Storgê - {Aruani}

8 ans.

— Ma chérie, réveille toi !

La voix douce de Armin brisait le silence ambiant de la chambre.

Annie avait enfin retrouvé son prénom. Elle ne faisait que le répéter en boucle de peur de l'oublier à nouveau. Des fois, elle disait même son prénom à voix haute en sachant pertinnement qu'il ne pourrait pas l'entendre.

"Armin"

La petite Laura se leva difficilement. Elle frotta ses petits yeux. Fatiguée, elle aurait aimé rester dans son lit bien chaud en ce mois d'octobre plutôt pluvieux. Armin alla ouvrir les volets de la petite chambre, laissant entrer un vent frais dans la chambre. Cela fit marmonner la petite fille, qui se cacha encore plus sous sa couverture.

Armin soupira en voyant Laura encore roulée en boule dans son lit. Ils allaient finir par être vraiment en retard tous les deux. Il décida donc de la porter avec sa couverture tel un petit sushi. Annie les regardait avec amusement alors que Laura entrouvrait à peine les yeux.

— pose moi par terre... Dit elle en baillant.

Sur le pas de la porte, Armin attacha la moitié de ses cheveux en un chignon très vite fait. Il mit ensuite les chaussures à sa fille ainsi que son manteau sans oublier de lui passer son sac.
En voyant la mine endormie de sa fille, Annie lui embrassa tendrement la joue comme pour lui donner l'énergie nécessaire pour commencer sa journée, à la manière d'un comrpimé de vitamine C.

— bonne journée !

Par ailleurs, elle fit aussi de même à son mari qui ne ressentait donc rien. Laura écarquilla les yeux. Annie rit légèrement en mettant son index sur ses lèvres pendant que le blond la questionait du regard.

— t'as vu un fantôme ou quoi ?

— non du tout !

Armin lui prit la main et l'entraina alors dans la voiture avec un léger sourire aux lèvres, amusé par sa réaction. Elle devait seulement être à moitié endormie encore, voilà tout. Il ne se doutait pas du tout qu'un espèce de fantômes se baladait dans sa maison.

Quant à Annie, elle les observait partir sur le pas de la porte comme tous les matins. Puis elle rentra dans la maison par les murs pour rejoindre la chambre de Laura. Elle attendait leur retour avec impatience en rangeant un petit peu la chambre de la petite fille.
La jeune femme dépoussiérait les meubles ou feuilletait les cahiers éparpillés sur le bureau de Armin. Quelques copies traînaient par ci par là. Elle admirait son écriture sur le coin des feuilles avec ses commentaires à rallonge. Lorsqu'elle était en vie, elle lui disait souvent qu'il aurait pu écrire un roman avec toutes ses remarques. 

Tout ces petits rangements était passés inaperçus pendant ces deux ans grâce à sa discrétion légendaire. Annie n'en faisait jamais trop, juste assez pour manifester sa présence sans pour autant que l'on puisse prendre peur.

Ça faisait bientôt deux ans qu'Annie était partie. Deux longues années. Laura manifestait des fois sa tristesse et le manque de sa mère par des questions comme :

" Pourquoi maman ne revient pas ?"

" C'est quand que je vais voir Maman ?"

" Est-ce qu'elle pense beaucoup à moi ? "

" Si je suis sa petite princesse, pourquoi elle ne revient pas ? "

Armin ne savait jamais quoi répondre. Des fois, il restait silencieux en regardant le sol comme un enfant qui se ferait gronder. Lui même avait envie de la revoir, ne serait-ce qu'une dernière fois. D'autres fois, il tentait de lui expliquer que ce ne sera pas possible de la revoir en utilisant des mots d'enfant.

Mais ces questions revenaient tout de même souvent, brisant le cœur d'Armin à chaque fois. Comment lui expliquer que l'amour de sa vie n'allait jamais revenir la voir ?

Pour sa part, Annie se contentait de la consoler, de lui faire réaliser qu'elle ne reviendrait pas mais qu'elle resterait toujours à ses côtés, dans son cœur.

Le jeune homme rajoutait aussi, sans le vouloir, que si Laura était bien sage, sa maman serait heureuse de là d'où elle est, même si la petite fille ne pouvait pas la voir en vrai.

En vérité, c'était les efforts à eux deux qui permettait à la petite fille de mieux accepter la réalité et ainsi, de grandir à son rythme.

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