{Chapitre 1}Elante a une langue BIEN trop pendue

27 1 10
                                    

PDV Edwin :

Je me réveillai dans une pièce humide et froide.

Une prison...

Après tout, j'aurais dû m'y attendre mais j'aurais préféré rester quelques jours sur l'île avant de me faire attraper.

Mes habits sont un peu gluants...

- De la bave !? m'écriais-je en enlevant mon T-shirt fendu en deux, qu'Obi aurait décrit comme une veste à l'envers...

- Élante ! s'écria une voix près de moi, ce petit farceur ! Tu dois être fort pour qu'Izala l'ait désigné pour t'amener ici.

Je suis tombé dans un asile ou quoi ?

- C'est une longue histoire, soupirais-je sans tourner la tête pour faire face à mon interlocuteur.

- J'ai tout mon temps !

Cette fois, elle se posta devant moi pour me faire face.

Une femme de 70 ans se tenait là, une bouteille vide à la main. Son corps était maigre, ratatiné et fatigué mais un peu svelte aussi. Soudainement, quelque chose me frappa : les traits de son visage s'étaient forcés à esquisser un sourire faux, tel un masque de fer derrière lequel se cachait une tristesse sans fin, et des larmes coulaient lorsqu'elle souriait.

Le froid me tira de mes pensées, me ramenant à la réalité, plus triste que les larmes glissant dans les rides de la femme en face de moi, ils avaient vu ma marque, j'avais été si bête...

J'aurais pu me faire une marque, me tatouer, me teindre les cheveux... Il m'aurait cru sur parole !

Il avait fallu que je repousse les choses en me cachant derrière mes amis, en leur cachant mon histoire, mon nom et mes intentions.

S'ils savaient...

Je grelottai encore une fois, me rendant compte que la « femme à la bouteille vide » me regardait à travers sa bouteille, tentant visiblement de savoir si j'étais aveugle ou si je l'ignorais.

- Comment vous êtes arrivée là vous ? demandai-je, irrité.

- C'est une longue histoire... répondit-elle en imitant ma voix avec une facilité déconcertante.

- J'ai tout mon temps ! répondis-je en prenant une voix âgée.

La sexagénaire esquissa un sourire, une nouvelle salve de larmes et de sanglots, et prit une grande inspiration :

- Avant j'avais un mari, il s'appelait Maco. Il était... Maco quoi ! Désagréable et toujours de mauvaise humeur, mais doux, gentil, attentionné, et attendrissant quand on le connaissait... Malheureusement il a été envoyé à la guerre et n'est plus jamais revenu. J'ai pleuré longtemps après puis j'ai commencé à boire. L'alcool me faisait oublier son absence alors j'ai continué. Maintenant, on m'envoie ici dès que je deviens saoule, pour pas que je fasse de conneries. A ton tour, mon garçon !

Elle avait pleuré, ses yeux étaient rouges et gonflés et des cicatrices apparaissaient sur son poignet. Moi aussi, je laissais une larme couler. Je serrai les dents :

- Je ne peux plus rien dire maintenant.

- Pourquoi ?

- Vous allez me détestez.

- Tu as l'air de le regretter alors parle et cesse de me vouvoyer.

- Je ne te dirais rien !

La Mémoire de la Terre {Tome 2 de la Terre Perdue}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant