Chapitre 3

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L'annonce avait fortement intriguée Orphée qui ne cessait d'y penser depuis qu'elle l'avait vue. Qui pouvait bien citer Albert Cohen pour demander à ce qu'on l'accompagne au bal ?
Elle ne pensait pas ses camarades de classe aussi cultivés. En fait, elle savait qu'ils ne l'étaient pas. Quelqu'un avait du passer au travers de ses filets d'analyse.

- Bon on y va ?

Une fois de plus, elle s'était perdue parmi ses spéculations.

- Oui c'est bon. On va où ?
- Enfin ! Je pensais que tu ne me le demanderais jamais.

La rousse leva brièvement les yeux au ciel et passa sa main dans ses cheveux.

- Allez, partons avant que je ne change d'avis.

Les deux amies partirent donc en direction de la rue préférée de Maëlle : la fameuse rue du luxe comme elle aimait l'appeler.

Les deux jeunes filles arpentaient les rues, s'arrêtant devant chaque devanture pour que la brune puisse profiter de la beauté des vêtements haute couture.

Deux heures étaient déjà déjà passées et toujours pas de robe pour Orphée qui désespérait légèrement.
Soudainement, elle s'immobilisa. C'était comme une évidence : la robe qui lui faisait face devait être celle qu'elle allait porter.
Le doux tissu mauve pastel ondulait gentiment et désignait la rousse d'une manière incontrôlable, presque dangereuse.
La robe était longue, fendue à la jambe gauche et possédait un beau décolleté dorsal. Elle ne pouvait rêver mieux; aussi elle fonça l'essayer.

Bien entendu, elle lui seyait à merveille. Elle avait vraiment l'air d'avoir été faite sur mesures. Le col, bien qu'il eusse été rond, ne l'étranglait pas. Il lui donnait cette allure d'aristocrate première de classe qu'elle avait toujours cherché à fuir. Mais cette fois, ce coté innocent et pur l'attirait fortement. Le décolleté descendait jusque dans le bas de ses reins et affinait sa silhouette si bien qu'on aurait dit qu'elle sortait tout juste d'un magazine. Quant aux manches, elle étaient flottantes et la matière quasiment transparente laissait apercevoir les bras fuselés d'Orphée.

Même pour Maëlle il s'agissait d'une certitude :

- Tu vas prendre celle là.

Elle passa donc en caisse, paya l'habit qu'elle avait choisi puis repartit avec son amie.

- Bon et du coup on se retrouvera à quelle heure lundi soir ? demanda Orphée.
- Comment ça ?
- Bah on y va pas ensemble non?
- Hein ? Mais non. J'y vais avec Christian.
- Oh.. Je pensais que t'avais dit non à tous tes prétendants.
- C'est ce que j'avais fait mais finalement Christian est trop gentil. Je pense que je l'aime bien.
- Ah. Et du coup je fais comment moi ? J'y vais seule ?

Maëlle rit brusquement. Orphée était vraiment empotée de temps en temps.

- Non. Tu vas y aller accompagnée.
- Avec qui alors ?
- On va te trouver un cavalier, t'en fais pas.

Et alors que la brune lui fit un clin d'œil, elle se remit à penser à ce mot dans le corridor. Est-ce que quelqu'un allait répondre ?

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