Préface

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Je suis encore réveillée à cause des cris de mes parents. Ils doivent probablement se hurler dessus une fois de plus. Ça fait 20 ans que ça dure, et je n'ai pas l'impression que ce soit aujourd'hui que cela risque de s'arrêter. C'est toujours la même chose, mon père s'acharne sur moi. Petite, il me hurlait dessus et me frappait pour n'importe quelle raison. Il trouvait toujours un prétexte. Pourtant quand les choses se calmaient et que cela faisait 2 jours au minimum qu'il ne me criait pas dessus; je me mettais à espérer que les choses allaient s'arranger. Je pensais qu'on allait enfin pouvoir arriver à construire une vraie relation père-fille. Même si je me sentais terriblement seule, j'espérais toujours. Ma mère ne prenait ma défense que lorsque mon père allait trop loin, du style, j'étais blessée ou il était trop dangereux. Mais il fallait vraiment que ça ait pris des proportions démesurées. Quant à ma soeur, elle se réjouissait de voir ce spectacle. Elle, c'était une vraie petite princesse aux yeux de mon père. Ça fait cliché de dire ça de cette manière et pourtant quand c'est cette réalité qui vous frappe, vous n'avez pas le moindre doute: c'est votre réalité, pas une fiction.

Ce n'est plus vivable. À notre dernière dispute, il m'a dit de 'ne plus l'appeler papa'. Cette phrase m'a fait plus de peine que toutes les fois où il s'énervait contre moi. Même si je ne comprenais pas ce comportement, j'éprouvais tout de même de la sympathie et du respect car c'est mon père. Mais visiblement lui, n'en a jamais eu pour moi. Avant j'avais peur de riposter, peur qu'il ne fasse plus de mal que d'ordinaire. Je pensais que tous les parents grondaient leurs enfants alors je ne disais rien. En grandissant, je me suis rendu compte que oui, tous les enfants se font gronder mais pas de cette manière et c'est à partir de là que j'ai compris que je ne méritais pas ce traitement, ni de lui donner ma sympathie ou mon respect.

Avec le temps ses paroles ne m'ont plus tellement atteintes, j'essayais d'ignorer et d'encaisser toutes les horreurs qu'il me disait. Il m'envoyait de force chez la psy en me disant que j'avais de sérieux problèmes. Mais la vérité c'est qu'il ne voulait pas admettre que c'est lui qui en avait. J'ai déjà vider mon sac et cela n'a servi à rien. 

Aller chez la psy m'a fait prendre conscience que tant qu'il ne se fera pas aider, rien ne changerait. 

À la fin du lycée j'avais même déménager chez mon oncle pour ne plus vivre dans cet enfer. Comme je n'étais pas là, je ne sais pas comment il faisait pour se défouler. Et dès que je rentrais en fin de semaine, ma soeur me reprochait de créer des problèmes alors que je restais dans mon coin. Je me suis alors mise à passer de plus en plus de temps chez mon oncle. J'avais fini par croire que si je ne rentrais plus tout irait pour le mieux. 

Et puis un an après je suis tombé gravement malade et j'ai dû rentrer chez moi. Mon oncle n'étant pas souvent là, ne pouvait pas s'occuper de moi. J'ai mis quasiment un an à guérir. 

Et nous arrivons à ce soir, où il y a encore des disputes. Ma mère m'a défendu car il est allé trop loin. Mais c'en est trop. 

C'est pourquoi demain matin, à la première heure, je partirais d'ici.


Far AwayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant