsi le sang hors du corps du dévoré pour créer la flaque où baignaient en ce moment ses membres en charpie. À la vue de l’homme la créature se tourna vers lui et poussa un hurlement strident qui résonne dans la ruelle. Ce n’était ni un cri humain, ni un hurlement animal. Un son à glacer le sang et unique.
           L'homme a la mallette toujours tourné vers la créature, tremblant de tout son long, ouvrit la bouche et prononça ces paroles :
《-Je sais ce que tu es. Dit-il dans un souffle court et d'une voix tremblante.》
La créature plissa ses grands yeux noirs et d'un bond vola dans les airs et atterri à quelques centimètres de sa future victime. De sa grande main gauche, elle l'enroula autour de son abdomen puis d'une force remarquable comparé à l’épaisseur de son bras, elle plaqua l'homme à la mallette contre un mur et suffisamment en hauteur pour que ses pieds ne touchent pas le sol. L'homme capturé essaya comme il pouvait de se débattre en hurlant de peur et priant pour que quelqu'un vienne à son secours. La créature visiblement connue par celui-ci, sortit sa langue de sa bouche, une langue extrêmement longue et pointue qui vint caresser avec douceur la joue gauche de l'homme capturé. La salive laissée sur celle-ci commença à le brûler sévèrement et il en hurla à pleins poumons tellement la douleur était insupportable et aiguë. La salive de la créature passa à travers la chair de sa joue et vint se loger dans la bouche de sa victime, la toxine répend alors à l'aide de sa salive. Pour essayer de se protéger et de se sauver l'homme à la mallette essaye comme il peut de ne pas avaler sa salive et laissa ainsi sa bouche fondre en bavant de la salive toxique mélangée à son sang sur la grande main de la créature priant pour que ses effets indésirables agissent sur elle. Mais rien. Sa grande main était intacte. Un énorme sourire malveillant se forma à l'aide des dents de la créature.
      L'homme a la mallette comprenant que son sort est scellé sourit à son tour.
《- Toi et tes congénères… vous n’atteindrez jamais votre but…on vous en empêchera… Jura la victime en postillonnant sa salive et son sang sur le visage de la créature maléfique.

    -Nous verrons cela. Mais toi tu ne seras plus là pour le voir. Une voix rauque et extrêmement  grave sortit de la gorge du monstre. On aurait dit des grognements auxquels on pouvait associer des mots aux sons produits.》
La grande main droite de l’être malveillant se recula, et puis son index déjà bien assez longs, commença à encore plus s'allonger et sa griffe à s'agrandir et s'endurcir. L'homme a la mallette prit une grande inspiration et au moment où le doigts mortel de la créature fonça vers son cœur il ferma les yeux. La douleur causée par le choque fit gémir notre homme. Quand la créature retira son doigt et le laissa tomber, il s’écrase au sol.
    Se sentant mourir, l'homme à la mallette ouvre une dernière fois les yeux, éblouit par la lumière d'un lampadaire dans la rue adjacente, il y voit dans une illusion sa femme et sa fille se tenant la main, le regardant, et l’appelle à le rejoindre. Une larme silencieuse coule le long de l’arrête de son nez, s'excusant sans arrêt dans ses pensées auprès de sa famille. Puis ses pupilles finissent par se dilater et un dernier nuage de buée sort de sa bouche et vient se heurter sur le torse de la créature maléfique prête à le dévorer.
    
     Des bruits d'os qui se brisent, de succions, de déglutitions généreuses se font entendre dans la ruelle. La créature démoniaque qui se régale des deux cadavres humains. Pour elle la chaire qu’elle dévore goulûment est un véritable régale et la satisfaction apportée par celle-ci indéfinissable.
     Une fois le repas terminé, la créature se redressa et inspira un grand coup. Puis se recroquevilla sur elle-même dans un tremblement rapide et régulier. Tellement rapide qu'on aurait dit une dissociation de la réalité à un tel point qu'on ne voyait pas les changements physiques de la créature. Quand celle-ci se redressa enfin, un magnifique jeune homme d’une trentaine d’années prit sa place. Brun avec une barbe de quelques jours extrêmement bien taillée, élancé et avec un air sur de lui il ajusta son long manteau. Le jeune homme se retourna avec un regard neutre sur les anciennes places où se trouvaient les corps morts. Il s'avança et prit la mallette si précieuse à l'homme à la mallette dans ses mains. Il sourit en la regardant sous toutes ses coutures, puis il ouvrit la bouche et bava dessus. Le cuir de mouton ne résista pas bien longtemps et commença à fondre. Satisfait de son travail le jeune brun jeta la mallette fondante dans une poubelle non loin. Puis disparu dans la nuit. 

Demon's HunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant